Le 3ème week-end de septembre à Namur est traditionnellement placé sous le signe des réjouissances populaires dans le cadre des Fêtes de Wallonie. Après le rendez-vous annulé de 2020, l’amélioration de la situation sanitaire, principalement grâce à la vaccination a permis de fêter la Wallonie en 2021 dans une relative liberté retrouvée. Du côté officiel, les Fêtes de Wallonie sont aussi attendues pour les discours politiques prononcés dans le cadre de diverses manifestations. Revenons quelques instants sur les messages du Président du Parlement de Wallonie et du Ministre-Président du Gouvernement wallon lors de la cérémonie officielle au Théâtre de Namur en présence de très nombreuses personnalités, autorités politiques fédérale et régionale et forces vives de Wallonie.

José Renard

 

Sans surprise tant le Président Marcourt que le Ministre-Président Di Rupo sont revenus sur la pandémie de Covid 19 qui a profondément marqué notre société et son fonctionnement depuis plus de 18 mois et qui malgré de nombreuses embellies, n’est toujours pas derrière nous. Ce serait d’ailleurs une erreur de le croire et de lever toutes les mesures de prudence. Les deux intervenants ont particulièrement souligné toute l’importance des mesures de vaccination et l’impératif d’augmenter la couverture vaccinale, encourageant l’ensemble de nos concitoyens à se faire vacciner tant pour se protéger eux-mêmes que pour protéger les autres, s’étonnant « du comportement qui, au nom de la liberté de ne pas se faire vacciner, compromet et restreint la liberté de tous les autres » (JC Marcourt) ou soulignant que « Les non vaccinés prennent une lourde responsabilité à l’égard d’eux-mêmes et de leurs proches. A l’égard de la société dont ils sont partie prenante » (E. di Rupo). A la FWA, nous n’avons pas la prétention de nous immiscer dans ce débat entre responsabilité collective et liberté individuelle, mais ces mots forts des 2 premiers personnages de Wallonie doivent être soulignés.

La solidarité à l’égard des victimes des inondations de la mi-juillet occupait bien évidemment une place tout à fait significative dans les 2 discours. Covid-19 et inondations, 2 cataclysmes majeurs venus frapper la Wallonie au moment où l’ambition du redressement économique commençait à se concrétiser. Dans le passé, la Wallonie a démontré sa capacité à se redresser face aux pires épreuves. Avec des accents très churchilliens, les 2 Présidents lancent un appel à l’ensemble des forces vives à se retrousser les manches et à participer ardemment à l’effort du redressement de la Wallonie, transformant ainsi les épreuves en opportunité, en ambition collective.

La FWA ne peut que se réjouir de cette approche très volontariste et de constater que sur le plan économique, le redéploiement de la Wallonie est la priorité des priorités pour les 2 orateurs et qu’il est indispensable de poursuivre et accélérer la modernisation de notre économie, de stimuler le développement économique. Nous retiendrons aussi l’encouragement de la souveraineté alimentaire mentionné par le Ministre-Président.

La préservation de notre souveraineté alimentaire et l’assurance de la continuité de l’approvisionnement figurent évidemment à l’avant-plan  des réflexions de la FWA. Le secteur agricole a démontré toute sa capacité de résilience au cours des épisodes de confinement avec un approvisionnement alimentaire assuré sans rupture de fourniture. Notre agriculture doit être reconnue comme une activité stratégique pour notre société de par sa fonction nourricière et sa capacité de contribution au dynamisme des zones rurales.

La relocalisation de la production alimentaire est souvent mise en avant dans des contributions de plans de relance. La FWA partage cet objectif de valoriser les circuits courts et les chaines de commercialisation courtes notamment en développant des outils logistiques et en soutenant la création d’outils de transformation de nos matières premières locales. Notre industrie agroalimentaire est performante. Elle doit intégrer davantage nos productions agricoles locales. Cependant il faut éviter le repli sur soi et l’autarcie complète ne peut être un objectif. Notre économie doit rester ouverte et notre capacité d’exportation sauvegardée. Par ailleurs, la FWA plaide depuis de très nombreuses années pour une approche européenne de régulation des marchés et en particulier de l’offre.

En outre, le renforcement de la place de l’agriculteur dans la chaîne alimentaire est indispensable pour viser un meilleur équilibre du pouvoir économique entre producteurs et acheteurs et assurer une répartition plus équitable de la valeur-ajoutée entre les différents maillons de la chaîne. Différentes discussions récentes avec la distribution concernant des promotions intempestives sur le lait de consommation illustrent bien cette question. Dans nos projets FWA, nous voulons soutenir les démarches de coopération entre agriculteurs mais également entre les différents maillons de la chaîne ainsi que la mise en place de coopératives, d’organisations de producteurs et d’organisations interprofessionnelles pour renforcer la place des producteurs.

Comme le souligne le Comité social, économique et environnemental de Wallonie (CESE Wallonie) dans son avis du 13 juillet dernier : « Les politiques de soutien et de reconstruction économique doivent poursuivre un triple objectif économique, social et écologique ». La FWA participe, comme interlocuteur social reconnu et crédible, au CESE Wallonie depuis sa création et fait partie du banc patronal. L’agriculture est le seul secteur économique spécifique à bénéficier d’une telle représentation. C’est une opportunité qui ne peut pas être négligée de faire partie de l’instance wallonne de concertation sociale pour y porter la voix de l’agriculture. C’est aussi une reconnaissance du rôle économique et social de l’agriculture avec des chefs d’exploitations qui sont quasi exclusivement des travailleurs indépendants mais aussi des chefs d’entreprise avec une dimension entrepreneuriale de plus en plus prégnante. La FWA met un point d’honneur à être à la hauteur de cette responsabilité.

Pour le CESE Wallonie, la crise permet de tirer des enseignements clairs et sans équivoque en termes de secteurs stratégiques indispensables au bon fonctionnement de l’économie wallonne et à la continuité de l’activité. Il convient d’identifier clairement ces secteurs et de les soutenir. A défaut, la Wallonie risque de se priver de leviers économiques indispensables pour renforcer son autonomie et réduire sa dépendance à l’égard de fournisseurs non européens. Cette demande rejoint totalement notre préoccupation de longue date de reconnaissance de l’agriculture comme secteur stratégique.  

Il est aussi très important de rappeler que la construction de la Wallonie de demain ne peut se faire sans une concertation étroite avec les interlocuteurs sociaux et économiques, à l’instar de ce qui est déjà mis en œuvre en Flandre où les secteurs économiques font partie des différentes instances de suivi et de pilotage du Plan de relance. Les acteurs économiques ont plus qu’un rôle à jouer dans la réalisation des objectifs des différents plans de relance : créer de l’emploi, stimuler l'activité économique, préserver le climat et protéger l'environnement, ou encore renforcer la solidarité et lutter contre la pauvreté... Le secteur agricole fait pleinement partie de ces acteurs économiques qui ont un rôle crucial dans la relance de l’économie wallonne et doit être entendu dans ses préoccupations, ses besoins et ses aspirations, partant du principe que la relance post-Covid ne doit pas être le prétexte à une révolution mais bien le moment de mettre en place des évolutions concertées dans le cadre d’un dialogue respectueux.

Nous y veillons à chaque réunion. L’adhésion des acteurs concernés est une condition clé de la réussite des mesures de relance.