Est-il encore nécessaire de vous la présenter ? La première à qui nous avons tendu le micro n'est autre que Marianne Streel.
Côté personnel
Née à Rocourt le 2 aout 1967, jour où son papa avait décidé de réparer la toiture de l'exploitation familiale, notre interlocutrice aux 3 seconds prénoms (Florentine Philippe Marie), nous raconte amusée qu'elle n'a pas de surnom - à sa connaissance - mais que ses enfants l'appellent parfois "Madame Thatcher" pour l'embêter affectueusement.
À la question de connaître ses fonctions, notre dame répond fièrement : "Je suis Présidente de la FWA et je gère mon exploitation agricole !". Nous nous devons de l'ajouter, Marianne Streel est la première femme à occuper le poste de Présidente de la Fédération.
Plus jeune, notre Présidente admirait beaucoup sa tante, la soeur de sa maman, qui était infirmière de bloc opératoire, car : "elle me paraissait parfaite, de par son métier d'infirmière qui la levait tôt le matin et donc son éthique de travail mais aussi son apparence toujours irréprochable malgré le lever au chant du coq. J'adorais dormir dans sa chambre quand j'allais chez mes grands-parents en étant plus jeune."
Son premier lien avec l'agriculture ? Elle est tombée dedans en étant petite, comme dirait un célèbre personnage de bande dessinée : "Mon premier lien avec l’agriculture, c’est d’être née dedans ! Mon papa est mon premier lien avec l’agriculture, étant agriculteur." C'est donc tout naturellement que Marianne Streel nous répond à la question "avez-vous un animal totem ?" : "Non ! mais je dois dire que je trouve les vaches merveilleuses. Quelle que soit la couleur de leur robe, j’adore les vaches ! C’est réellement vrai. Le regard des vaches, je ne peux pas l'expliquer mais je trouve que cela en fait un très bel animal" nous confie cette amoureuse de l'agriculture qui nous a également révélé ses aspects préférés du milieu qu'elle chérit tant. "Ce que je préfère dans l’agriculture, c'est le lien avec la nature, les saisons et l’évolution de la production tant végétale qu’animale, de la graine à la récolte et du veau au taureau." Revivre à chaque fois l’évolution des plantes ou de l’animal sont des choses qui animent notre interlocutrice. Et de poursuivre : "ce que j’aime vraiment beaucoup, c'est que tous les jours de la vie sont différents en agriculture, tant les cycles animaux que végétaux, notre vie aussi en tant qu'agriculteurs. J’adore cette diversité !"
Si ses casquettes professionnelles sont multiples, notre Présidente a également des talents cachés, en art floral notamment : "À 40 ans j’ai pris des cours d’art floral et j’en ai donné également." Mais aussi, souligne Marianne : "Bien que je sois disponible pratiquement 24h sur 24 et 7 jours sur 7, je peux aussi me couper totalement du monde avec un bon livre ou de la musique avec un rayon de soleil". Notre Présidente nous glisse également que sa madeleine de Proust est "l’os à moelle au four ! avec grande modération. On mangeait cela aux apéritifs du dimanche sur une tartine grillée à la place des chips, préparation de ma maman !"
Côté professionnel
Bien que baignée dans l'agriculture dès son plus jeune âge, Marianne Streel a tout d'abord entamé sa carrière professionnelle dans une étude notariale avant de retourner à ses racines : "J’ai décidé de travailler dans l’agriculture à partir de mon premier mariage, mon mari est devenu agriculteur et quand il est décédé, j’ai décidé de reprendre son exploitation car c’était dans mon sang, étant du milieu. C’était aussi une façon d’avoir l’impression de continuer notre projet et de faire vivre Michel malgré qu’il ne soit plus là. C’est un choix que je n’ai jamais regretté. Mes grands-parents, oncles et tantes étaient tous agriculteurs et travaillaient en association avec mon papa, je considère que le métier faisait partie de moi dès le départ. Ca fait partie de nous en tant qu’enfants d’agriculteurs. C’est aussi un beau métier, de par son lien unique avec la nature."
"Mon travail dans l’agriculture c’est, malheureusement et depuis que j’ai du quitter les bâtiments de ferme et me séparer du matériel, prendre les décisions et m'occuper du côté administratif", regrette quelque peu notre interlocutrice avant de poursuivre : "c’est aussi avec Gilles mon mari, voir ce qui est fait et surveiller ce qui doit l'être. Gilles qui est ma roue de secours depuis que je suis à la FWA pour tout ce qui doit être fait sur l’exploitation. Et bien sûr, en tant que Présidente FWA, je défends et représente nos agriculteurs !"
L'idole agricole de Marianne Streel n'est autre que son pendant français en la personne de Christiane Lambert, Présidente à la fois du COPA et de la FNSEA : "parce c’est une petite bonne femme dynamique, déterminée, qui dit les choses et consacre sa vie à la cause agricole" sourit notre Présidente.
La femme et l'agriculture selon Marianne
À la question "Quel est le rôle de la femme dans l’agriculture selon vous ?", Marianne Streel répond fermement : "Le même rôle exactement que celui d’un homme ! Chacun ses talents et sa personnalité. La complémentarité est ce qui fait la force des deux. Former une équipe est important mais toute femme ou tout homme a les capacités pour travailler en agriculture. C’est une question d’adaptation. Il n'y a pas de différence entre hommes et femmes pour moi." Et c'est d'ailleurs pour cela que notre interlocutrice estime que la femme n'a pas d'image particulière en agriculture car "on a toutes notre personnalité. C’est la diversité de ce qu’on est qui fait notre personnalité. Le portrait de chacune et notre diversité, c’est ça la grande chance de l’agriculture. Cela ne se résume pas à une simple image."
Pour Marianne Streel, le défi qui se dresse face aux femmes dans l'agriculture est davantage d'obtenir "une reconnaissance et visibilité accrue dans le monde extérieur par rapport au travail fourni par les femmes dans nos exploitations agricoles, elles sont toujours impliquées dans la vie à la ferme. La reconnaissance de la réalité du travail fourni, c'est important" plutôt qu'une question de nombre d'agricultrices car comme le souligne Marianne, "nous sommes de plus en plus nombreuses, bien qu'encore minoritaires en tant que cheffe d'exploitation".
Pour le mot de la fin, notre Présidente nous parle de ce qui fait la force de la femme en agriculture : "Je me répète mais pour moi, être une femme ou un homme ne change pas grand-chose. C’est plutôt la capacité générale à gérer les problèmes quotidiens qui se posent dans notre métier qui prime. Qu’on soit une femme ou un homme. Ces notions de genre n’ont jamais eu d’importance pour moi dans la vie. C’est très ancré en moi depuis toujours".