La version 3 du Standard Vegaplan pour la production primaire végétale entre en vigueur en décembre 2019 (voir Plein Champs n° 42). Les exigences légales et extralégales relatives à la sécurité alimentaire, à la protection intégrée des végétaux (IPM), au développement durable et à l’accès aux marchés y ont été mises à jour.

Mathias De Backer et Brigitta Wolf 

Le certificat Vegaplan garantit que les produits livrés sont conformes à la législation en vigueur et aux exigences de qualité ; il a été déclaré équivalent au guide sectoriel G-040 par l'AFSCA. Cela signifie que l'agriculteur obtient un certificat combiné et peut bénéficier de la réduction sur la cotisation annuelle à l'AFSCA et de la fréquence réduite d'inspection de l'AFSCA si tous les groupes de produits sur son exploitation sont couverts. Plus de 16.000 agriculteurs en Belgique ont déjà fait le choix de bénéficier de cette valeur ajoutée.

Nous avons déjà évoqué les adaptations dans ce cahier des charges relatives à la protection intégrée des végétaux (IPM) et des exigences émanant du secteur. Cependant, la nouveauté principale se situe au niveau des exigences relatives à la qualité de l’eau utilisée pour les opérations pré-récolte et post-récolte.

La qualité de l'eau

Les chapitres « Irrigation » et « Eau de dernier rinçage, lavage ou transport » du Standard Vegaplan v2.0 ont été supprimés et remplacés dans la version 3.0 par le nouveau chapitre « Eaux utilisées pour la production primaire et les opérations connexes ». Les exigences y ont été reformulées et renvoient à une annexe qui propose les instruments permettant de les respecter. Cette annexe décrit l’identification des sources d’eau, l’analyse de risques requise et les normes auxquelles l’eau doit répondre. Les trois types d’eau répertoriés sont, par ordre croissant de qualité : l’eau propre, l’eau de qualité microbiologique potable et l’eau potable. L’eau propre doit respecter la valeur de max. 1000 ufc E. coli par 100ml. L’eau de qualité microbiologique potable doit provenir des eaux souterraines et répondre aux normes microbiennes relatives à l’eau potable. Les coûts d'analyse de ce type d’eau sont nettement inférieurs à ceux de l'eau potable car pour cette dernière, les paramètres physiques et chimiques doivent aussi être analysés.

Pour les traitements pré-récolte tels que l'irrigation, la fertigation et l'application de produits phytosanitaires, les types d’eaux qui peuvent être utilisés sont l'eau de pluie, l'eau de surface, l'eau souterraine, l'eau de distribution ou l'eau de processus pour toutes les cultures. Concernant l’eau de processus, il doit s’agir d’une source d’eau qui est décrite dans l’annexe 3 ou qui a été approuvée par l’AFSCA. D'autres sources d'eau peuvent également être utilisées, mais dans ce cas, la sécurité de la source doit être évaluée sur la base d'une analyse des risques. L'utilisation d’ eaux d’égouts ou l’eau provenant de sources recevant des eaux d’égout non épurées, est toujours interdite.

Si l'eau est utilisée pendant les activités post-récolte pour les cultures telles que les pommes de terre, les fruits et les légumes, la qualité de l'eau requise dépend de l'activité et de la nature du produit.

Ainsi, pour les pommes de terre et les légumes qui seront cuits, pelés ou bien rincés, l’eau propre est suffisante pour l’intégralité du processus de nettoyage ; pour les légumes « prêts à consommer », l’eau propre est suffisante pour tout le processus de nettoyage sauf la dernière étape. En effet, pour la dernière étape de nettoyage des produits « prêts à consommer », il faut utiliser au moins de l’eau de qualité microbiologique potable. C’est également le cas de l’eau initiale utilisée pour le transport, pour le tri et pour toutes opérations (pré-récolte et post-récolte) des graines germées.

Identification de la source d'eau et analyse de risques

Dans le cas des fruits et légumes destinés au marché du frais, des exigences supplémentaires sont prévues afin de garantir la sécurité alimentaire. Il va sans dire que les sources d'eau et les systèmes de distribution et de stockage doivent être bien entretenus et propres. L'identification des sources d'eau et des activités pour lesquelles elles sont utilisées constitue un point d'attention important (voir tableau 1).

Une analyse des risques doit également être effectuée pour les différentes sources d'eau, dans laquelle le risque de contamination microbienne du produit pendant les opérations avant et après récolte est déterminé pour chaque culture ou groupe de cultures présentant des caractéristiques similaires (par exemple : prêt à la consommation par rapport à cuit, pelé ou encore à bien rincer avant consommation).

