Le Secrétariat du Conseil central de l’économie (CCE) a publié le 09 février dernier son Rapport technique intermédiaire dans le cadre de l'accord interprofessionnel (AIP) en vigueur pour la période 2021-2022. A cette occasion, la Fédération wallonne de l’Agriculture s’est associée aux représentants des employeurs réunis au sein du CCE pour lancer un signal d’alarme vers les décideurs politiques concernant les conséquences pour notre économie de l’inflation élevée que nous connaissons actuellement. Ces considérations semblent bien éloignées des préoccupations quotidiennes d’une organisation de défense professionnelle agricole et de ses membres. Pourtant, il est fort important que la FWA soit présente et active dans ces instances de concertation sociale.

José RENARD

En mai 2019, dans le cadre de la célébration du centenaire du syndicalisme agricole en Wallonie, un événement avait été organisé dans les murs de notre Maison de l’Agriculture et de la Ruralité. Nous l’avions consacré à une réflexion sur la concertation sociale dans notre région, et l’importance d’en faire partie en tant qu’organisation représentative du secteur agricole. En effet, la FWA représente le secteur agricole dans les instances de concertation sociale et économique.

 

 Au niveau wallon, la FWA siège sur le banc des employeurs au Bureau du Conseil économique, social et environnemental de Wallonie (CESE Wallonie) et ce, depuis la création du Conseil. Le CESE Wallonie est l’assemblée consultative régionale qui rassemble en un seul lieu les représentants des organisations patronales, syndicales et environnementales. A travers ses missions, le CESE Wallonie participe à la définition des politiques visant au développement de la Wallonie. Dans sa présentation sur son site, le CESE Wallonie rappelle qu’il a connu plusieurs étapes dans son histoire, parallèlement à l’évolution institutionnelle de la Belgique. En 1972, le Comité économique régional pour la Wallonie est créé. En 1983, il est remplacé par le Conseil économique et social de la Région wallonne (CESRW) qui prend en 2011, la dénomination de Conseil économique et social de Wallonie. Le CESRW est composé de représentants des organisations syndicales et patronales wallonnes. Ce sont les « partenaires » ou les « interlocuteurs » sociaux. Le CESRW devient le lieu de rencontre et de concertation sociale en Wallonie. Trois missions lui sont confiées : rendre des avis, organiser la concertation et assurer le Secrétariat de Conseils spécialisés. L’importante réforme de la fonction consultative en Wallonie décidée en 2017 a entrainé des modifications des structures du Conseil qui assure désormais le Secrétariat de 7 Pôles thématiques (qui réunissent les interlocuteurs sociaux et d’autres acteurs de la société civile), de Conseils consultatifs et de Commissions d’agrément spécialisées en matière d’emploi et de formation. Enfin en 2018, le CESW devient le Conseil économique, social et environnemental de Wallonie (CESE Wallonie). Les représentants des associations environnementales rejoignent les organisations patronales et syndicales dans l’exercice de la fonction consultative.

La participation de la FWA aux travaux du CESE Wallonie ne se limite pas à une présence au Bureau du Conseil, ni aux 2 postes occupés à l’Assemblée générale, loin s’en faut. La FWA siège dans plusieurs commissions spécialisées de concertation sociale et joue un rôle actif dans les instances de la fonction consultative wallonne (Pôles Ruralité, Aménagement du Territoire, Environnement, Pôle scientifique, Commission des carrières,….). C’est ainsi que la FWA préside la section Agriculture, Agroalimentaire et Alimentation du Pôle Ruralité. La présence de la FWA et l’expertise de nos représentants sont cruciales pour faire entendre la voix de l’Agriculture dans une série de dossiers soumis à l’avis du Conseil et qui peuvent avoir un impact très important sur notre agriculture wallonne. Dans l’actualité récente pensons à une série de questions liées à l’Aménagement du territoire comme des extensions de zonings, des modifications de plans de secteur, des octrois de permis ou le groupe de travail « Dérogations pies/corvidés » qui vient d’être créé au sein de la section Nature du pôle Ruralité. Ajoutons enfin que la FWA participe également aux travaux du Groupe des Partenaires sociaux wallons, le GPSW qui regroupe les seuls partenaires sociaux, organisations d’employeurs et de travailleurs plus spécifiquement dans des discussions avec le Gouvernement wallon.

