Depuis plusieurs années, on sent monter dans nos campagnes une grande lassitude chez les agriculteurs face à l’incompréhension des riverains vis-à-vis de certaines pratiques agricoles. En particulier, sortir de son exploitation avec un pulvérisateur est aujourd’hui source d’inquiétude pour beaucoup de cultivateurs, régulièrement pris à partie par des citoyens mécontents, et probablement réellement convaincus que pulvériser, c’est empoisonner.  Lutter contre cette tendance lourde n’est pas simple ! Communiquer, encore et encore, expliquer pourquoi et comment on pulvérise, et faire évoluer les pratiques vers un usage toujours plus réfléchi, voilà sans doute nos meilleures armes. À ce sujet, la FWA a développé plusieurs projets parmi lesquels le Pacte wallon de solutions qui vise à trouver des solutions très concrètes, avec l’aide de tous les acteurs du secteur.

José Renard – Xavier Bordet

 

D’une manière générale, le secteur agricole éprouve clairement le souhait de reprendre en main son avenir, pour rester maître de la direction qu’il prendra, tout en étant parfaitement conscient des enjeux auquel il doit répondre.  C’est donc dans cette optique que la FWA a mis en œuvre une série de projets qui visent à chercher, avec la pleine implication des agriculteurs, des solutions proactives pour répondre aux défis d’aujourd’hui et de demain.

Parmi ceux-ci, le Pacte Wallon de solutions est une association entre les différents acteurs du monde agricole afin de proposer des solutions concrètes pour renforcer la durabilité dans l’utilisation des produits phytosanitaires. L’idée du Pacte est de créer une dynamique collective, qui implique tous les acteurs concernés, pour donner plus de poids et d’amplitude à la réflexion menée.  Pour la FWA, il a toujours été primordial de ne pas opposer les différents modèles agricoles, mais bien de travailler ensemble pour tendre vers des pratiques alliant durabilité des systèmes de cultures, respect de l’environnement, productivité et sécurité sanitaire.

Dans le cadre du Pacte de solutions, la FWA a d’abord rassemblé les différents acteurs impliqués afin d’identifier les problèmes actuellement rencontrés en matière d’usage de produits phytosanitaires et de gestion des principales cultures. Ils ont tous marqué leur souhait de s’investir dans ce projet. Elle va également interroger les organismes de recherches sur les travaux réalisés dans le but d’avoir une meilleure utilisation des produits phytopharmaceutiques.

Plus qu’une réduction pure et simple de l’usage des produits phytosanitaires, le véritable objectif du Pacte est une approche qui permettra une réduction des impacts et des risques, la baisse du volume des produits utilisés n’étant qu’un moyen parmi d’autres.

A travers le Pacte, les agriculteurs et agricultrices ont une volonté d’accélérer cette transition de façon très concrète et de communiquer avec le public et les politiques sur la réalité des pratiques, les innovations techniques et les freins, économiques ou législatifs à une telle évolution.

Les solutions recherchées doivent permettre d’allier le respect de l’environnement et la durabilité sociale tout en garantissant la pérennité des exploitations agricoles grâce à une protection des cultures efficace qui ne grève pas la rentabilité économique des exploitations.

Pour y parvenir, le Pacte associe les différents acteurs dans une dynamique qui doit favoriser la recherche et l’innovation. Il faut non seulement déployer des solutions existantes, par le conseil, l’information, la formation de façon à favoriser leur appropriation et leur adoption, mais aussi se montrer inventif et en développer de nouvelles. Au-delà de cette démarche, les acteurs du Pacte veulent s’assurer que les politiques publiques et le cadre législatif accompagnent et soutiennent cette dynamique de recherche et le déploiement de solutions, sans venir compliquer le quotidien des agriculteurs par de nouvelles normes contraignantes. En pleine responsabilité, les agriculteurs veulent en effet chercher eux-mêmes, avec l’appui de la recherche et des autres acteurs de terrains, les outils de développement d’une agriculture toujours plus durable.

Le 16 septembre dernier, les acteurs du Pacte se sont réunis à Gembloux dans les locaux de la FWA pour identifier les 10 thèmes qui seront travaillés en priorité, parmi lesquels notamment les formations dans le milieu agricole, les avertissements, les systèmes de cultures dans leur ensemble...

Ces fiches établissent un état des lieux de la situation actuelle en Wallonie ainsi que les pistes concrètes susceptibles d’agir favorablement sur l’usage des produits phytopharmaceutique.

En s’impliquant de la sorte, les acteurs du Pacte veulent démontrer qu’ils sont profondément conscients et convaincus de la nécessité de travailler toujours mieux, mais aussi qu’ils tiennent à ce que cette évolution, en émanant directement du terrain, soit agronomiquement, environnementalement et économiquement réaliste.