Un mois s’est écoulé depuis la rentrée, et pourtant celle-ci semble déjà bien loin. L’actualité touffue tant au niveau politique wallon qu’au sein de nos structures, nous a déjà largement replacés dans un rythme de travail soutenu, tout comme les agriculteurs qui effectuent leurs travaux de début d’automne.

La semaine dernière, la FWA a réuni son conseil général pour une soirée riche en discussions et en informations. La déclaration de politique régionale, la future PAC, et l’actualité des secteurs au travers du travail de nos commissions FWA, ont occupé une large part des débats de la soirée.

José Renard

A l’occasion du tour des sujets de l’actualité agricole du moment, un sujet s’est imposé comme particulièrement alarmant. C’est la santé économique du secteur de la viande bovine, dont on a pu objectiver les difficultés au travers d’un exposé approfondi s’appuyant sur les chiffres des comptabilités de gestion donnés par le CGTA. Le bilan financier des exploitations bovines, et en conséquence le revenu des éleveurs, atteignent un niveau inquiétant. La commission « productions animales » de la FWA va bien sûr poursuivre son travail et analyser ces chiffres en profondeur, mais on peut déjà pointer une série d’éléments qui ressortent de façon évidente à la première lecture des chiffres. Les exploitations bovines souffrent d’une érosion des prix, couplée à une hausse constante des coûts de production, et en particulier des charges opérationnelles, dont les coûts de l’alimentation. La disparité des résultats d’exploitation est, elle aussi, préoccupante. La forte dépendance du secteur aux aides européennes n’est, par ailleurs, pas soutenable, en particulier face aux incertitudes qui continuent à planer sur le budget et les orientations de la future PAC.

Il n’était pas besoin de ces chiffres pour faire ce triste constat : nous connaissions déjà la fragilité extrême de ce secteur essentiel de notre économie agricole. Toutefois, les chiffres présentés permettent de mieux percevoir à quel point la situation est sensible, et surtout, nous offrent l’occasion de confirmer une série de pistes sur lesquels nous devons porter toute notre attention.

En premier lieu, il est clair qu’un travail de développement des filières doit être réalisé. Sans une meilleure maîtrise de la commercialisation, nous ne pouvons espérer améliorer l’économie de nos exploitations d’élevage viandeux.

Ce n’est évidemment pas un constat neuf pour la FWA. Nos services ont notamment travaillé durant de longs mois à la révision de l’arrêté du Gouvernement wallon portant sur le classement des carcasses, parvenant à force d’insistance à faire prendre en compte la quasi-totalité de ses revendications. Cet arrêté, adopté en seconde lecture au mois d’août, est en ce moment soumis au conseil d’état. En toute logique, cet arrêté devrait aboutir, et prendre ses effets, prochainement.

La FWA s’est aussi attachée à faire avancer le dossier de la reconnaissance d’une IGP (indication géographique protégée) pour notre Blanc Bleu Belge. Récemment, nos services ont travaillé à donner à la Commission européenne tous les apaisements au sujet des méthodes d’élevage pratiquées en BBB dans nos exploitations, et de l’attention portée par les éleveurs au bien-être du bétail.

En permanence, la FWA travaille également à promouvoir l’image du secteur tant vis-à-vis du public que des médias. Dernièrement, nous avons participé au lancement de l’initiative «European livestock voice", née d'une volonté des éleveurs européens de combattre les mythes et les préjugés sur l'élevage... 

A une échelle plus large, le travail de sensibilisation réalisé par la FWA au sujet des accords Europe-Mercosur, en collaboration avec une organisation représentative de l’agriculture familiale au Brésil, a permis d’attirer l’attention des médias et des politiques sur les conséquences néfastes qu’ils auraient s’ils devaient être adoptés et appliqués en l’état tant sur le secteur bovin que sur d’autres pans de notre économie agricole wallonne.

En s’appuyant sur ses services et sa commission « productions animales », la FWA entend bien continuer son travail de recherche et de mise en place de solutions pour aider le secteur à sortir de la crise dans laquelle il est plongé. Ce n’est pas en rêvant de l’apparition d’une solution miracle, mais bien, nous en sommes convaincus, par la multiplication d’outils très concrets et une attention constante à toutes les pistes existantes permettant de renforcer le marché, que nous pourrons y parvenir. Parmi ces outils, un rééquilibrage des relations entre la production et l’aval de la filière est plus qu’urgent et nécessaire. La FWA y travaille avec énergie.