Mise en avant du Blanc Bleu Belge

Cette semaine, l’émission radio Opinions de la FWA, diffusée le mardi soir sur la Première, met en avant la race Blanc Bleu Belge: on y parle de son histoire, mais aussi de ses avantages avec Thomas Demonty, conseiller Productions Animales au CAP. La capsule radio est disponible sur Auvio.

Pleinchamp : Bonjour Thomas, commençons par le commencement : quand et comment est apparue la race Blanc Bleu Belge ? 

Thomas Demonty : Jusqu’au XIXe siècle, les campagnes belges ont été peuplées d’une population assez hétérogène de bovins de type laitier. Dans les années 1850, des éleveurs belges ont eu vent de l’existence d’une race plus musclée venant d’Angleterre, la Shorthorn. Afin d’augmenter la production de viande de leurs animaux laitiers, ces éleveurs ont accouplés des animaux belges avec ces Shorthorn et ont ainsi créé la race de Haute et Moyenne Belgique qui est plutôt de type mixte (alliant une musculature moyenne et une bonne production laitière).

Pleinchamp : La race Blanc Bleu Belge d’aujourd’hui présente une musculature encore plus exceptionnelle. Comment a-t-on obtenu des animaux aussi musclés ?

Thomas Demonty : Encore et toujours par sélection, c’est-à-dire en sélectionnant quels taureaux accoupler avec quelles vaches. Il n’est donc pas du tout question d’OGM ou d’hormones!

Le tournant décisif fut pris entre 1960 et 1970 avec une nette préférence accordée au développement de la musculature. La réponse à cette sélection fut remarquable! Un nouveau type d’animaux apparaît, alliant une musculature imposante, un grand format et une ossature fine, mais solide. En 1973 la race Blanc Bleue Belge est officiellement née et est alors scindée en deux rameaux distincts: le BBB viandeux et le BBB mixte.

Le rameau mixte est actuellement menacé au regard du faible nombre d’animaux présents en Wallonie. Récemment, cette race a bénéficié d’un programme de subvention européen pour assurer sa sauvegarde, ce qui a permis d’avoir un réel regain d’intérêt pour ces animaux alliant production de viande et de lait.

En parallèle de ce rameau mixte, la sélection pour des animaux purement viandeux est intervenue en réponse aux conditions économiques de l’époque, ainsi qu’aux attentes des consommateurs pour une viande tendre et peu grasse. La plus-value octroyée pour les animaux mieux conformés a encouragé les éleveurs à réaliser des accouplements entre les sujets les plus viandeux. Le BBB viandeux est donc devenu une véritable race à viande dont les atouts majeurs sont le développement extraordinaire de la musculature, la qualité de sa viande (tendreté), l’efficacité alimentaire et la docilité.

Pleinchamp : Quelle est l’importance de cette race aujourd’hui, quels en sont les avantages ? 

Thomas Demonty : Actuellement, toutes races confondues, le BBB constitue 50% du cheptel national belge, notamment grâce à ces nombreux atouts: par exemple, la race BBB s’adapte facilement aux diversités de sols et de climats que lui imposent nos terroirs Belges. De plus, son tempérament très calme lui confère également beaucoup d’intérêt. Ce sont des animaux avec un rendement impressionnant ainsi que des avantages économiques pour toute la filière, y compris pour le consommateur.

Pleinchamp : Il n’y a cependant pas que la part économique qui importe. Le goût et la qualité de la viande sont aussi de plus en plus recherchés par le consommateur.

Thomas Demonty : Exactement! Produire une viande tendre et savoureuse a toujours été de la plus haute importance pour nos éleveurs car ils doivent répondre avant tout aux exigences du consommateur.

Pleinchamp : Mais qu’est-ce qui fait au final la qualité d’une viande ?

Thomas Demonty : Outre les aspects sanitaires qui sont une base acquise depuis longtemps dans nos pays, la qualité reste subjective. Certains préfèrent une viande plus/moins rouge, d’autres plus/moins grasse ou encore plus/moins goûtue. Le BBB est une viande avec une «maille» très fine qui lui procure une tendreté inégalée.

Pour ce qui est du goût, tout est une histoire de graisse et de physiologie du développement. Quand un animal se développe, les premiers tissus à être construits par l’organisme sont les os et l’ensemble du squelette. Ensuite se forment les muscles et, dans un troisième temps, le gras, exhausteur de goût qui apporte la saveur de la viande. Les fins gourmets qui désirent une viande très savoureuse seront comblés par la viande d’une vache Blanc Bleu Belge plus âgée, plus grasse et donc plus goûteuse!

Pleinchamp : À l’heure actuelle, avec les changements climatiques et la mise en avant de l’écologie dans de nombreux domaines, est-ce que le BBB peut répondre aux objectifs de réduction des gaz à effets de serre ?

Thomas Demonty : Tout à fait! La BBB est une race locale qui valorise l’herbe et les céréales que nous produisons en Belgique. De plus, grâce au pâturage, les bovins maintiennent les prairies, véritables puits à carbone. La BBB est aussi une viande locale: arrêtons de manger de la viande Brésilienne ou Américaine. Pour savoir ce que vous mangez, demandez à votre boucher ou regardez les étiquettes. Et n’oubliez pas, c’est meilleur quand c’est Wallon!

La prochaine émission radio Opinions FWA sera diffusée sur La Première le mardi 24 janvier à 23h12 et sera ensuite disponible sur Auvio. 

Troupeau de Blanc Bleu Belge

 

"Le Blanc Bleu Belge peut satisfaire un large panel de consommateurs"

Manu Laruelle
éleveur de Blanc Bleu Belge

Dans son exploitation située à Walleffes, Manu Laruelle élève et commercialise du Blanc Bleu Belge. Une race pour laquelle il se révèle intarissable, provoquant un flot ininterrompu de mots d'où se dégage véritablement la passion du travail bien fait. 

"Le Blanc Bleu Belge est une race qui a déjà connu une belle évolution avec des bêtes qui atteignent un tout bon poids et dont la qualité de la viande est véritablement top ! La chance du BBB, c'est de pouvoir satisfaire un large panel de consommateurs avec, d'un côté, les taureaux qui produisent une viande maigre, très diététique... Et d'un autre, des vaches qui fournissent une viande très rouge, très persillée, riche en goût." De quoi satisfaire le spectre le plus large de papilles exigeantes. "Et laisser augurer un avenir où le BBB a vraiment sa place" commente Manu Laruelle. 

Le seul bémol, selon l'éleveur, concerne ce climat ambiant actuellement véhiculé autour de la consommation de viande. "Certes, nous ne devons pas revenir au temps de nos grands-parents en en consommant trois fois par jour. Mais un minimum de viande est bon pour la santé. Notre alimentation en requiert. Il faut donc cesser ce matraquage médiatique selon lequel il faut complètement cesser d'en consommer. Au contraire, nous avons en Belgique des éleveurs qui effectuent un excellent travail. Soyons-en fiers, mangeons local... et arrêtons de décrier l'élevage. Il faut prendre conscience que nous avons des élevages liés au sol et que, grâce à nos vaches, nous avons des prairies. Lesquelles se révèlent de véritables puits à carbone et jouent un rôle considérable pour l'environnement."

Et Manu Laruelle de clôturer sur une note d'espoir. "J'espère que, à l'instar du beurre décrié à tout va voici 20 ans et aujourd'hui revenu sur le devant de la scène, la roue va également tourner pour la viande...".