La semaine dernière fut riche en rencontres avec nos décideurs politiques. Le jeudi 7, le Ministre fédéral David Clarinval est venu à la rencontre du Conseil général de la FWA et le vendredi 8, la FWA menait en Wallonie picarde à destination des parlementaires wallons une action de sensibilisation à la réalité vécue sur le terrain de la mise en œuvre de la législation relative à l’obligation de couverts végétaux permanents le long des berges des cours d’eau. Encore une fois, deux belles illustrations de la méthode FWA qui privilégie les faits et le dialogue.

José RENARD

 

De par sa fonction première d’assurer en quantité et en qualité l’approvisionnement alimentaire quotidien de nos concitoyens, l’agriculture constitue l’un des fondements de notre société. Elle est et reste la base du dynamisme de nos zones rurales. C’est pour cette raison qu’il faut encore et toujours la défendre avec toute la force de nos convictions. C’est ce que nous faisons, à Gembloux et dans nos sections, en région, jour après jour, semaine après semaine. La défense professionnelle agricole constitue l’ADN de notre mouvement et forme un des métiers de base de la FWA. Cette défense collective se base sur des revendications construites par nos structures décisionnelles, avec l’appui du personnel et toujours selon la méthode FWA.

Cette méthode FWA, c’est avant tout un travail de fond, construit, réfléchi, pour tous les secteurs de l’activité agricole et tous les modes de production, conjugué à une défense ferme et déterminée des positions adoptées par nos élus dans nos structures. Entretenir et développer la méthode FWA exige de travailler tous les jours à la sensibilisation des décideurs, maintenir des contacts permanents, cultiver la concertation et exercer une pression, constructive mais ferme, sur ceux qui prennent les décisions qui influencent notre secteur. C’est également toujours agir de façon responsable et en tant que force de proposition capable de présenter des alternatives crédibles, sans céder à la tentation de la démagogie et des solutions faciles. Enfin, c’est aussi, à chaque fois que c’est nécessaire, organiser des actions plus musclées, toujours dans le respect des personnes et des biens.

En agriculture, comme dans de nombreux autres secteurs d’activité, une petite démonstration vaut souvent mieux que de longs discours. Cette leçon s’est encore confirmée vendredi dernier en Wallonie picarde lors de la rencontre initiée par la FWA entre des parlementaires wallons (ou leurs représentants) et des agriculteurs au sujet des couverts végétaux permanents, les fameux CVP. Il s’agissait plus particulièrement de montrer, exemples concrets de terrain à l’appui, les difficultés et incohérences de mise en œuvre des dispositions du décret, conduisant à des situations ingérables. Le problème principal est dû à l’absence d’une différenciation juridique entre un cours d’eau non classé et un fossé, conduisant ainsi plusieurs agriculteurs à devoir implanter un CVP de 6 mètres de largeur le long d’un fossé qui recueille les eaux de drainage et dans lequel l’eau ne s’écoule que de façon très intermittente pendant certaines périodes de l’année. A cette occasion, la FWA a rappelé ses revendications, à savoir la révision de l’obligation de CVP pour les cours d’eau non classés et la mise en place, enfin, d’une cartographie fiable et actualisée, comme nous le demandons depuis 2018. C’était aussi le bon moment pour remettre aux parlementaires et à leurs représentants les plus de 1.000 signatures recueillies par la pétition lancée par la FWA. Vous retrouverez plus de détails concernant cette action dans le reportage en pages intérieures.

C’est un exercice d’une autre nature qui attendait le Ministre fédéral de l’Agriculture et des Indépendants, David Clarinval, pour sa rencontre avec nos élus du Conseil général de la FWA le jeudi 7 juillet au soir. En effet, malgré un emploi du temps très chargé en raison des travaux gouvernementaux, le Ministre s’est soumis pendant plus de 2 heures 30, aux questions posées par les agriculteurs et aux réactions de la salle. Ces questions préparées par les services FWA portaient sur l’ensemble des compétences du Ministre depuis la Task force Ukraine et les relations économiques au sein de la chaîne alimentaire jusqu’au prix des engrais, en passant par le statut social des conjoints aidants ou la lutte contre l’IBR. Le Ministre a répondu sans langue de bois aux questions de la FWA, partageant nombre de nos revendications, mais soulignant aussi la difficulté de décider dans un gouvernement de coalition très large formé de 7 partis. Il a aussi rappelé le rôle des organisations agricoles reconnues, dont la FWA, dans la mise en œuvre d’une série d’initiatives comme la réunion de la Task force Ukraine qu’il pilote avec son collègue, le Ministre de l’Economie Pierre-Yves Dermagne.

