Ce lundi 17 janvier, le Gouvernement wallon a présenté à la presse, les grandes lignes de son accord en première lecture sur le Plan stratégique wallon pour la PAC 2023-2027. Dans un exercice de communication savamment orchestré, le Ministre-Président, les Vice-Présidents et la Ministre de l’Environnement ont exposé les orientations et la répartition des moyens budgétaires assurant la mise en œuvre de la Politique Agricole Commune pour la période 2023 à 2027. Ceux-ci permettront la déclinaison de l’ensemble des mesures fixées dans le Plan stratégique wallon. Pour rappel, ce fameux plan stratégique devait être déposé à la Commission européenne pour le 31 décembre 2021.

José Renard

 

Vous trouverez en pages intérieures un article détaillé comparant le contenu de l’accord tel qu’il a été présenté lundi dernier avec les revendications de la FWA. Comme toujours le premier souci de la Fédération Wallonne de l’Agriculture a été d’informer le plus complètement possible ses membres, ses élus, ses responsables, son personnel et son réseau de secrétaires. Dès ce lundi, une note d’information a été diffusée aux membres via nos canaux d’information (mails, newsletter, réseaux sociaux). Une présentation détaillée de l’accord à nos élus et responsables a été réalisée par le Service d’études de la FWA (SEIT) lors d’une réunion commune du Comité directeur syndical et du Conseil général ce mardi soir. En outre, une réunion «Agriculteurs connectés» ouverte à tous nos membres a été organisée mercredi soir pour présenter l’accord.

La FWA a également fait connaître ses premières réactions par un communiqué diffusé ce lundi. La Présidente et moi-même avons répondu à de multiples sollicitations de la presse aussi bien écrite qu’audiovisuelle. Il nous faudra bien évidemment procéder à une analyse plus complète du plan stratégique dans son ensemble, alors que l’on nous annonce que ce document est particulièrement volumineux et compterait plus de 800 pages, pour nous permettre de mieux évaluer les impacts des propositions concrètes pour les agriculteurs.

La Fédération Wallonne de l’Agriculture prend acte positivement de l’obtention d’un accord sur les grandes orientations du Plan stratégique pour la future PAC au sein du Gouvernement wallon. Pour les agriculteurs, il devenait urgent de connaître avec précision le cadre dans lequel ils seront amenés à travailler pendant les 5 prochaines années. Il faut aussi rappeler qu’en date du 06 janvier, seuls neufs Etats membres sur les 27 n’avaient pas encore transmis leur plan stratégique mais que la Commission refusait de commencer à examiner les plans déjà introduits pour éviter toute différence de traitement entre plans. Ce qui a amené l’actuelle Présidence française de l’Union européenne à inviter fermement les retardataires à faire diligence pour l’introduction de leur plan pour éviter de pénaliser l’ensemble des agriculteurs européens par une aggravation du retard dans la validation des plans stratégiques.

Il reste en effet moins d’un an pour la mise au point des modalités de mise en œuvre, les échanges avec la Commission européenne sur les mesures proposées et les derniers réglages. Ce qui laissera extrêmement peu de temps aux organisations agricoles pour leur mission de vulgarisation et d’explication des mesures et encore moins de temps aux agriculteurs pour intégrer les nouvelles dispositions applicables dès janvier 2023 dans la gestion de leur exploitation. Rappelons que de nombreuses décisions ne seront définitivement connues qu’après la confection des plans de culture 2022-2023, voire pire après les premiers emblavements de cette nouvelle campagne à l’automne 2022.

Les orientations du Plan stratégique wallon pour la PAC sont évidemment le résultat de discussions au sein du Gouvernement wallon dont on peut deviner qu’elles ont été intenses et intensives. C’est aussi le fruit d’un très long travail de fond de la part des organisations agricoles. Pour la FWA, il s’agit d’un nombre incalculable d’heures de travail dans les services d’abord, et ensuite en réunions Groupe de travail PAC, Comité directeur Syndical, avec l’Administration et les Cabinets ministériels. Enfin, je tiens à souligner la mobilisation syndicale sans faille et toutes les actions de sensibilisation menées auprès des décideurs politiques, des citoyens et des élus locaux ces dernières semaines, toujours dans le respect des personnes et des biens, en essayant même d’éviter la multiplication des désagréments pour les commerçants et la population et en totale collaboration avec les services de polices. C’est tout cela, un syndicat responsable et force de proposition qui a sans aucun doute contribué à faire entendre la voix du secteur au gouvernement.

 

Le contenu d’un accord politique doit toujours s’apprécier à la lumière de la réponse donnée aux revendications, à nos revendications.

La future PAC contient un nouveau volet environnemental, sous la forme de mesures volontaires à appliquer par les agriculteurs, les fameux éco-régimes. Le gouvernement wallon a choisi d’y consacrer 26% du budget, soit un niveau proche de celui revendiqué par la FWA (25%). La FWA rappelle en effet qu’outre ces nouvelles mesures, l’obtention des aides de base est déjà conditionnée au respect notamment des règles environnementales de la PAC actuelle. La future PAC sera donc clairement plus verte encore que la PAC actuelle, n’en déplaise à certaines ONG pour qui ces mesures restent insuffisantes. On peut d’ailleurs se demander si elles ne seront pas toujours insuffisantes aux yeux de certains adeptes de la révolution agricole, quels que soient les efforts et les engagements consentis par les agriculteurs.

La FWA était également soucieuse de l’accessibilité aux éco-régimes de sorte que tous les agriculteurs puissent trouver parmi les éco-régimes proposés, un moyen de poursuivre efficacement le chemin entamé vers plus de durabilité et dans la lutte contre le changement climatique, dont ils perçoivent toute l’importance.

La FWA est satisfaite que le Gouvernement ait entendu l’impérieuse nécessité de conserver le budget actuel destiné à soutenir notre élevage (soit un niveau d’aides couplées de 21.3% du budget).

La FWA relève aussi que le Gouvernement a bien perçu qu’il est indispensable de mettre en œuvre tous les moyens possibles pour favoriser le renouvellement des générations en agriculture, qui est un enjeu crucial pour l’avenir de notre secteur.

Sans préjudice d’une analyse plus approfondie des textes dès que ceux-ci auront été mis à notre disposition, la nécessité de prévoir des mesures pour tous les agriculteurs, tous les secteurs semble apparemment avoir été entendue et les mesures aller dans le bon sens. Toutefois, à chaud un motif de déception peut être trouvé dans le manque de réponse équilibrée apparent pour le secteur des grandes cultures.

In cauda venenum, c’est dans les détails que se cache le poison. Ce qui nous a été présenté lundi constitue les grands axes du plan stratégique wallon et il reste pas mal de travail sur les modalités de mise en œuvre. Pour certaines mesures, notamment certains éco-régimes, aucune précision n’a été donnée sur les conditions d’accès. Pour d’autres, comme les mesures qui poursuivent un objectif de prévention des inondations, la portée exacte n’apparaît pas clairement. Il est clair qu’il nous faudra encore prendre le temps de mesurer les impacts des nouvelles modalités des mesures d’intervention sur l’économie des exploitations familiales wallonnes.

La FWA se tient évidemment à la disposition du Gouvernement wallon pour poursuivre ce travail de mise en œuvre du plan stratégique. Nous restons mobilisés. Ce n’est pas parce que nous n’allons pas à Namur ce mercredi que nous ne pouvons y retourner rapidement.