Ici aussi, une distinction est faite entre les cultures où le produit récolté n'entre pas en contact avec l'eau, les produits bouillis, pelés ou bien rincés pour la consommation et ceux qui sont prêts à être consommés. Deux arbres de décision - contrôles pré-récolte et post-récolte (voir tableau 1) - aident à identifier au moyen de questions fermées (oui ou non) la qualité de l'eau requise et le nombre d'analyses nécessaires pour continuer à garantir cette qualité.

Tableau 1: Arbre de décision pour l’analyse de risques de l’eau utilisée pour les opérations pré-récolte.
Tableau 1: Arbre de décision pour l’analyse de risques de l’eau utilisée pour les opérations pré-récolte.

Pour les activités pré-récolte, des analyses pour l’eau propre ne sont exigées que lorsqu’elle entre en contact avec le produit récolté. Il est important de déterminer si la source d'eau est vulnérable à la pollution comme les eaux de surface, les eaux pluviales, les bassins d'orage et les puits de moins de 10 mètres avec activité animale ou stockage du fumier dans un rayon de 10 mètres autour du puits. Les deux analyses par année prévues dans ce cas peuvent être réduites à une analyse par année après deux années consécutives avec des résultats conformes (c.-à-d. 4 analyses).

Concernant l'arbre décisionnel de l'eau après la récolte, il est important de faire la distinction entre les produits qui sont bouillis, pelés ou rincés à fond et ceux qui sont prêts à être consommés. Une vue d'ensemble des cultures possibles qui relèvent de ces catégories permet de faire la distinction (voir tableau 2).

Tableau 2: Arbre de décision pour l’analyse de risques de l’eau utilisée pour les opérations post-récolte
Tableau 2: Arbre de décision pour l’analyse de risques de l’eau utilisée pour les opérations post-récolte

Lorsque vous prélevez des échantillons d'eau pour analyse, il est important qu'ils soient prélevés sur le lieu d'utilisation. Vous devriez également prélever les échantillons pendant la période de pointe d'utilisation et de préférence l'été par temps chaud. Si vous devez prélever deux échantillons, vous devez planifier le premier échantillon avant l'utilisation et le second pendant la période de pointe. Enfin, il est également recommandé de faire analyser des échantillons supplémentaires en cas d'événements exceptionnels, tels que des inondations, un débordement du stockage de fumier ou une contamination temporaire, pour assurer la qualité de l'eau.

Il peut arriver qu'une analyse de l'eau indique un dépassement d'une norme. Toutefois, il ne s'agit pas d'une non-conformité si le risque de contamination est exclu grâce à la mise en place des mesures de gestion nécessaires, telles que la désinfection de l'eau utilisée, le nettoyage du réseau de distribution ou le changement de source d'eau. Dès que vous pouvez prouver par une nouvelle analyse que la source d'eau est de nouveau conforme à la directive, vous pouvez l'utiliser à nouveau.

Mise en application et période de transition

Le Standard Vegaplan v3.0 entre définitivement en vigueur le 4 décembre 2019, c’est-à-dire qu’à partir de cette date, tous les audits Vegaplan devront être exécutés sur la base de cette version. Dès que vous utilisez de l'eau dans les opérations de pré-récolte ou de post-récolte en 2020, vous devez avoir effectué les analyses nécessaires.

Afin de vous préparer à l’audit sur la base du nouveau Standard Vegaplan, plusieurs documents sont à votre disposition sur le site web de Vegaplan : www.vegaplan.be. Vous pourrez y trouverez un lien vous permettant de constituer votre check-liste personnalisée sur la base de vos activités, ainsi qu‘un manuel qui vous propose les pictogrammes, listes et procédures nécessaires dans le cadre des déclarations et enregistrements. Enfin, tous les producteurs certifiés Vegaplan disposent d’un login qui leur permet de vérifier leur propre statut de certification et, s’ils le désirent, établir des fiches parcellaires électroniques et les partager avec leurs acheteurs. Grâce à cette intégration tout le long de la chaîne, le Standard Vegaplan est devenu un outil incontournable pour le secteur végétal.

Tableau 3: Identification des sources d’eau en fonction de leur origine et des activités.
Tableau 3: Identification des sources d’eau en fonction de leur origine et des activités.

 

Tableau 4 : Exemples de cultures qui relèvent des catégories “cuits/pelés”, “bien rincés” et “prêts à consommer ”
Tableau 4 : Exemples de cultures qui relèvent des catégories “cuits/pelés”, “bien rincés” et “prêts à consommer ”

(© Boerenbond)