Comme annoncé lors de l’inauguration de notre stand à la Foire de Libramont fin juillet dernier, José Renard a pris la direction de notre organisation ce lundi 2 septembre. Voici donc le moment venu de faire les présentations, si besoin en est tant il est connu auprès du secteur et de ses acteurs... Il nous parle ici de son long et riche parcours au service du secteur agricole, mais aussi des défis qu’il entend relever à l’avenir. Le tout sur fond de passion pour la cause agricole.

José Renard, qu’est-ce qui vous a poussé à postuler pour la fonction de Secrétaire Général de la FWA?

Plusieurs éléments m’ont amené à poser ma candidature. J’en ciblerai un en particulier: permettre à ma fibre agricole de s’exprimer, avec en toile de fond cette envie de me mettre au service au secteur sous un autre angle que les fonctions que j’ai exercées jusqu’à présent.

Pouvez-vous justement revenir sur votre riche parcours?

Je suis né dans une petite ferme sur les hauteurs de La Roche-en-Ardenne, il y a 59 ans. Mes parents rentraient des gerbes d’avoine ce jour-là. J’ai passé mon enfance et ma jeunesse dans un environnement au sein duquel on pouvait trouver des vaches dans quasiment toutes les maisons du village. J’ai ensuite été amené à quitter mon village natal pour Gembloux, le temps de mes études d’ingénieur agronome à la faculté.

Mon diplôme en poche, j’ai enseigné 6 ans dans l’enseignement général, en chimie et en biologie notamment.

Je suis alors entré au Ministère National de l’Agriculture, où je me suis occupé de la PAC et de tous ses aspects transversaux. Cela m’a permis de participer aux travaux du Comité Spécial Agriculture mais aussi de suivre les travaux du Conseil des Ministres de l’Agriculture. Grâce à cela, j’ai connu les réformes successives de la PAC depuis Mc Sharry en 1992.

Promu directeur en 1997, j’ai eu l’occasion de participer à différents travaux sur les réformes de l’Etat et le transfert progressif de la compétence agricole vers les Régions.

En 2002, je signe mon transfert à la Région wallonne, à une époque qui correspond à la grosse vague de la régionalisation de l’agriculture. Dans ce cadre-là, je suis aussi devenu, en alternance avec un homologue flamand, porte-parole de la Belgique au Comité Spécial Agriculture. Ce comité se compose de hauts fonctionnaires des Etats membres de l’Union Européenne et prépare les travaux du Conseil des Ministres pour le 1er et le 2eme pilier de la PAC. Entre-temps, j’ai également été promu inspecteur général au Ministère de la Région Wallonne, devenu SPW.

En 2013, le Gouvernement Wallon m’a désigné en tant que Directeur général ad interim puis faisant fonction de la DGO3, fonction que j’ai exercé jusque mai 2015. Et le 1er juin de la même année, je réponds à l’invitation de René Collin à le rejoindre en tant que chef de cabinet adjoint, responsable de la cellule agricole notamment. Cette mission s’est terminée fin de semaine dernière, et me voici donc à la FWA, après avoir satisfait à la procédure de recrutement.

Votre ancrage agricole semble fort…

En effet ! D’abord en tant que fils et frère d’agriculteur, mais aussi grâce à ma formation d’ingénieur agronome. J’ai l’agriculture dans le sang depuis toujours, avec une forme de curiosité naturelle à l’égard de tout ce qui concerne le secteur.

 

Quels sont, selon vous, les grands défis auxquels le secteur devra répondre à l’avenir ?

Je vois quatre grands défis: le revenu agricole, le défi climatique, le renouvellement des générations et l’image de l’agriculture.

Au niveau du revenu agricole, il en va de la durabilité des exploitations. Il est impératif que les agriculteurs en tirent un revenu décent. Je trouve par exemple anormal que des exploitations techniquement performantes soient mises en difficulté par la volatilité des marchés et des prix.

Le défi climatique est également primordial. Pas besoin de faire un dessin: qu’il s’agisse de sécheresse ou d’excès de précipitations, les évènements climatiques sont de plus en plus réguliers et de plus en plus intenses. Si l’agriculture est source d’émission de gaz à effets de serres, je tiens à rappeler qu’elle a su diminuer significativement son impact à ce niveau. Et je veux souligner que les agriculteurs sont également les victimes de ces changements climatiques. Sans oublier, et c’est peut-être le plus important, que le secteur agricole fait partie des solutions, notamment par la fixation de carbone dans les sols agricoles, les prairies permanentes en particulier et par la production d’énergie renouvelable.

Conçernant le renouvellement des générations, il est fondamental d’offrir aux jeunes des perspectives attractives. Avec toute une série de questionnements liés par exemple à l’installation hors cadre familial, mais aussi à de nouveaux types d’agriculture. Il faudra faire preuve d’ouverture.

Et puis, il y a l’image de l’agriculture, et toute la communication autour d’un secteur qui apparaît parfois comme superflu aux yeux des citoyens. Il y a vraiment un gros travail à faire, par le biais d’une communication plus proactive. Il faut davantage montrer ce que les agriculteurs font. On sent d’ailleurs que le citoyen est demandeur. Il faut donc en profiter pour rétablir du lien et du liant entre producteurs et consommateurs, d’autant plus que nous pouvons être fiers de nos productions wallonnes.

 

Et la FWA, à quels défis devra-t-elle répondre?

Ils sont bien entendu étroitement liés aux quatre défis que je viens de développer. La FWA a un rôle majeur à jouer pour tous ces défis, et il conviendra de porter des solutions avec conviction en externe.

Dans l’immédiat, il y a également les discussions liées à la future PAC, avec l’objectif d’arriver à un positionnement qui soit entendu.

En interne, la maison a connu quelques turbulences, et j’aimerais ramener de la sérénité, au service d’un personnel qui peut se montrer fier de son travail, au même titre que nos mandants peuvent se montrer fier de représenter la FWA.

 

Pour conclure, quelles sont selon vous les richesses de notre organisation?

Il y a tout d’abord le fait d’être une structure généraliste, qui s’adresse donc à l’ensemble des agricultures pratiquées en Wallonie. Il s’agit d’une force considérable.

Il y a ensuite structure d’élus qui reste donc dirigée par les personnes à qui elle s’adresse.

Je pointerai encore une fois la qualité du travail fourni par le personnel de la maison, et enfin le fait que la FWA soit considérée comme un interlocuteur crédible. Un état de fait qu’il conviendra de cultiver et de développer!