Novembre, mois de grisaille, de jours courts mais aussi période de mémoire. Ces deux dernières semaines, nous avons été invités à de nombreuses reprises à nous souvenir. Nous souvenir de nos chers disparus d’abord, à l’occasion de la Toussaint, de ceux qui ont traversé nos vies et y ont laissé leurs marques, contribuant à faire de chacun d’entre nous ce que nous sommes. Ce 9 novembre, le trentième anniversaire de la chute du mur de Berlin a été largement évoqué dans les médias, ravivant dans nos esprits les images de liesse des populations de l’Est et de l’Ouest qui se rejoignaient enfin après des décennies de séparation. Enfin, ce lundi 11 novembre, nous avons salué la mémoire de ceux qui, durant les deux conflits mondiaux qui ont marqué le 20ème siècle, ont combattu pour la liberté de tous.

José Renard

Le passé doit conseiller l’avenir, disait Sénèque. Une phrase toute simple, mais qui dit une chose essentielle: il est important de savoir d’où l’on vient pour savoir où on va. C’est vrai sur le plan personnel, comme ça l’est aussi à l’échelle d’un pays, d’une société.

Ainsi, c’est la fin de la seconde guerre mondiale qui a indirectement amené à la création de l’Europe. Les privations et la famine qui ont touché les populations de nos pays ont conduit à construire une politique agricole commune qui avait pour objectif d’assurer un approvisionnement alimentaire constant, à prix fixes et accessibles, en poussant les agriculteurs à produire davantage, avec la promesse – qui n’est plus tenue aujourd’hui - que cette mission leur permettrait de jouir d’un revenu suffisant.

La chute du mur de Berlin a radicalement modifié le visage de l’Europe. Rappelons-nous d’abord que cette chute a été l’événement le plus marquant d’un mouvement pacifique de citoyens réclamant simplement plus de liberté dans tous les pays frappés du glacis communiste. Il est néanmoins interpellant que seulement 30 ans plus tard, la démocratie à laquelle aspiraient tant de citoyens qui avaient voté avec leurs pieds, connait des soubresauts précisément dans ces pays où tout a commencé.

La réunion des deux blocs a bien évidemment eu des effets très positifs sur le plan humain, culturel, économique… et a constitué le point de départ d’un élargissement sans précédent de l’Union européenne, à peine 15 ans après la chute du mur. Ce n’est évidemment pas anodin, et nous en mesurons les conséquences dans nos vies quotidiennes au travers des politiques mises en place par nos institutions.

Certains effets de cet événement essentiel de notre histoire nous sont toutefois moins favorables dans un contexte de réformes successives de la PAC. Quelques fois on se prend à rêver qu’à l’instar du Président Kennedy devant le mur de Berlin, nos dirigeants s’écrient lors de l’élaboration du futur budget européen «Ich bin ein Bauer (je suis un agriculteur)».  

Dans ce cadre, il faut mentionner la demande politique très forte de certains Etats membres, déjà marquée lors de la dernière réforme, d’aller vers une répartition plus linéaire des aides directes entre tous les agriculteurs européens, vers un même montant moyen à l’hectare dans toute l’Europe. C’est ce que l’on appelle dans le jargon européen la convergence externe. Si l’idée semble louable au premier abord, elle résiste difficilement à l’analyse. En effet, les coûts de production, le prix de l’accès au foncier, le coût de la vie, sont loin d’être les mêmes partout en Europe. En outre dans nos régions, l’écart entre le revenu agricole moyen et celui du reste de la population augmente. L’atteinte du revenu comparable devient de plus en plus éloignée; ce qui n’est pas nécessairement le cas dans les nouveaux Etats membres. Aussi, toute noble qu’elle soit, la philosophie qui prône un droit unique à l’hectare à travers toute l’Union est certes belle et égalitaire, mais elle n’est ni réaliste ni équitable. C’est pour cette raison que la FWA continuera, dans le cadre des négociations de la future PAC, à revendiquer un modèle qui prenne en compte ces disparités de conditions de travail entre les agriculteurs de l’Union.

La Fédération Wallonne de l’Agriculture prépare aussi de son côté, un événement qui nous invitera à nous souvenir de l’histoire de nos mouvements et de leurs combats. Cette année, nous fêtons en effet le centenaire du syndicalisme agricole en Wallonie.

En mai dernier, un premier événement avait eu lieu dans les murs de notre Maison de l’Agriculture et de la Ruralité. Nous l’avions consacré à une réflexion sur la concertation sociale dans notre région, et l’importance d’en faire partie en tant qu’organisation représentative du secteur agricole. En cette fin d’année, la FWA prépare une nouvelle journée destinée à célébrer ces 100 ans d’histoire.

Le 12 décembre prochain, nous vous invitons donc à nous rejoindre à l’Espace Senghor des facultés de Gembloux, pour un forum qui nous permettra de faire une traversée du siècle écoulé avec des spécialistes de l’histoire sociale, technique et politico-économique de notre secteur. Avec eux, nous jetterons aussi un regard droit devant nous, pour envisager les perspectives qui attendent notre secteur dans le futur.

Cette journée, qui se veut festive autant qu’instructive, est ouverte à tous ceux qui souhaitent partager ce moment avec nous. Vous en trouverez le programme ICI.

Nous espérons avoir le plaisir de vous y retrouver en nombre !