Ce 8 mars, la Commission européenne a présenté une série de propositions visant à réduire de 2/3 ses importations de gaz en provenance de Russie avant la fin de l’année. Ce plan, baptisé REPowerEU, prévoit la diversification des sources d’approvisionnement en gaz, l’augmentation de la production interne en biogaz et l’accélération de la transition vers les énergies renouvelables. 

Ronald Pirlot

 

Concrètement, REPowerEU repose sur deux piliers. Le premier prévoit la diversification des sources d’approvisionnement en gaz via des importations plus élevées de GNL et de gazoducs en provenance de fournisseurs non russes. Il prévoit aussi de stimuler l’utilisation du biométhane et de l’hydrogène renouvelable. Le plan vise une production de biométhane de 35 milliards de mètres cubes (contre un objectif actuel de 17 milliards) en utilisant des sources de biomasse durables tels que les déchets et les résidus agricoles. 
Le second volet concerne la réduction rapide de l’utilisation des combustibles fossiles dans les maisons, les bâtiments et l’industrie, en augmentant les énergies renouvelables (pompes solaires, éoliennes et thermiques). A cet égard, la Commission annonce qu’elle examinera dans les prochaines semaines comment atténuer les obstacles réglementaires afin d’accélérer l’obtention de permis d’énergies renouvelables. 
A terme, l’objectif de ce plan est de rendre l’Europe totalement indépendante des combustibles fossiles russes avant 2030. «Nous ne pouvons tout simplement pas compter sur un fournisseur qui nous menace explicitement. Nous devons agir maintenant pour atténuer l’impact de la hausse des prix de l’énergie, diversifier notre approvisionnement en gaz pour l’hiver prochain et accélérer la transition vers une énergie propre» a déclaré la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen. 

Copa et Cogeca soutiennent l’option…

Concernant l’augmentation de la production de méthane, le Copa et la Cogeca se félicitent de cet objectif global. «Car nous pensons que la production de biogaz renouvelable est un segment qui présente encore un grand potentiel pour contribuer à rendre la consommation de gaz de l’UE plus durable, tout en atténuant notre dépendance extérieure à l’égard de la Russie. La digestion anaérobie permet également de produire davantage d’engrais organiques à partir de digestats destinés à la pratique agricole, conformément aux attentes du pacte vert pour l’Europe».

Avec un objectif de production de 35 milliards de mètres cubes de biométhane (pour 3 milliards actuellement), les organisations représentatives des agriculteurs au niveau européen soulignent la nécessité «d’une mobilisation sans précédent de matières premières durables certifiées à base de biomasse, principalement des déchets et des résidus agroalimentaires, ainsi que la construction de milliers de nouvelles unités. Le secteur agricole est prêt à contribuer à ce défi sans précédent».

Tout comme le Copa et la Cogeca rappellent qu’en matière d’énergie solaire sur les toits ou de pompes à chaleur, les bâtiments agricoles présentent un potentiel bien connu qu’il serait inopportun d’oublier.

… mais quid des autres sources de bioénergie?

La simplification administrative annoncée dans l’obtention des permis pour de nouveaux projets d’énergie renouvelable est également saluée par les organisations représentatives des agriculteurs.

Par contre, le Copa et la Cogeca se disent choqués par le manque de référence pour les autres formes de bioénergie, comme les biocarburants et la bioénergie solide. «Une approche unique dans le bouquet énergétique de l’UE serait une erreur stratégique».

Tout comme ils regrettent que la question brûlante des prix et des marchés des engrais ne soit que partiellement abordée dans cette communication. «Nous espérons que l’autre communication clé attendue pour le 23 mars sur la résilience de la chaîne alimentaire proposera des réponses plus robustes aux agriculteurs. Les prix des engrais sur le marché européen sont à des niveaux historiques depuis près d’un an maintenant, bien au-dessus de 600 €/tonne pour le plus utilisé. Malgré les appels répétés de Copa-Cogeca à une action politique au niveau européen, rien de significatif n’a été fait jusqu’à présent, la nécessité d’agir est urgente!».

 

LIRE AUSSI CETTE INFO "DES SOLUTIONS POUR VOTRE ENERGIE"