S’il y a bien un métier dans lequel on croise de plus en plus de femmes, bien qu’elles soient encore très (trop) peu nombreuses, c’est bien celui de vétérinaire rural. En cause ? Des horaires compliqués, un travail plutôt physique, surtout lorsqu’il s’agit de procéder à une césarienne, et un secteur qui, reconnaissons-le, peut parfois avoir encore quelques réticences lorsqu’il s’agit de confier ce type de tâches à une femme.
Olivia Leruth
C’est pourtant le domaine qu’a choisi Mathilde, vétérinaire rurale dans la région de Bastogne, véritable fief de l’élevage bovin en Wallonie. Bien loin des clichés qui voudraient qu’une femme se consacre aux tâches plus « douces », Mathilde ne jure que par les bovin, et plus récemment les ovins et caprins. « Sans doute parce que je suis la plus petite » s’amuse-t-elle « …mais j’adore ça ! On est plus entre la médecine rurale et la médecine d’animaux de compagnie, et ça me change, c’est toujours avec plaisir que je vais faire un agnelage ».
Car s’il y a bien quelque chose qui lui fait aimer son métier, c’est la variété des tâches à accomplir : « Sur une journée où je ne suis pas de garde, comme aujourd’hui par exemple, je suis venue plâtrer un veau, j’ai 70 vaccinations qui m’attendent, et je ne sais jamais comment le reste de la journée va se passer ! ».
Être une femme, pas forcément un frein
A la question de savoir si son statut de femme est plutôt un atout ou un frein dans le métier, Mathilde n’a pas besoin de réfléchir longtemps pour expliquer : « Au départ ca a été plutôt un frein, avec mon ancienne collègue, nous étions les premières femmes dans la région, qui est très rurale, c’était difficile pour certains de nous faire confiance. » raconte-t-elle. « Mais avec le temps, c’est plutôt devenu un gros atout, je ne sais pas si c’est l’instinct maternel, mais je les agriculteurs apprécient la manière dont je m’occupe des veaux, surtout en neonat. Je m’en inquiète plus. »
Son autre point fort dans son travail, c’est à coup sûr l’organisation, une qualité qui est particulièrement appréciée des…. femmes des éleveurs. « Elles savent qu’avec moi, on suit un plan, elles savent comment ça va se dérouler. »
Des éleveurs bienveillants
Pour faire face à la pénibilité du métier, elle peut également compter sur la bienveillance de ses clients, qui s’est manifestée assez rapidement et naturellement dès ses débuts dans le métier « Certains ont commencé à installer des pallants ou des cages de vêlages, à lier systématiquement les vaches » explique-t-elle. « J’ai l’impression qu’ils ont peut être un peu plus peur pour moi que pour un homme, ils me protègent sans doute. En tout cas , ils font tout pour améliorer les conditions physique pour mon gabarit. »
Des petites attentions qui ont leur importance quand la jeune femme peut enchaîner, les jours de garde en plein pic de vêlage, jusqu’à 18 césariennes sur 24h. « Là, ça reste vraiment compliqué, surtout quand on n’a pas l’occasion de dormir ». Mais Mathilde ne risque pourtant pas de se décourager, et tient à son métier et aux éleveurs avec qui elle travaillent qui sont parfois devenu pour elle presque une seconde famille. « Le rapport avec le client n’est pas du tout le même qu’en petits animaux. On se voit presque tous les jours, on finit par devenir vraiment proches de certains éleveurs. »