Au moment où des délégués venus du monde entier débattent des mesures à prendre pour faire face aux dérèglements climatiques dans le cadre de la 27ème Conférence des parties (COP 27), la durabilité de la production alimentaire et de notre alimentation est au cœur du débat. Les initiatives publiques fleurissent. Les entreprises communiquent abondamment sur les actions qu’elles mènent.

José RENARD

Votre Pleinchamp de la semaine dernière reprenait un article consacré à la conférence des Ministres de l’Agriculture des pays de l’Organisation de Coopération et développement économiques (OCDE) tenue récemment à Paris avec pour thème "Construire une agriculture et des systèmes alimentaires durables dans un environnement en mutation : défis partagés, solutions transformatrices". L’objectif était de définir une vision de l’alimentation et de l'agriculture, avec une attention particulière portée au lien entre agriculture, climat et biodiversité. L'OCDE est une organisation internationale d'études économiques, dont les pays membres — des pays développés pour la plupart — ont en commun un système de gouvernement démocratique et une économie de marché. En matière agricole, l’OCDE s’est très souvent présentée comme un ardent promoteur du libéralisme économique et du tout au marché. Il est donc remarquable que cette institution ait souhaité mettre en avant le triple défi auquel le monde doit faire face : assurer la sécurité alimentaire d’une population croissante, soutenir les moyens de subsistance à travers le monde et garantir une alimentation durable.

La Déclaration adoptée à l’issue de la Conférence souligne l’importance d’élaborer des mesures transformatrices et innovantes pour promouvoir des systèmes agricoles et alimentaires plus durables et résilients. La déclaration contient un certain nombre d’engagements visant le renforcement de la durabilité des systèmes alimentaires, à commencer par les mesures d’atténuation des effets des changements climatiques. Il faut aussi souligner le chapitre de la déclaration consacré à assurer des moyens de subsistance pour tous. Nous y retrouvons une série de thèmes bien souvent mis en avant par la FWA : soutien aux revenus, politique de gestion de risques, transferts de connaissances, accès aux innovations et à la technologie, mesures en faveur des jeunes. J’y ajouterais l’étude des relations commerciales entre les acteurs de la chaîne alimentaire, notamment s’agissant des revenus et des prix des produits alimentaires », une de nos batailles.

Des relations équilibrées entre les différents acteurs de la chaine alimentaire avec un partage équitable de la valeur ajoutée entre ceux-ci constituent pour la FWA un élément indispensable de la durabilité de notre système d’approvisionnement alimentaire. Nous aurions fortement apprécié que cette déclaration finale, rédigée en termes diplomatiques, affirme avec plus de force qu’il n’y pas de durabilité véritable sans durabilité économique, sans revenu décent pour les producteurs.

C’est aussi cela que la FWA tient à rappeler aux entreprises de transformation et de commercialisation. Leur rôle est indispensable pour la mise en marché de nos produits. Mais les actions qu’elles mènent en matière de durabilité et sur lesquelles elles communiquent abondamment doivent s’accompagner d’un véritable partenariat avec les producteurs. Ceux-ci ne peuvent pas devenir ceux qui supportent majoritairement les efforts pour rendre la chaine alimentaire plus durable. A partir du moment où des cahiers des charges imposent des efforts supplémentaires aux producteurs, ceux-ci doivent être correctement rémunérés. Car, comme le souligne la Présidente du COPA « plus vert, c’est plus cher ».