«Il faut laisser un point d’accès à la rivière»
Julien Maréchal, agriculteur à Tenneville

«J’ai déjà clôturé une partie des berges qui traversent mes parcelles pâturées, mais j’attends avant de faire le reste qu’une position définitive soit prise. Par position définitive, j’entends de savoir s’ils vont rencontrer notre demande de laisser un point d’accès de 3-4 mètres de large et de 2 mètres dans le ruisseau, car les solutions alternatives ne nous conviennent pas. Nous avons regardé pour installer une pompe à eau. Mais il suffit qu’une crasse se place dans le filtre pour que les bêtes soient totalement privées d’eau. Avec les chaleurs estivales de ces dernières années, imaginez les dégâts que cela peut engendrer! De plus, nous obliger à pomper de l’eau dans les nappes phréatiques alors qu’il y a de l’eau de ruissellement à disposition à quelques mètres s’avère un non-sens. Franchement, où serait l’avantage écologique? De même, ils ne nous permettent pas de faire un gué avec des tuyaux de canalisation car, m’ont-ils dit, ils ont peur que des branches viennent s’y accumuler et créent des inondations. Et leurs castors alors? Et les ragondins dont les excréments altèrent la qualité de l’eau? Il faut absolument que la raison revienne car s’ils ne changent pas leur fusil d’épaule, ils vont dégoûter plus d’un éleveur à continuer leur activité professionnelle. Alors que le nombre de bovins est déjà en nette diminution… Nous avons envoyé un mail à la Ministre Tellier en ce sens. À ce jour, nous avons reçu un accusé de réception accompagné d’un mot indiquant que la réflexion se poursuit. L’espoir demeure…»
«6 km, qu’il me faudrait reclôturer tous les 2 ans!»
Yves Zacharie, agriculteur à Chiny
«La situation est simple: j’ai 6km de berges à clôturer! Je veux bien le faire, mais avec les crues de la Semois telles que nous les connaissons et qui rabotent chaque fois un peu plus les berges, on devrait réinstaller la clôture tous les 2 ans! Des berges qui, soit dit en passant, ne sont aucunement fragilisées par les vaches, mais bien par les castors et les rats d’eau qui pullulent en toute impunité. De même, dire que ce sont les vaches qui polluent est scandaleux, sachant que les eaux usées des villages aux alentours sont directement rejetées à la rivière, faute de station d’épuration».
Pour Yves, une autre difficulté d’importance se pose : «Depuis plusieurs générations et jusqu’à présent, les vaches vont boire dans trois abreuvoirs naturels, à même la rivière. Si je ne peux plus le faire, je devrai apporter quotidiennement 20.000 litres d’eau à 5 ou 6 places différentes! C’est quasi impossible. Sans compter qu’au vu de la taille du château d’eau local, si nous prenons cette quantité d’eau sur la conduite, les villageois vont se retrouver à sec. Autant dire que l’on risque une fois de plus d’être stigmatisé». Et Yves de se demander si ce n’est pas justement l’objectif. «Il y a quand même clairement une volonté de cibler l’élevage. Pourtant, si l’on y regarde bien, on fait vivre un tas de gens!»