Agir sur la question centrale du revenu des agriculteurs est la première priorité de la FWA. Pour y parvenir, nous sommes convaincus qu’il n’existe aucune action miraculeuse qui améliorerait significativement à elle seule, la situation dans les exploitations wallonnes. C’est en actionnant une multitude de leviers, en mettant en œuvre de nombreux chantiers, et en multipliant les contacts que nous y arriverons. Ces derniers mois, la FWA a notamment renforcé son travail de concertation avec les acteurs des filières. L’objectif de ces rencontres et de ces discussions est de réfléchir à des solutions concrètes qui renforcent durablement la position des producteurs dans la chaîne.

José Renard

L’action politique est évidemment l’un de nos leviers principaux, et nous ne manquons pas de l’actionner au quotidien, et auprès de tous les niveaux de pouvoir. Il y a deux semaines, nous avons d’ailleurs rencontré le nouveau Ministre régional de l’agriculture auquel nous avons remis une note très complète qui relève nos priorités et suggère des actions concrètes à mettre en œuvre.

Mais il est tout à fait clair que l’action politique ne suffit pas, et qu’il faut y adjoindre une série d’autres propositions concrètes à l’intention de tous les acteurs qui peuvent influer sur l’économie agricole.

Vendredi dernier, la FWA a fermement et rapidement réagi à la diffusion d’une publicité du groupe Delhaize, qui promouvait un lait de la marque. De nombreux producteurs, aussi  choqués que nous l’avons été, ont exprimé leur colère face à cette campagne de promotion de produits de la marque qui égratignait sévèrement au passage l’élevage de nos régions. A la Fédération Wallonne de l’Agriculture, nous ne voulons plus de cette perpétuelle opposition entre les modes de production. TOUS nos éleveurs sont soumis à des règles et des contrôles très stricts en matière de bien-être animal et doivent répondre aux normes sociales, environnementales ou sanitaires voulues par notre société ouest-européenne. De très nombreux producteurs sont, de plus, engagés dans un processus de production de qualité différenciée, avec à la clef, un cahier des charges qui impose davantage de normes encore. Notre secteur agricole a besoin d’unité, de solidarité et tire sa richesse de sa variété et de la diversité de ses productions et modèles d’exploitations. Opposer ceux-ci, ce n’est pas construire, c’est fragiliser encore un secteur qui a besoin au contraire, d’être soutenu et renforcé !

C’est pour cette raison que dès vendredi, nous avons adressé un communiqué à la presse, ainsi qu’un courrier au comité de direction de Delhaize, demandant que la publicité incriminée soit retirée. Dès le lendemain, Delhaize nous a recontactés pour confirmer que la publicité serait modifiée en conséquence, et les contacts qui s’en sont suivis avec la presse nous ont permis de redire une fois encore que la question du bien-être animal est importante pour tous les agriculteurs, indépendamment du mode de production.

Développer une communication positive sur nos secteurs, nos modes de production et nos pratiques, c’est important. Pour garder ou rétablir la confiance de nos consommateurs et concitoyens, nous devons réagir à chaque fois qu’une communication erronée ou malheureuse vient écorner l’image de notre secteur.

Nos contacts avec la distribution et sa fédération ne se limitent évidemment pas à ces aspects. Par notre participation aux réunions de la concertation chaîne, et par des contacts bilatéraux plus intensifs avec ses différents maillons, nous voulons relancer la recherche d’un autre équilibre dans la répartition des prix et des marges.

Pour preuve, avant même la réaction de la FWA à la publicité sur le lait, une réunion était prévue avec Delhaize dans nos locaux ce lundi. Nous avons aussi des rencontres régulières avec Comeos (la fédération qui représente la distribution), de même qu’avec les représentants de la transformation, de l’abattage, ou les acheteurs. Depuis quelques mois, nous avons aussi développé un projet visant à mettre en place une filière céréales bio plus solide, en lui cherchant des débouchés plus nombreux et durables, notamment avec des enseignes de la grande distribution.

De manière générale, pour renforcer le poids de notre message vis-à-vis des divers maillons des filières, nous devons pouvoir nous appuyer sur des chiffres qui démontrent clairement la situation du revenu agricole. Notre centre de gestion (CGTA) est en cela un outil précieux, car il permet de récolter et de compiler de nombreuses données économiques utiles. Le constat actuel est implacable : alors que les prix diminuent ou stagnent, les coûts de production sont, eux, en constante augmentation. C’est notamment cet élément qu’il est important de pouvoir faire comprendre aux autres maillons, qui doivent prendre en compte ces réalités économiques agricoles dans la fixation des prix payés aux producteurs. Nous y travaillons intensivement, pour tous les secteurs, et tous les modes de production, pour défendre notre agriculture familiale et lui assurer un avenir plus serein.