Greenpeace sort ce 5 février une étude consacrée à l’avenir de l’élevage en Wallonie. Sous-titrée « un cheptel réduit au profit du climat, de l’environnement et du bien-être animal », elle part du postulat que l’élevage wallon tel qu’il existe aujourd’hui est nuisible sur ces divers aspects. La Fédération Wallonne de l’Agriculture veut rappeler qu’alors que l’élevage est responsable de 14.5% des GES au niveau mondial, il ne représente pour ce qui concerne l’élevage wallon, que 4% seulement des GES belges.

Une remise en perspective s’impose face à un rapport partisan et démontrant une méconnaissance profonde des réalités de notre agriculture, qui consciente de l’importance d’aller vers toujours plus de durabilité, l’intègre dans ses pratiques.

 

Le rapport de Greenpeace qui sort ce mardi 5 février analyse les perspectives d’avenir de l’élevage wallon, selon l’organisation environnementaliste. A la lecture des premiers éléments de celui-ci, la FWA tient à réagir en rappelant quelques éléments qui semblent avoir été totalement ignorés par les rédacteurs de l’enquête.

Notre agriculture wallonne est familiale (85% de la main d’œuvre agricole est prestée par les membres de la famille). La taille moyenne de nos exploitations wallonnes est de 57 hectares. L’élevage wallon est lié au sol, et la densité d’animaux autorisés par hectare ne peut pas dépasser deux unités. Nous sommes donc TRÈS loin d’un modèle industrialisé, et des fermes-usines que Greenpeace pointe du doigt dans son rapport.

L’agriculture wallonne est responsable de 13% des GES de notre région, dont la moitié environ est imputable à l’élevage. C’est moins que l’élevage seul à l’échelle mondiale (14.5%) ! Cela démontre que notre agriculture, avec son modèle familial et lié au sol, est nettement plus favorable que celle que l’on pratique ailleurs dans le monde.

Greenpeace conclut son rapport avec une série de recommandations qu’elle entend relayer pour influencer les orientations de la future PAC. Ces recommandations sont une éclatante démonstration d’une méconnaissance totale du fonctionnement de notre modèle agricole et du cadre légal dans lequel il fonctionne.

 

QUELQUES EXEMPLES…

 

  • Pas de subventions aux fermes usines

Revenons sur la mention des fermes-usines, dont nous avons déjà expliqué plus haut qu’elles ne correspondent pas à ce qui est pratiqué dans notre région. Des milliers d’animaux dans des usines ? Vraiment ? Voici un graphique du SPF Economie :

Image retirée.

 

  • Réduire la production et en augmenter la qualité :

Greenpeace suggère une extensification de l’élevage et la réduction de l’usage des antibiotiques au strict minimum. Sur l’extensification de l’élevage, nous avons déjà répondu ci-dessus. Sur l’usage d’antibiotiques, le rapport de l’Amcra annonce que depuis 2011, l’usage d’antibiotiques dans l’élevage a baissé de près de 26%. Les antibiotiques critiques ont chuté de 84%, et l’usage de complément alimentaires contenant des antibiotique de plus de 66%.  Et le travail continue dans nos exploitations pour encore renforcer cette tendance !

 

  • Renforcer le soutien à l’agriculture biologique et à la culture de fruits et légumes.

Pas de problème ! Chaque production locale mérite d’être soutenue, chaque mode de production a sa place. Par contre, l’idée de réduire l’aide à la production de fourrages est si absurde qu’elle en est risible. Aider les agriculteurs à renforcer leur production fourragère, leur permettre d’être plus autonomes, et de réduire le recours à des aliments pour le bétail importés, c’est la meilleure chose à faire pour rendre notre élevage ENCORE plus durable. Pourquoi Greenpeace propose le contraire ? Mystère !

  • Les aides PAC doivent être conditionnées au respect des règles environnementales européennes

Sérieux ? C’est le cas depuis des années, cela s’appelle la conditionnalité. Tout manquement au respect des normes européennes traduites (souvent de façon plus sévère d’ailleurs !) dans les législations wallonnes est passible de la perte d’un pourcentage significatif des aides PAC pour l’agriculteur fautif. Ces sanctions peuvent porter sur des manquements en matière de normes environnementales, sanitaires ou de bien-être animal.

Et si on essayait plutôt d’être aussi sévère avec les productions agricoles importées ?

  • Renforcer l’axe environnemental de la PAC

Outre la conditionnalité déjà mentionnée plus haut, la PAC actuelle comporte déjà un volet qui recouvre plus de 30 % du budget des aides qui s’appelle le verdissement : il n’est versé aux agriculteurs que s’ils démontrent leur recours à une série de mesures favorables à l’environnement.

  • Consacrer la moitié du budget PAC à la santé, au climat et à l’environnement

Via la conditionnalité, la sévérité des normes européennes sur les plans sanitaire et environnemental, à la lecture des chiffres de notre impact climatique, au travers des résultats exceptionnels des contrôles de l’AFSCA dans nos fermes (près de 98% des contrôles débouchent sur un rapport positif), l’agriculture wallonne démontre chaque jour son impact positif dans tous ces domaines. Notre élevage, lié au sol, permet la conservation et l’entretien des prairies, qui constituent des puits de carbone d’une efficacité démontrée. Nos secteurs sont interdépendants : pas d’élevage possible sans cultures, ni de culture sans élevage. Notre agriculture est basée sur l’économie circulaire qu’elle pratique depuis des siècles. Les effluents d’élevage engraissent nos terres, les productions végétales et leurs co-produits nourrissent le bétail.

  • Soutenir les petits exploitants plutôt que l’agriculture industrielle

C’est d’accord, merci Greenpeace ! 57 has, moins de 60 vaches par ferme… c’est ce genre d’agriculture que vous voulez ? Parfait ! Soutenez donc l’agriculture wallonne telle qu’elle est pratiquée aujourd’hui.

 

Pour conclure, dans la foulée, pour atteindre cet objectif, il est important d’inclure dans la notion de durabilité, outre l’environnement, les deux autres piliers sans lesquels la durabilité n’est pas complète:

- le pilier social : derrière ces chiffres, ces fermes, il y a des hommes et des femmes qui travaillent chaque jour pour produire une alimentation de qualité !

- le pilier économique : si l’on veut conserver le caractère familial de notre agriculture, l’existence sur notre territoire de fermes de taille raisonnable, il est impératif de soutenir notre modèle agricole et de renforcer le revenu des exploitants.

Sans cela, c’est en effet vers un agrandissement des fermes, une perte de la confiance de nos consommateurs envers leur agriculture qu’on se dirige. Ce n’est pas, selon la FWA, la bonne méthode pour renforcer notre durabilité !