Trop, c’est trop!

Les fruiticulteurs en ont ras-le-bol de vendre à perte et l’ont manifesté ce lundi au siège de la Fédération du Commerce (Comeos). En cause, un prix d’achat de leurs fruits qui ne couvrent même plus les coûts de production, tandis que les mêmes fruits se retrouvent sur les étals des grandes surfaces à des prix entre 4 et 5 fois plus élevés. Les fruiticulteurs réclament donc leur juste part dans cette marge bénéficiaire. Seront-ils entendus? La balle est désormais dans le camp de Comeos.

Ronald Pirlot

Lundi, un convoi de plusieurs dizaines de tracteurs a convergé vers Bruxelles. Et plus précisément vers le siège de Comeos, la Fédération belge du commerce et des services, situé à Auderghem. Une action menée par une centaine de fruiticulteurs wallons et flamands. Parmi eux, Matthieu Lebrun, un jeune producteur de fruits de Piétrebais (Incourt) dont l’exploitation familiale comprend 11ha de pommiers et 9ha de poiriers. Une production vendue sous forme de fruits ou de jus, sous le libellé Verger de la Chise, au sein du magasin à la ferme, dans des commerces locaux et dans les rayons des produits locaux de grandes surfaces.

Pommes achetées 0,40€/kg au producteur…

«Le problème actuel est simple. Les grandes surfaces achètent nos pommes entre 0,40 et 0,50€/kg pour les meilleures qualités. Un prix qui ne couvre même plus les frais de cueillette ni les coûts de production. Il faut savoir que nous devons prendre à notre charge le triage, les coûts de stockage dans les frigos et l’emballage. Pour vous donner une idée, les seuls frais de stockage, au vu de l’explosion énergétique, sont estimés à 0,12€/kg» fustige Matthieu.

Le calcul est vite fait. Matthieu et nombre de ses confrères vendent actuellement à perte, contraints et forcés de se mettre en porte-à-faux avec la législation.

... et vendues 2€/kg ou plus en supermarché!

«Alors que, dans un même temps, nos fruits se retrouvent sur les étals des supermarchés à 2€/kg, voire plus» renchérit Matthieu. D’où la question: à qui profite la marge bénéficiaire dégagée? Pas aux fruiticulteurs, qui sont dès lors venus réclamer un partage équitable de cette marge auprès de Comeos. «Sans que le consommateur ne soit obligé de payer plus!» ajoutent les producteurs de fruits.

Une première prise de contact qui n’apparaît pas comme fructueuse aux yeux de Matthieu. «Leur discours était très fermé. Ils nous ont dit qu’il n’y avait qu’une marge de 1,28% sur l’ensemble des produits alimentaires (coca, biscuits…) Ce chiffre n’est donc absolument pas représentatif de notre secteur» dénonce Matthieu. Lequel espère la tenue d’une prochaine rencontre entre Comeos et une délégation de fruiticulteurs. Et qu’elle pourra permettre de dégager un montant qui octroie une juste rétribution pour les producteurs. Histoire d’enrayer un désespoir qui va, chez certains d’entre eux, jusqu’à des scènes d’arrachage d’arbres fruitiers… pour dédier les terres à d’autres cultures.