Après une semaine de travaux d’où ressortent essentiellement des annonces en tous sens, la COP 26 de Glasgow devrait entrer cette semaine dans une phase plus décisive. Notre secteur agricole ne manque pas de se trouver dans le collimateur et pas uniquement après l’annonce de la volonté d’une série de participants de réduire les émissions de méthane. Il est clair que pour certains, c’est aussi un beau prétexte pour établir un lien avec les discussions sur la future PAC qui ne serait pas assez verte. Dans tous les cas, l’importance de la communication apparaît flagrante et nombreuses sont les situations où ce n’est pas ce qui est fait qui compte, mais bien la façon dont on le raconte.

La FWA réagit et adapte sa communication.

José Renard- Anne Pétré

 

La FWA, organisation de défense professionnelle déploie ses activités selon plusieurs grands métiers: la défense individuelle et collective de ses membres, l’information et la formation et enfin la représentation de l’agriculture et des agriculteurs en général. Dans les grands débats de société qui touchent à notre secteur, la FWA a ainsi plusieurs rôles à jouer. Le premier est évidemment de porter la voix du secteur dans tous les cercles décisionnels en lien avec notre profession. C’est pour cette raison que nous avons rencontré le Gouvernement wallon au début du mois d’octobre, pour souligner fermement auprès de ses membres la nécessité de se baser sur des chiffres et des faits pour décider des orientations à donner aux ambitions wallonnes et notamment, au plan stratégique wallon pour la future PAC. Sans faire preuve de prétention déplacée, nous avons quand même le sentiment d’avoir touché des points sensibles. Difficile de ne pas voir dans les sorties concernant l’étude de l’ISSEP sur la présence des polluants dans l’organisme des Wallons et le focus très intense sur les produits phytos, une réaction à notre démarche. A fortiori quand il est dit que la future PAC devra tenir compte de ces résultats, alors pourtant, et nous l’avons encore répété à la Ministre Tellier, que ceux-ci sont très préliminaires et ne peuvent en aucun cas constituer une base de décision reposant sur des preuves scientifiques.

C’est pour cela aussi que nous avons sensibilisé par de nouveaux courriers et par des rencontres directes les parlementaires européens lors des votes sur les amendements liés à la stratégie «De la ferme à la table».

On ne peut pas non plus ignorer que la prise de décision politique est très largement influencée par le débat public. Sur les réseaux sociaux, les commentaires autour de la COP 26 vont bon train, et c’est normal, il s’agit d’un sujet d’actualité d’importance majeure.

A cet égard, nous avons constaté qu’un certain nombre d’ONG, de citoyens, voire de représentants politiques, utilisaient largement les réseaux sociaux pour influencer le débat. En tant qu’organisation représentative du secteur, nous devons utiliser les mêmes outils pour défendre nos points de vue.

Ainsi, à l’occasion de la COP 26, nous avons vu fleurir de multiples publications et interventions diverses très accusatrices vis-à-vis de notre secteur qui semble devenir une cible de choix. Sans verser dans le complexe de persécution, comment expliquer que ce week-end encore, un grand quotidien ait choisi d’illustrer un article commentant une étude sur l’importance des actions individuelles dans la lutte contre les dérèglements climatiques par une photo d’un tracteur agricole au travail.

Il est clair que lutter contre le réchauffement climatique nécessite des efforts de l’ensemble de la société, mais on a parfois le sentiment que l’on attend surtout du voisin qu’il réalise ces efforts et que cela ne touche pas trop nos comportements individuels. Des exemples pour illustrer ce propos? Le premier est très local lors d’un évènement organisé en mode drive-in, mesures Covid obligent et où tous les automobilistes attendent sagement leur tour en file bien ordonnée mais tous moteurs tournant. Personne n’a mesuré la quantité de CO2 émise. Deuxième exemple, très lié à la COP 26 cette fois: 400 avions privés qui polluent 10 fois plus que les gros porteurs et pour faire des distances parfois anecdotiques auraient été utilisés par les participants pour se rendre à Glasgow. Faut-il en plus citer l’organisation d’une exposition universelle à Dubaï, royaume du conditionnement d’air?

