La Fédération Wallonne de l’Agriculture a appris par la presse le mercredi 9 janvier, que deux sangliers positifs au virus de la peste porcine africaine avaient été abattus par des chasseurs à l’ouest au sein de la zone d’observation renforcée. Cette découverte démontre que l’épidémie poursuit son extension vers la France. Elle provoque aussi de sérieuses inquiétudes parmi les éleveurs porcins du pays.

Yvan Hayez

Le mardi 8 janvier, deux sangliers abattus par des chasseurs dans la zone d’observation renforcée (entre Meix et Sommethonne), ont été déclaré positifs à la Peste porcine africaine.

Le 11 janvier, le Ministre Collin a annoncé par conférence et communiqué de presse, que la zone tampon était étendue de 3700 hectares vers l’ouest. Les mesures concernant la zone tampon ont, quant à elles, été conservées, à savoir:

- interdiction de chasse, de nourrissage et de circulation

- exploitation forestière uniquement sur base de dérogation individuelle, réservée aux professionnels.

 

Les recherches systématiques de cadavres de sangliers ont été intensifiées et se poursuivent dans cette zone ainsi que dans la zone d’observation renforcée. La zone de vigilance au nord du périmètre de la zone infectée, où aucun sanglier n’a été trouvé, a été étendue de 856 hectares. Dans cette zone comme en zone d’observation renforcée, une dépopulation totale des sangliers a été décidée.

Parmi les autres dispositifs, notons aussi le renforcement de la destruction des sangliers par piégeage, la pose d’un réseau de clôtures supplémentaires ainsi que des patrouilles de nuit organisées par le DNF en collaboration avec les chasseurs. Notons également que le DNF a pour consigne de procéder à des tirs en plaine et des abattages sanitaires dans la zone d’observation renforcée.

Cette nouvelle extension de l’épidémie amplifie l’inquiétude des éleveurs porcins de notre pays. Le lecteur de Pleinchamp trouvera dans la présente édition, un excellent article rédigé par les soins d’un éleveur de la zone, qui traduit très bien le ressenti qu’il partage avec ses collègues de la région.

Le fait que les nouveaux cas découverts soient très proches de la frontière française fait craindre une extension de l’épidémie vers la France, ce qui serait catastrophique pour le secteur porcin européen dans son ensemble.

Ce qui est clair, c’est que le Ministre français de l’Agriculture; Didier Guillaume, a bien perçu ce danger, puisqu’il s’est rendu sur place vendredi. Après avoir tenu deux réunions à Sedan, l’une avec les chasseurs et les services agricoles, et l’autre avec les élus locaux et les acteurs de terrain français pour faire le point sur l’évolution de la maladie, il a traversé la frontière pour venir à la rencontre du Ministre Collin et se rendre compte sur place des mesures déployées par notre région pour faire face à cette crise. Les deux Ministres ont exprimé leur volonté commune de travailler dans un esprit de parfaite collaboration et d’échange d’informations.

Cette lutte commune doit se faire dans le cadre d’une task force mise en place dès ce 14 janvier, avec des échanges de données tous les deux jours (plus de détails dans la présente édition, sous la plume de MF.Vienne).

Depuis le début de la crise, nous prônons une communication transparente et rapide, et une pleine collaboration entre les divers acteurs concernés. Dès l’annonce dans la presse de la découverte des nouveaux cas, la FWA a exprimé, via communiqué, son insatisfaction, que cette information n’ait pas été communiquée en priorité aux représentants des éleveurs porcins.

Les mesures prises par le Ministre Collin sont actées positivement par le secteur, même si leur nécessité avait été relevée par nos soins il y a déjà plusieurs semaines.

L’extension de la contamination ne fait que renforcer la pertinence de notre revendication d’abattre 80% des sangliers au sud du sillon Sambre et Meuse et une éradication totale au nord. Pour ce faire, nous exigeons du Ministre Collin qu’il mette en place des mesures contraignantes et ne se contente plus de mesures incitatives. De même, et à la lumière de l’évolution de cette crise, nous sommes de plus en plus convaincus que la communauté des chasseurs ne pourra résoudre le problème à elle seule. Il semble que les autorités publiques wallonnes aient enfin reconnu ce fait, puisqu’une centaine d’agents du DNF seront désormais impliqués activement dans l’élimination des sangliers dans la zone contaminée. Par ailleurs, la littérature scientifique atteste du lien étroit entre la concentration de la population et la propagation de la maladie, c’est pourquoi des mesures additionnelles de réduction des populations de sangliers doivent donc être prises sans délais sur l’ensemble du territoire wallon.

A défaut d’initiatives régionales qui aillent dans ce sens, nous envisageons de faire appel à un autre niveau de pouvoir, et ceci avant que les autorités européennes, de par l’internationalisation de la crise, ne prennent des mesures encore plus radicales à l’égard de notre région qui serait alors désavouée, de par son incapacité à régler le problème.

La FWA reste mobilisée sur ce dossier tant sur le plan politique qu’auprès des éleveurs concernés, et continue à dénoncer la gestion hasardeuse de ce dossier par tous les moyens qu’elle juge utiles.