La situation économique et sociale de nos fermes se dégrade sans cesse… Voilà une phrase top souvent prononcée, qu’on aimerait ne plus avoir à écrire ! Depuis que je préside la FWA,  je n’ai cessé de dénoncer cette situation, comme la FWA l’a d’ailleurs toujours fait,  lors des très nombreuses réunions auxquelles j’ai participé ou que j’ai provoquées. Le fil conducteur de toutes les discussions et négociations que nous avons est et reste celui-là : améliorer le revenu des agriculteurs. C’est la base de notre travail, et le cœur de nos préoccupations.

Marianne Streel

 

Des exploitations agricoles wallonnes disparaissent chaque jour.  21% d’entre-elles ont fermé leurs portes en 10 ans. Quant aux éleveurs, c’est pire encore… Sur la même période,  31% d’entre-eux ont vidé définitivement leurs étables. Ce sont des chiffres clairs et effrayants : ils démontrent que ce que nous vivons est plus que préoccupant. Il est plus que temps de trouver des solutions très concrètes pour renverser la tendance, et ce très rapidement !

En viande bovine, les coûts de production ont augmenté de plus d’un tiers en moins de 10 ans, alors que les prix de vente n’ont pas bougé, voire ont diminué.

En lait, même constat, le prix est le même au fil des décennies, malgré la hausse des coûts.

En froment, si les prix de revient restent plus stables, les prix de vente eux ont diminué de plus de 20 % en 5 ans. Globalement, les prix perçus par les producteurs en céréales atteignent difficilement le niveau des coûts de production, sauf année exceptionnelle. Le constat est le même en betteraves pour les coûts, mais les prix de vente ont presque été divisés par deux !

Comme je viens de dire, la FWA a multiplié les réunions ces derniers mois, pour tous secteurs et avec tous les échelons de l’aval des filières.

En ce qui concerne la viande bovine, nous avons eu plusieurs rencontres avec Comeos en particulier. A l’occasion de ces diverses rencontres, nous avons discuté du prix de la viande, de l’étiquetage, du développement d’un modèle de  traçabilité encore renforcé allant jusqu’au « nutriscore », pour permettre au consommateur de faire un choix éclairé pour valoriser nos productions, et in fine, augmenter le retour perçu par le producteur.  Comeos a pris une série d’engagements à cet égard, et a aussi affirmé vouloir veiller  à ce que les acheteurs de la distribution s’engagent à vérifier que les éleveurs soient payés rapidement par leurs marchands, et se renseignent sur le prix perçu par les producteurs. Comeos s’engage aussi à informer les directions des distributeurs de la très difficile situation traversée par le secteur bovin. Il y a quelques jours, nous avons rencontré aussi les  acheteurs de viande bovine des différentes enseignes auxquels nous avons clairement et fermement expliqué le mécontentement du secteur de l’élevage, et surtout la grande inquiétude qui est la nôtre quant à son avenir proche.

Les discussions continuent, avec les divers échelons de l’aval, et nous ne relâcherons pas la pression.

En élevage toujours, à l’échelon «abattoirs », l’arrêté classification des carcasses est passé en 3è lecture au gouvernement wallon. Cette version approuvée par le gouvernement contient quelques-unes des modifications  revendiquées par la FWA.

Sur le plan politique, depuis plusieurs mois, tant au niveau européen qu’au fédéral, de même  qu’à la région jusqu’il y a peu, nous avons manqué d’interlocuteurs, ceux-ci  n’étant pas définis depuis le scrutin de mai. Cela ne facilite évidemment en rien l’avancée des dossiers dont l’importance et l’urgence justifierait pourtant qu’ils soient traités dans les plus brefs délais.

Au niveau de la Wallonie, nous avons été reçus par le Ministre Borsus, comme nous l’avons déjà relaté dans nos pages. A cette occasion, nous avons pu réexpliquer toutes nos priorités au Ministre et lui remettre une note détaillée relevant nos priorités.

Ce lundi soir, le comité directeur de la FWA a reçu le ministre de l’Agriculture, ce qui a offert à chacun l’occasion de poser des questions très concrètes sur les divers aspects de ses compétences  ministérielles pour lesquelles des réponses sont urgemment attendues.

En ce qui concerne les matières environnementales,  nous venons de recevoir une réponse positive de la Ministre en charge à nos demandes de rencontre. Nous avons également de nombreux dossiers urgents à aborder avec elle et son cabinet.

Si j’en reviens à la problématique de l’économie de nos exploitations et donc de leur durabilité, malgré toute notre énergie, notre détermination et notre conviction que le travail syndical de nos équipes est plus que nécessaire, j’avoue avoir trop souvent l’impression de bénéficier d’une écoute de la part de nos  interlocuteurs, mais pas pour autant le sentiment d’être réellement entendue.

Bien sûr, je suis bien consciente, qu’il n’y a aucune solution miracle, mais plutôt toute une série de petites pistes que chaque acteur de la filière,  ou du niveau politique, doit mettre en place pour préserver nos différents secteurs de la production agricole wallonne.

Evidemment, en tant qu’agriculteurs, nous devons également participer activement à cette recherche de solutions, et contribuer à les mettre en œuvre. Notre marge de manœuvre est limitée, mais là où nous le pouvons, nous devons aussi nous prendre en main et agir partout où nous le pouvons afin de toujours améliorer la durabilité économique, sociale et environnementale de nos fermes.

Il est en tous cas temps pour tous –politiques, acteurs de la filière, citoyens et consommateurs- de prendre pleinement conscience du danger de voir se dégrader encore davantage la situation de notre secteur et de voir encore des fermes fermer leurs portes, à un rythme toujours plus soutenu. Le temps est venu d’une réelle action, car la durabilité de notre agriculture, de notre environnement et de notre alimentation en dépend.

Une action de communication positive initiée avec le COPA est prévue à Bruxelles, en plein quartier européen. Elle vise à combattre les idées fausses et préjugés qui circulent sur l’élevage, face aux médias, aux responsables politiques européens.

Mais au-delà de cette nécessaire lutte contre l’agri bashing qui nous casse le moral et parfois, qui va, sur le terrain, jusqu’à l’apparition d’une certaine violence, il est évident que ce qui pèse le plus sur notre secteur, c’est le manque de revenu.

Les agriculteurs de la FWA après un échange avec la  CBB, ont décidé de profiter du salon Agribex, et de la caisse de résonnance qu’il peut offrir, pour mettre en place une action symbolique qui nous donnera l’opportunité de mettre un coup de projecteur et d’attirer l’attention sur les difficultés profondes de notre secteur.

Nous avons sollicité les divers exposants qui dépendent eux aussi de la santé économique de nos fermes, pour leur demander de nous suivre dans cette action, de même que le COPA qui devrait inviter ses membres à se montrer solidaire.

C’est sans doute, si les choses n’évoluent pas de façon significative, la dernière action calme que nous pourrons mener avant que les tracteurs ne quittent les cours de ferme pour faire entendre la colère du monde agricole de façon encore plus claire !

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