Si elle participe aux émissions de gaz à effet de serre (GES), il faut rappeler que l’agriculture wallonne emprunte à cet égard un chemin vertueux: celui de la diminution de son impact (-20% d’émissions de GES en 30 ans). Il faut aussi souligner que le secteur agricole subit également les effets des dérèglements climatiques. Pensons notamment aux conséquences des sécheresses à répétition. Mais surtout l’agriculture constitue une partie de la réponse à ce problème global. Elle est source de matières premières et d’énergie renouvelables et pratique l’économie circulaire depuis des millénaires. De nombreuses pratiques agricoles mises en avant par les tenants de l’agro-écologie sont appliquées depuis très longtemps dans nos fermes wallonnes. J’ai toujours vu du trèfle blanc dans les mélanges pour prairies à pâturer. Dans les années 60, de la luzerne était déjà cultivée à la ferme paternelle. Et je ne m’étendrai pas une nouvelle fois sur le développement de l’agriculture biologique en Wallonie.

L’élevage, en particulier celui des ruminants, concentre les attaques du fait des émissions de méthane et devient la cible facile de ceux qui veulent le réduire pour diminuer les émissions de gaz à effet de serre. Ce raisonnement est simpliste et même dangereux. La réduction du cheptel enregistrée ces dernières années en Wallonie explique aussi la diminution des émissions d’origine agricole, mais fragilise la filière économique. C’est ignorer les études démontrant le rôle des prairies pâturées dans la fixation de carbone dans le sol. C’est rester sourd et aveugle au risque de bombe climatique liée au labour de prairies qui ne recevraient plus d’animaux, quand les prairies représentent 42% de la surface agricole wallonne. C’est complètement passer sous silence l’action de ces merveilleuses machines que sont les ruminants qui convertissent l’énergie solaire accumulée grâce à la photosynthèse dans l’herbe et autres végétaux non-comestibles pour l’humain, en protéines de lait et de viande ou en cuir pour les canapés de nos salons. Enfin, par les engrais de ferme, l’élevage est indispensable à l’apport de matière organique tellement nécessaire au maintien de la fertilité de nos sols cultivés.

Nos agriculteurs ont également du savoir-faire en matière de lutte contre le changement climatique et nous devons le faire savoir mieux et plus. Nous avons donc réagi en rappelant quelques fondamentaux: notre agriculture wallonne est orientée vers la durabilité et contribue à la solution. Mais une communication via les réseaux sociaux n’est efficace que si elle est largement diffusée. Notre service communication a créé un nouvel outil à votre disposition. Il s’agit d’un groupe Facebook privé à destination des membres de la FWA. Celui-ci nous permettra d’échanger avec nos membres sur les activités de notre organisation, sur ses prises de positions…. C’est un groupe interactif, qui vous permet aussi d’amener vos points de vue et vos sujets de préoccupation. Il ne remplace pas nos moyens d’échange habituels, bien sûr, mais il vient compléter nos nombreux moyens de dialoguer avec vous.

Le moment crucial que nous traversons, la COP 26, offre aussi une opportunité importante: celle de vous sensibiliser à la nécessité de diffuser largement le point de vue de la profession. Il n’y a pas plus légitime qu’un agriculteur ou une agricultrice pour parler de son métier souvent avec passion. C’est pourquoi vous êtes, à nos côtés, des acteurs essentiels d’une communication objective, positive, autour de notre secteur.

Nous comptons sur vous pour rejoindre ce groupe Facebook qui s’appelle «Entre agriculteurs de la FWA» et qui, comme son nom l’indique, est réservé à nos membres. Il sera régulièrement alimenté et vous donnera une vue constante sur notre travail et nos activités.