La mortalité des populations d’abeilles est une préoccupation majeure pour tous : apiculteurs-bien sûr- comme agriculteurs. Au-delà du cadre légal, depuis plusieurs années, une collaboration fructueuse s’est mise en place entre ces deux secteurs, afin de travailler main dans la main à la nécessaire lutte contre cette mortalité, avec des effets déjà perceptibles et chiffrables.

Anne Pétré

 

La mortalité des abeilles est un phénomène inquiétant. Auxiliaires indispensables à la fertilisation de nombreux végétaux, nos abeilles voyaient depuis plusieurs années leurs populations diminuer de façon importante.  C’est ainsi que lors de la saison apicole 2012 - 2013, le taux de mortalité hivernale des colonies d'abeilles domestique s'élevait à plus de 30 %.

Dès 2012, un cadre légal axé sur la lutte contre la mortalité a été instauré au niveau fédéral et Régional (le plan Maya).

 

Surveiller et agir

Ces deux plans visent à lister, d’abord, les raisons probables de cette chute drastique de nos populations d’abeilles. Bien sûr, n’en faisons pas mystère, certaines pratiques agricoles ont été pointées du doigt, dont essentiellement l’usage de certains pesticides.

Mais c’est loin d’être le seul facteur explicatif. En effet, un certain nombre de pathologies touche nos ruches, dont notamment l’infestation des colonies par un parasite, le varroa, petit acarien qui se nourrit de la lymphe des abeilles. Autre explication, la diminution des défenses immunitaires de ces abeilles, causée notamment par une sélection trop poussée axée sur la productivité mellifère. La réduction des ressources alimentaires disponibles est aussi un élément important, tout comme l’apparition ou le développement de certaines espèces invasives.

Ce constat tiré, tant le plan fédéral que le plan régional prévoient un certain nombre d’actions destinées à contrer ces menaces.

Le plan abeilles prévoit ainsi notamment le renforcement au niveau fédéral du suivi vétérinaire des populations d’abeilles et une plus grande disponibilité des produits nécessaires aux soins apicoles. Il relève le besoin d’un suivi accru de l’évolution de la mortalité, avec une évaluation de ses causes présumées. Il préconise l’analyse de l’impact de l’utilisation de certains produits phytosanitaires et encourage le développement d’une politique de sensibilisation aux gestes à poser pour favoriser le redéveloppement de ces pollinisateurs.

 

Tous les acteurs au front

Du côté du plan wallon, c’est ce dernier aspect qui est particulièrement appuyé, via une participation active des collectivités locales et des citoyens à la mise en oeuvre de gestes favorables, en particulier dans la gestion des jardins privés ou des espaces publics dans une philosophie axée sur la multiplication des zones refuges et des lieux à forte présence de plantes mellifères. Un soutien accru au secteur apicole est aussi de mise via la formation, un renforcement du monitoring des populations, la mise à disposition d’outils d’aide à la prise de décision, la lutte contre les prédateurs entre autres.

Par son occupation d’une large part du territoire wallon, le secteur agricole a un rôle majeur à jouer. Un rôle dont les agriculteurs ont pleinement pris conscience, et qu’ils ont à cœur de remplir. Ainsi, parmi les mesures agroenvironnementales et climatiques qu’applique notre secteur, nombreuses sont celles dont l’une des missions est de participer à redonner aux abeilles des sources d’alimentation diversifiées. Ce maillage écologique réalisé sur base volontaire, rappelons-le, joue un rôle non négligeable.

 

Une agriculture wallonne volontaire

Enfin, le risque phytosanitaire a également été observé de très près, et les pratiques ont considérablement évolué. Le risque d’un produit phytosanitaire pour les populations d’abeilles doit, depuis 2009, faire partie des éléments à prendre en compte lors de l’agréation d’une molécule.

Au-delà de ces aspects légaux, une collaboration constante s’est désormais installée entre notre secteur et les apiculteurs. La FWA a, à plusieurs reprises, travaillé avec le Cari (une asbl dont l’objectif est de soutenir l’activité apicole à Bruxelles et en Wallonie) pour organiser des rencontres et des formations au bénéfice de nos deux secteurs d’activité.

Le bilan de ces multiples axes d’action est indéniablement encourageant, puisque la tendance de la mortalité des abeilles a retrouvé une courbe négative marquée : entre 2012 et 2018, la mortalité des populations d’abeilles a en effet diminué de moitié.

Du côté de la FWA, nous continuerons à collaborer pleinement avec le Cari asbl, dans un esprit d’écoute des préoccupations de nos secteurs respectifs, et à encourager les agriculteurs à continuer les efforts accomplis dans le cadre du défi du redéveloppement de la biodiversité.

 

 

abeillesZOOM FWA

  • Depuis plusieurs années, la FWA entretient avec le monde de l’apiculture une relation basée sur le dialogue et l’écoute des préoccupations des deux secteurs.

 

 

  • La FWA se réjouit de voir que les efforts conjugués des acteurs concernés (apiculteurs, citoyens, collectivités locales, agriculteurs) portent leurs fruits et permettent une réduction drastique de la mortalité de nos populations d’abeilles.
  • La FWA rappelle qu’une politique transversale est cruciale pour atteindre les objectifs de réduction de mortalité des abeilles, et qu’en aucun cas, le secteur agricole ne peut porter seul la responsabilité de celle-ci : une action des citoyens, des communes et une formation continue des apiculteurs doit impérativement se poursuivre pour renforcer l’évolution vertueuse constatée aujourd’hui.
  • La FWA a à cœur de soutenir le secteur agricole dans sa participation active au redéveloppement de la biodiversité, dans une logique environnementalement responsable, mais aussi économiquement et agronomiquement réaliste.
  • La FWA soutient pleinement le projet de l’UPV de créer un réseau de veille vétérinaire du secteur apicole, afin de permettre à la fois un meilleur encadrement des apiculteurs, et une analyse plus pointue des causes de mortalité aigüe chez les abeilles.

 

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