Intoxication aux glands

En année de sécheresse, les chênes en souffrance produisent une quantité plus importante de fruits. Malheureusement, cet été 2022 fort sec a stimulé la production de glands. Ils tombent précocement des arbres et se retrouvent en grande quantité dans les prairies. Les ruminants en sont particulièrement gourmands. Néanmoins, les glands sont toxiques, voire mortels.

Aline Lecollier, conseillère sanitaire au Service d’Etudes de la FWA

La clinique des ruminants de la Faculté de Médecine Vétérinaire de Liège nous a fait part de cas mortels d’intoxication de rumination suite à l’ingestion de glands. Ces fruits doivent donc être, cet automne, une des préoccupations des éleveurs car les pertes peuvent s’avérer importantes.

Toxicité du chêne

La toxicité du chêne est due aux tanins présents principalement dans les glands «verts», mais elle est aussi présente dans les bourgeons et l’écorce. Cette toxicité devient inexistante lorsque le gland est bien mûr (marron et sec). Il est important de noter que plus l’arbre est jeune, plus la toxicité est importante.

Symptômes digestifs et métaboliques

Dans un premier temps, le rôle irritant des tanins va provoquer des lésions sur l’ensemble de la muqueuse digestive. Par la suite, en fonction de la quantité de glands ingérés, l’éleveur va observer des troubles de rumination, de la constipation ou, à l’inverse, une diarrhée «noirâtre», de l’apathie (animal mou) ou encore de l’anorexie. En règle générale, les premiers symptômes apparaissent entre 1 et 4 semaines après la consommation de glands.

Lorsque les tanins sont dégradés dans le rumen, des lésions supplémentaires vont apparaître au niveau rénal et hépatique. L’urine va devenir jaune foncé à brun et, lorsque la maladie va s’aggravée, l’insuffisance rénale va s’installer et l’urine va devenir transparente (comme de l’eau). Dans 80% des cas, la mort de l’animal survient lorsque les troubles rénaux apparaissent.

Dose toxique

La dose toxique n’est pas connue avec précision. Mais il semblerait que l’ingestion d’1kg de glands vert /jour pendant 15 jours soit suffisant pour intoxiquer un bovin.

Traitement et pronostic

Il n’existe pas d’antidote pour contrer les toxines. Le traitement est unique, symptomatique et très contraignant. La gestion des animaux malades ne peut se faire en ferme et nécessite une hospitalisation. En effet, il faudra mettre en place, entre autres, une réhydratation par perfusion en intra-veineuse, des purgatifs, des pansements intestinaux… Le pronostic est plutôt sombre, voire désespéré.

Prévention

La gestion est compliquée car la mesure principale est de limiter l’accès des animaux aux glands. Cela implique de clôturer les zones à risque. Lorsque l’herbe vient à manquer et que les glands sont à disposition, une des pistes de solutions consisterait à complémenter fortement les animaux en fourrage pour limiter l’impact. Néanmoins, si les animaux sont constamment sous les chênes, la seule solution pour éviter tout risque est de les isoler.