Le conflit qui vient d’éclater aux portes de l’Europe aura immanquablement des conséquences sur notre agriculture. Pour parler de ces impacts sur nos élevages, nous avons interviewé Henri Herman, président de la commission «Productions animales» de la FWA.

 

herman  «On le sait, l’Ukraine est un poids lourd sur le plan agricole. Les céréales ukrainiennes étaient évidemment très présentes sur un marché mondial   déjà tendu. On constate déjà un impact important sur les marchés dès le début du conflit, et on peut s’attendre à ce qu’il s’intensifie si cette guerre,   malheureusement, perdure. Très logiquement, on va donc subir une hausse du prix de l’alimentation des animaux. Celle-ci risque d’impacter   fortement le secteur bovin et plus encore les producteurs de viande, qui sont encore plus dépendants de ces matières premières. Sur une   alimentation animale déjà très chère suite au covid et aux prix très élevés du gaz et du pétrole, cette nouvelle augmentation risque de faire très mal   aux trésoreries de nos élevages.

En parallèle, on va voir aussi très certainement apparaître des conséquences sur le marché de la viande lui-même. On a vu une hausse du prix de la viande se dessiner suite au covid, et on devrait très logiquement rencontrer un renforcement de ce phénomène suite à ce conflit. D’une part, au vu du prix des aliments, on aura sans doute des animaux moins gras sur le marché, et d’autre part, l’absence de main d’œuvre ukrainienne pourrait se faire sentir chez certains opérateurs.

Cet appel d’air et la hausse du prix qui pourrait en résulter ne donneront hélas pas beaucoup d’oxygène à nos exploitations d’élevage, puisque les marges qui pourraient s’en dégager seront largement englouties par la hausse des coûts de production tant via le prix de l’alimentation, que des autres intrants ou carburants.

Il va de soi que le conflit russo-ukrainien devrait s’imposer comme un sujet de fond dans nos futurs travaux en commission «Productions animales», car ses impacts promettent de peser sur nos fermes dans les mois à venir.»