Concernant les relations économiques au sein de la chaîne, le poids de la grande distribution et les difficultés pour le secteur agricole de répercuter les hausses de coût vers l’aval, David Clarinval souligne le rôle des contrats et la nécessité d’être prudents en la matière car si dans certains cas, le respect des contrats peut s’avérer problématique, dans d’autres, ils jouent leur rôle protecteur. La résistance des grands distributeurs à adapter les contrats au contexte économique actuel d’explosion des coûts est connue. Mais certaines actions peuvent être menées comme la rencontre individuelle avec certains grands acteurs de la distribution. La directive sur les clauses commerciales déloyales (UTP) permet aujourd’hui de supprimer des clauses dans des contrats qui ne seraient pas légales. Le Ministre compte beaucoup sur cet outil pour améliorer la position des producteurs. La directive UTP permet à une série d’acteurs d’agir pour autrui, contre des clauses abusives. Certaines de ces clauses sont déjà listées dans la législation, mais la pratique et le retour des opérateurs permettront d’en ajouter d’autres. La FWA s’est déjà positionnée pour être reconnue comme intermédiaire, permettant ainsi d’agir pour des producteurs individuels victimes de pratiques déloyales. Enfin une modification du Code civil a été votée et entrera en vigueur à la fin de l’année. Elle permettra de prévoir des clauses d’imprévisions, afin de pouvoir sortir d’un contrat en cas de conditions imprévisibles.

S’agissant de l’accès à la pension minimale pour les conjoints-aidants qui cotisent au maxi-statut depuis qu’il est devenu obligatoire en 2005 mais qui n’atteindront pas 30 ans de carrière, il a été décidé que si les personnes concernées ont cotisé pendant 2/3 de la période allant de 2005 à l’année de la pension, cela donnera droit à la pension minimale. Un projet de loi validé par le Conseil d’Etat est actuellement sur la table du gouvernement pour adoption en 2ème lecture. La législation ainsi modifiée ne devrait être applicable qu’à partir de 2023.

La lutte contre l’IBR a fait l’objet de très nombreuses discussions en Commission productions animales et au CDS. Le Ministre rappelle qu’il s’agit d’une décision prise au niveau européen dans le cadre du paquet One Health. Sa marge de manœuvre est dès lors limitée. Cependant, il n’a pas encore signé les arrêtés de mise en œuvre parce que les conséquences sont assez rapides. Il souligne aussi le paradoxe de l’UE qui prône la prévention, mais refuse l’utilisation d’un vaccin marqué! Le Cabinet précise que tant que la législation n’est pas encore applicable, il n’est pas inutile d’anticiper pour avoir un cadastre complet de la situation.

Nous avons donc trouvé en face de nous un Ministre compréhensif, à l’écoute de nos revendications, mais aussi demandeur de nos suggestions et propositions pour améliorer la situation en particulier en matière de financement du Fonds sanitaire et de l’AFSCA. C’est évidemment une ouverture qui doit trouver des réponses concrètes de notre côté.

Pour ce qui est du volet des produits phytosanitaires en lien avec les stratégies du Green deal européen et le programme belge NAPAN, le Ministre réaffirme sa volonté de se baser sur les données scientifiques et de disposer d’études d’impacts globales. Mais les choses ne sont pas faciles car le contexte politique est compliqué.

Notre travail de défense professionnelle, basé sur la volonté d’avoir une approche réaliste et une vision plurielle de notre agriculture, consiste aussi à informer et sensibiliser les décideurs, leur expliquer les faits et valoriser à chaque instant les réalités quotidiennes de notre métier, ses exigences et ses apports positifs à notre société. Notre ligne de conduite, c’est la défense ferme de notre agriculture familiale dans tous les secteurs et tous les modes de production avec énergie, en s’appuyant sur un travail sérieux et sur la concertation de nos élus.

Pour couvrir la majorité des compétences agricoles, nous reproduirons le même exercice avec le Ministre wallon Willy Borsus à la rentrée.

La FWA, c’est un outil construit PAR et POUR les agriculteurs. Et c’est encore et toujours avec nos membres et pour nos membres que nous travaillons et voulons avancer chaque jour. Et c’est bien cette méthode FWA qui nous guide dans toutes nos actions au bénéfice de l’ensemble des agriculteurs familiaux wallons.