En avoir le coeur net

C’est une assertion que nous entendons régulièrement, que ce soit en société, sur le net ou les réseaux sociaux, lors d’une discussion anodine à la boulangerie ou sur un coin de trottoir… « Acheter directement chez les producteurs? J’aimerais, mais… je n’ai pas les moyens». Ah bon? Les prix des matières premières seraient-ils vraiment plus chers chez les petits producteurs? L’équipe du Pleinchamp a mené l’enquête sur le terrain pour en avoir le cœur net.

Olivia Leruth

Sac à cabas en main, nos «enquêteurs» se sont attelés à faire la chasse aux prix des denrées alimentaires les plus communes. Un panel simple, mais efficace: steak de bœuf, haché porc-bœuf, cuisses de poulet, pommes de terre, carottes, poireaux, chicons, pommes et poires, que chacun s’est enquis d’aller acheter. Muni de sa précieuse liste de courses, chacun s’est déployé dans les quatre provinces, à l’assaut d’au maximum deux commerces locaux et d’une grande surface proche de ceux-ci. Résultat? Une réalité des prix nettement plus nuancée que ne le présageait les idées reçues.

Les magasins locaux moins fournis

Sac à cabas en main, nos «enquêteurs» se sont attelés à faire la chasse aux prix des denrées alimentaires les plus communes. Un panel simple, mais efficace: steak de bœuf, haché porc-bœuf, cuisses de poulet, pommes de terre, carottes, poireaux, chicons, pommes et poires, que chacun s’est enquis d’aller acheter. Muni de sa précieuse liste de courses, chacun s’est déployé dans les quatre provinces, à l’assaut d’au maximum deux commerces locaux et d’une grande surface proche de ceux-ci. Résultat? Une réalité des prix nettement plus nuancée que ne le présageait les idées reçues.

Une qualité pas toujours homogène, surtout pour la viande

Deuxième constat: la qualité des aliments disponibles n’est souvent pas comparable. Dans certaines grandes surfaces, le prix du steak est clairement moins cher, mais il s’agit presque toujours de steak pelé. Dans les boucheries à la ferme que nous avons visitées, on nous propose principalement de l’aloyau, un morceau qui provient du dos de l’animal, plus tendre et plus gras. Ce qui implique également plus de goût, mais aussi un autre prix. Un des bouchers rencontrés nous confie également une info de taille: «la viande de mon comptoir ne provient que de mes meilleures bêtes. Je n’engraisse que les femelles, avec une ration prévue pour donner du goût à la viande. Les taureaux, eux, sont vendus et engraissés rapidement. Ce sont les morceaux que l’on retrouve dans les supermarchés de la région». Une seule grande surface proposait une viande «de génisse» en provenance des Ardennes. Son prix: 27,42€/kilo.

En ce qui concerne la viande hachée, les prix les moins chers sont le plus souvent constatés dans les boucheries locales (entre 9 et 14,8€/kilo, contre une offre qui se situe entre 10,59 et 16€/kilo pour les supermarchés), alors même qu’un simple regard au produit laisse présager des proportions différentes de gras, et pas forcément pour les hachés les moins chers… Le haché emporte donc la palme du produit le plus souvent surcoté en grandes surfaces, la faute aux nombreuses promos? La question mérite d’être posée.

Des variations importantes en légumes

Troisième constat: du côté des légumes, les disparités peuvent s’avérer impressionnantes et, surtout, peuvent réserver quelques surprises. Si l’on prend l’exemple des carottes, l’offre la moins chère est à 0,79€/kilo pour un produit importé vendu en supermarché, et l’offre la plus chère se situe à 2,99€/kilo pour… un produit importé vendu en supermarché. Les poireaux et les chicons varient eux aussi fortement. Cela va de 1,95€/kilo (producteur local) à 4,20€/kilo (coopérative de producteurs) pour les poireaux et de 1,85€/kilo (producteur local, culture en hydroponie) à 7€ (producteur local, culture en pleine terre) pour les chicons.

Une productrice nous livre cependant un début d’explication à ces disparités: «Pour les carottes et les poireaux, c’est compliqué. Les prix peuvent être très différents en fonction du stock. Nous approchons tout doucement de la fin des stocks de carottes de l’année dernière, les nouvelles ne sont pas attendues avant un mois, un mois et demi…»

Les locaux toujours moins chers pour... les produits locaux

Quatrième constat : certains produits locaux ont été retrouvés à la fois dans un commerce local partenaire ET dans un supermarché. Dans ces (très) rares cas, le verdict est sans appel: le produit local concerné était toujours plus cher dans le supermarché que dans le commerce local visité (qui n’en était pas le producteur). 

En conclusion

  • Si l’offre des magasins locaux est dans la majorité des cas plus réduite, la qualité des aliments retrouvés y est généralement supérieure.
  • Chacun des commerces locaux visités offrait des produits parmi les moins chers de l’offre globale, souvent sur une spécialité (chicons, pommes de terre,…).
  • A qualité égale (chicons en pleine terre par exemple), le coûts des produits est moins élevé dans un commerce local que dans une grande surface.
  • Les disparités entre magasins locaux sont encore impressionnantes et s’adaptent sans doute plus à la région fréquentée qu’au coût réel de production.

En conséquence, si vous avez le temps, n’hésitez pas à pousser les portes des commerces locaux, vous serez très souvent gagnant. Et si la montre joue contre vous, n’hésitez pas à privilégier les grandes surfaces où sont proposés des produits locaux dont la vente profitera aux producteurs de votre région.