Alors que la crise du Covid-19 a mis en lumière la complexité des échanges commerciaux avec de multiples interactions en matière d’approvisionnement, la Commission Von Der Leyen négocie actuellement un accord de libre-échange avec la Nouvelle-Zélande, avec en première ligne les produits laitiers.

 La pandémie du Covid19 a fait prendre conscience de l’importance du rôle l’agriculture, activité essentielle garante de notre autonomie alimentaire. Cette prise de conscience rend notre incompréhension d’autant plus grande à l’égard de ces négociations, menées dans la plus grande opacité, et pour lesquelles le secteur agricole servirait une nouvelle fois de variable d’ajustement !

Le secteur laitier est un secteur sensible et essentiel au niveau européen et belge. Au plan mondial l’UE occupe une place de leader, en tant qu’exportateur mais aussi d’importateur de produit laitiers.

La valeur ajoutée dégagée par le secteur est croissante et ce secteur constitue un pilier essentiel l’industrie agro-alimentaire européenne et belge. Mais, tout cela repose sur un équilibre entre l’offre et la demande qu’il est essentiel de préserver au maximum.

Or, les conditions de production, notamment pour des raisons climatiques, sont complètement différentes et confèrent déjà à la Nouvelle-Zélande un avantage compétitif certain.  S’ajoute à cela un avantage géographique qui renforce la position concurrentielle à l’exportation de la Nouvelle-Zélande sur le marché asiatique, principale zone d’expansion commerciale en termes de consommation de produits laitiers au niveau mondial.

Un accord de libre-échange avec la Nouvelle-Zélande intégrant le secteur laitier va donc inévitablement fragiliser le marché des produits laitiers européens en perturbant les flux d’approvisionnement et les équilibres offre et demande dans différentes catégories de produits laitiers.

Des contingents tarifaires à droits réduits et voire même à droits nuls sont sur la table des négociations pour certains types de produits laitiers. C’est totalement inacceptable et la FWA s’y oppose fermement ! Rappelons que la Nouvelle-Zélande bénéficie déjà d’un accès facilité au marché européen dans le cadre de sa relation privilégiée avec le Royaume-Uni.

Pour le secteur bovin, les nouvelles concessions envisagées viendront mettre à mal les efforts de développement du secteur et d’augmentation de l’autosuffisance en Wallonie.

En outre, ces négociations entre l’UE et la Nouvelle-Zélande ont lieu alors que le champ des futures relations commerciales de l’après-Brexit entre l’UE et le Royaume-Uni n’est pas défini. L’issue de ces négociations sur le Brexit aura, en particulier pour les produits laitiers, un impact certain sur les relations commerciales entre les grands bassins de production au plan mondial.  

La FWA a directement réagi auprès du Ministre Borsus en charge de l’agriculture et du Ministre des Affaires étrangères Goffin posant la question de la prise en compte des effets cumulatifs de ces accords commerciaux bilatéraux à répétition (CETA, Mercosur, …) sur le secteur agricole.