 

Au niveau fédéral, la présence et la participation de la FWA au Conseil central de l’économie (CCE) sont moins connues. Le CCE est un organisme consultatif interprofessionnel et paritaire créé en 1948 en vue d'institutionnaliser le dialogue entre organisations d'employeurs et de travailleurs en matière économique et d'éclairer les pouvoirs publics dans l'élaboration de la politique économique. La consultation socio-économique menée au CCE permet aux représentants du monde de l’entreprise, du travail et de la consommation de délibérer en vue de dégager des analyses et des recommandations communes qui vont être ensuite défendues auprès des autorités publiques dans le cadre de la concertation sociale. Les Conseils régionaux sont en quelque sorte les continuateurs de l’activité du CCE pour les matières transférées aux Régions suite à l’évolution institutionnelle de notre pays.

 

Le Conseil central de l'économie est composé de membres effectifs nommés en nombre égal parmi les candidats présentés d’une part par les organisations représentatives de l'industrie, l'agriculture (à savoir les 3 organisations membres de l’AgroFront BB, ABS et FWA), le commerce et l'artisanat et le secteur non marchand, dont un certain nombre représentent les petites entreprises ainsi que les entreprises familiales et d’autre part par les organisations représentatives des travailleurs, dont un certain nombre représentant les coopératives de consommation. La FWA a l’honneur d’occuper une des 5 vice-présidences du CCE, à côté de la FEB et de l’Unizo (Classes moyennes flamandes) du côté patronal et de la CSC et de la FGTB sur le banc syndical.  J’ai le plaisir d’exercer cette responsabilité après y avoir été désigné par le Bureau de la FWA. Il est important que la FWA puisse par sa présence au sein du CCE, participer ainsi à l’élaboration d’une vision partagée soutenue par les analyses de qualité réalisées par le secrétariat du Conseil et soutenir l’ambition commune de contribution des institutions économiques à l’intérêt général. En tant que vice-président, nous participons à la définition de la stratégie et à donner les orientations aux travaux du Conseil. Le législateur de 1948 a posé le cadre pour la consultation socio-économique : une délibération libre et ouverte entre les acteurs représentatifs du monde du travail, de l’entreprise et de la consommation visant à instaurer un dialogue avec les autorités publiques. La première condition pour que ce cadre puisse vivre est celle de la reconnaissance mutuelle des participants comme acteurs socio-économiques. Ces participants à la délibération doivent être égaux, tour à tour orateurs et auditeurs. Cette égalité est garantie par le principe de parité qui règne au sein des organes de la consultation socio-économique. Cette reconnaissance comme acteur socio-économique crédible et la parité entre les acteurs sont bien évidemment de première importance pour la FWA en tant que force de proposition responsable qui cependant se heurte de temps à autre en Wallonie à un manque d’écoute de la part de certains décideurs.

Au-delà des concertations directes avec les organisations agricoles menées par les Ministres fonctionnels ou par l’Administration, quelques fois en présence d’ONG environnementales en Wallonie, la participation d’une organisation de défense professionnelle agricole aux travaux tant du CESE Wallonie que du CCE est tout à fait pertinente et justifiée. Je dirais même que c’est une nécessité pour représenter un secteur socio-économique d’importance stratégique dans un contexte difficile de non-reconnaissance sociale et politique et où la connaissance des réalités du monde agricole par le reste de la société est en chute libre. Le soutien des consommateurs et des citoyens lors de nos récentes actions de sensibilisation relatives au plan stratégique wallon de la PAC 2023-2027 a constitué un véritable encouragement à la poursuite de notre mobilisation, qui n’est pas terminée, je rassure tout le monde.

Tous les jours, la FWA et ses services travaillent à assurer cette présence qui se mérite et se justifie, par la qualité et la justesse des analyses, par la pertinence des arguments, par la défense de ceux-ci et par une attitude de force de proposition responsable