Le 10 mai dernier, le Sénat français a adopté une nouvelle proposition de loi en faveur d’une redynamisation de la «Ferme France». Un exemple qui interpelle et nous démontre, si cela est nécessaire, que les choses peuvent encore bouger et évoluer.

Nicolas Nélis 

Cette loi transpartisane a pour objectif de protéger les agriculteurs français des obstacles de la concurrence déloyale tout en favorisant leur compétitivité. Elle vise avant tout à contrer le déclin de l’agriculture française, victime d'un trop-plein de normes, de charges excessives et d'un besoin croissant d'investissement et d'innovation.

Le texte vise à lutter contre la surrèglementation en matière agricole, frein à la compétitivité des exploitations et source de désavantages concurrentiels sur les marchés européens et internationaux. Mais il introduit également des critères économiques, en imposant un bilan «bénéfices risques» dans le cadre de prise de décision de l'Anses. Au-delà de ce volet, on peut citer aussi une batterie de mesures pour les investissements en vue d’adapter l’agriculture française aux chocs climatiques et générationnels.

Cette prise de conscience des difficultés du monde agricole fait du bien et donne de l’espoir pour les prochaines années, et ce, même si des critiques pleuvent pour dénoncer «une véritable lettre au Père Noël de la FNSEA avec en rayon une batterie de mesures que le lobby défend de longue date». Cependant, la question se pose de savoir si cette prise de conscience peut faire à présent écho au sein de nos hémicycles en Belgique.

En ce sens, et comme le précise Monsieur Arnaud Rousseau, nouveau Président de la FNSEA, «les agriculteurs supportent un poids moral permanent, qui n'est plus tolérable». Il convient d’entendre la souffrance actuelle du monde agricole et les attentes de celui-ci. La compétitivité́ fait clairement partie de ces attentes et n’est jamais réellement traitée en profondeur. Elle est oubliée au détriment des charges, normes et interdictions en chaque occasion, délaissant bien souvent la situation vécue par nos agriculteurs. Il est donc grand temps d’y remédier!

Les agriculteurs et agricultrices doivent pouvoir gagner leur vie à la fin du mois. Nous perdons chaque année nos éleveurs, le cheptel bovin se réduit et cela continue. Nous devons bâtir des filières. On critique l'«agro-industrie», mais qui pourra nous expliquer quoi faire du blé ou d'une betterave, s'il n'y a pas de transformation derrière?  Bien plus, nous devons relever le défi du renouvellement des générations. Dans quelques années, la moitié des agriculteurs partira à la retraite, comme le démontrent encore les derniers chiffres de l’état de l’agriculture wallonne.

L’avenir nous appartient et il est devant nous. Mais pour ce faire, nous avons besoin qu’une prise de conscience globale soit réalisée, pourquoi pas sous l’impulsion de cette initiative française, aux fins de préserver notre agriculture familiale wallonne. Je ne peux dès lors que tendre la main à nos édiles politiques au travers de cet édito afin qu’ils rebondissent sur cette prise de conscience de la part de nos voisins français. La balle est dans votre camp, et la Fédération Wallonne de l’Agriculture se tient prête à vous aider à marquer!