Après les auditions du 14 janvier dernier en Commission du Parlement de Wallonie chargée des questions européennes consacrées à la dimension européenne de la Politique agricole commune (PAC), cette fois, c’est la Commission de l’Economie, de l’Aménagement du Territoire et de l’Agriculture qui a décidé de se lancer dans des auditions sur l'agriculture et en particulier sur la transposition de la future nouvelle PAC en Wallonie.

 

José Renard

 

En effet, la nouvelle programmation 2021-2027, dont les instruments sont toujours en discussion au niveau européen, comportera de nombreuses nouveautés, dont l'architecture verte et les mécanismes de soutien aux agriculteurs pour répondre aux enjeux climatiques et aux nouvelles attentes de la société.  La Région wallonne doit ainsi élaborer un plan stratégique qui pour la première fois couvrira les deux piliers de la PAC, pour transposer dans les balises définies par l'Europe, cette nouvelle programmation PAC.

 

En outre, dans le contexte de la crise Covid, les prises de position se multiplient au sujet du contenu futur du plan stratégique wallon. A l’instar de notre agriculture diversifiée et plurielle, les avis sont multiples et les attentes nombreuses. Pour se forger leur avis, les parlementaires wallons ont dès lors décidé d’auditionner un très large panel d’intervenants pour écouter les représentants du secteur agricole au sens large et entendre un maximum de points de vue.

A cette fin, quatre journées de travaux ont été prévues, les trois premières seront consacrées à des auditions alors que la quatrième sera réservée au débat politique entre parlementaires. Concernant les trois journées d’audition, la première est dédiée aux enjeux généraux. La deuxième journée d’auditions traitera plus des approches sectorielles, pour aborder les fruits et légumes, l’élevage, le secteur laitier ou les pommes de terre.  Enfin, au cours de la troisième journée d’auditions, l’architecture verte, la ruralité et les enjeux de relocalisation, seront traités.

C’est ainsi qu’en tant que secrétaire général de la FWA, j’ai eu, ce jeudi 11 février, le redoutable honneur d’ouvrir le bal lors de la première session consacrée aux enjeux généraux.

 

Huit autres organisations étaient également invitées à exposer leur point de vue. On retrouvait du côté des organisations agricoles reconnues : la FJA, le Bauernbund, et la FUGEA. Le Mouvement d’action paysanne (MAP) faisait également partie des intervenants.  Du côté plus institutionnel, se retrouvaient le CRA-W, le Collège des producteurs et Natagriwal. Enfin le dernier invité du jour était l’ONG spécialiste de la biodiversité Natagora. Vu le grand nombre d’interventions, celles-ci étaient limitées à 15 minutes et les débats politiques renvoyés à la dernière journée de travail.

 

Mon intervention reposait sur les 10 priorités de la FWA pour la PAC et en premier lieu la défense et la promotion de notre modèle d’agriculture familiale procurant un revenu décent à nos agriculteurs. Les travaux menés de façon intensive en GT PAC et les positions validées par le Comité directeur syndical sont également à la base de cette intervention qui a aussi été l’occasion de quelques rappels à l’intention des parlementaires comme l’impératif d’une véritable simplification ou la nécessité de progresser sur la définition de l’agriculteur actif. Par ailleurs si un travail technique très intense a déjà été mené par l’administration wallonne avec un groupe très large de parties prenantes, celui-ci apparait comme trop compartimenté et des orientations politiques sont nécessaires pour avancer dans l’élaboration du plan stratégique wallon.

Concernant l’architecture des paiements directs, les grands enjeux des choix wallons résident aux yeux de la FWA dans l’activation des disposition européennes permettant le maintien des aides couplées à leur niveau actuel pour soutenir les revenus dans le secteur de l’élevage herbivore, dans mise en œuvre de la convergence interne selon le modèle du tunnel, dans le maintien du paiement redistributif au moins à son niveau actuel en gardant le déplafonnement et dans un régime véritablement attractif en faveur des jeunes. Le tournant déjà effectué au sujet de l’architecture verte est bien réel et ne peut être minimisé. Il est important de garder une conditionnalité proportionnée et de ne pas vouloir tout régler par ce canal. Il faut garder de la place pour une approche adaptée à la réalité des exploitations avec des éco-régimes accessibles au plus grand nombre et des mesures agri-environnementales pluriannuelles.

 

En conclusions, la FWA adresse les recommandations suivantes aux parlementaires

  • La PAC actuellement en négociation contient un vrai virage vert à ne pas minimiser
  • Toutes les mesures du plan stratégiques auront un impact potentiellement important sur le revenu de tous les agriculteurs. Il est indispensable d’analyser les impacts des différents scénarios envisagés en prenant en compte l’importance de l’approche cumulée des différentes interventions
  • Ne laisser aucune exploitation familiale au bord de la route
  • Le futur plan stratégique wallon doit viser une PAC qui accompagne toutes les exploitations vers plus de durabilité (3 piliers) et pas être le prétexte à une révolution déguisée.
  • Une PAC facile à expliquer et à appliquer constitue un impératif
La FWA a participé ce jeudi 11 février à la première des 4 sessions d’auditions organisée par la Commission chargée de l’Agriculture au Parlement wallon, auditions consacrées au futur plan stratégique wallon sur la PAC. Cette session était dédiée aux enjeux généraux. Les 10 priorités de la FWA pour la PAC en particulier la défense et la promotion de l’agriculture familiale couplée à l’obtention d’un revenu décent ainsi que les positions débattues en GT PAC et validées par le Comité directeur syndical ont guidé l’intervention du SG de la FWA. Celle-ci portait sur les enjeux en matière de paiements directs et d’architecture verte tout en rappelant certaines demandes transversales comme la définition de l’agriculteur actif et l’impératif d’une véritable simplification.