Vous en avez l’habitude, nos secrétariats FWA sont là pour vous soutenir dans vos projets et vos démarches. Au lendemain des inondations, nous avons voulu savoir comment les secrétaires qui travaillent dans les régions les plus éprouvées de Wallonie, ont pu poursuivre leur travail malgré tout, et rester au service des agriculteurs de leurs zones. Malgré les dégâts subis, ils ont tous rapidement trouvé des alternatives pour rester proches de leurs clients, et assurer un accompagnement impeccable pour tous ceux qui traversent des situations dramatiques.

Anne Pétré

 

Alain Beaupain – Theux

«On avait annoncé de grosses averses mercredi, je travaillais au bureau de Vielsalm, avec Anna, notre employée spécialisée en TVA. Déjà la route pour rejoindre Vielsalm était difficile, partiellement inondée.

Pendant midi, j’ai été contacté par le propriétaire du bâtiment de Fiscalifwa 4 Vallées à Theux, qui voulait m’alerter de la situation qui commençait à être préoccupante sur place. La rivière, la Hoëgne, qui passe juste derrière nos locaux de Theux, était pourtant encore basse la veille à 19h30, donc je n’étais pas inquiet.

Mais quand je suis arrivé à Theux vers 15h, le centre-ville était sous eaux, les bureaux déjà inaccessibles, pour vous dire à quel point tout a été rapide et brutal. Un policier m’a expliqué qu’ils allaient lâcher les eaux des barrages de la Gileppe et d’Eupen et que la situation risquait encore d’empirer dans les heures qui suivent. Je ne pense pas qu’il soit nécessaire de préciser comment les choses ont évolué, en effet…

Mercredi, jeudi, vendredi, je n’avais pas d’accès au bureau. J’ai enfin pu y rentrer le samedi, où on a découvert l’état des lieux: l’eau était montée jusqu’à 1m70 dans les locaux. Les dossiers étaient sous eau…. Heureusement, j’avais mon portable avec moi, ce qui me permet d’encore accéder via les serveurs externes à toutes les données informatisées, afin qu’on puisse continuer à travailler et à aider les gens qui en ont besoin …

A défaut de pouvoir travailler à Theux, où il n’y a plus de téléphone, ni d’électricité, ni de connexion internet, nous travaillons donc à distance depuis les bureaux de Vielsalm, Beaufays, et Stavelot.

Mon domicile est fort heureusement intact, mais la maison de mes filles est touchée, mon beau-frère est resté trois jours à l’étage de sa maison sans que nous puissions le joindre ou le ravitailler, mes bureaux sont inutilisables, ma voiture est noyée, et le garage qui devrait la réparer est dévasté. Si j’explique cela, ce n’est pas pour raconter ma vie, c’est pour faire comprendre que les gens qui habitent nos régions sont, au mieux, dans ce genre de situations, où ils doivent mener plusieurs chantiers de front et régler bien des difficultés, quand ils ne traversent pas en plus des deuils, ce qui est encore autrement plus grave!

Pour ma part, j’ai bien l’intention, avec mon frère et associé Eric, qui gère les dossiers d’assurance, de mettre toute mon énergie au service de nos clients, car la situation ici est dramatique. Nous avons, dès le départ, été sur le pont pour écouter nos clients, rentrer leurs déclarations de sinistre, et régler aussi vite que possible tout ce qui devait l’être. Nos clients sont parfois dans une telle situation que mon frère leur propose de les accueillir pour qu’ils puissent accéder à une salle de bain, ou leur propose un repas chaud… C’est vraiment apocalyptique!

Les déclarations de sinistre en ligne sont peut-être faciles pour ceux d’entre-nous qui ont l’habitude de l’outil informatique, mais pour les personnes plus âgées ou dans une situation de grande détresse, notre aide est cruciale et nous sommes là pour l’apporter.

Je suis particulièrement fier des agriculteurs de notre région: ils ont été d’une solidarité magnifique!

Ils ont immédiatement démarré avec les tracteurs, les pompes, les tonneaux, pour venir en aide à la population. J’ai vu des agriculteurs rouler au milieu des eaux, dans des conditions où ils mettaient leur matériel en péril, pour aider la population.

Pendant les 4 ou 5 premiers jours, partout où nous allions dans les zones sinistrées, il y avait des tracteurs et des tonneaux. Je pense qu’on peut dire aujourd’hui que les agriculteurs sont notre meilleure protection civile rurale!

Certains agriculteurs sont fortement touchés…. Comme la région est très vallonnée, il y a même eu des glissements de terrain…. Les prairies noyées, les céréales prêtes à être récoltées sont inondées, les chemins d’accès sont éventrés…. C’est très impressionnant. Les pompiers ont sauvé une vache en bord de rivière, je ne sais même pas d’où elle venait. Malgré ces difficultés dans leurs fermes, les agriculteurs ont d’abord été aux côtés des sinistrés, et c’est fantastique!

Forcément, dans les semaines à venir, les agriculteurs devront aussi se faire indemniser, via les calamités. Le secrétariat est évidemment là pour les aider pour toutes leurs démarches, on travaille à la débrouille, avec les moyens du bord, mais on est là, bien déterminés à les accueillir et les aider aussi efficacement que d’habitude !

On espère aussi que les administrations qui entourent l’agriculture seront indulgentes pour les éventuels retards occasionnés par ce qui vient de nous arriver. La semaine dernière, alors que nous avions encore les pieds dans l’eau, j’ai été contacté par l’administration fiscale qui voulait obtenir des documents complémentaires dans un dossier de contrôle… sincèrement, je ne l’ai pas très bien pris: nous avions – et avons encore- bien d’autres choses à gérer!

Je suis plein d’énergie pour aider les sinistrés, dont évidemment nos agriculteurs. A titre personnel, je n’ai perdu que du matériel, j’ai toujours une maison où rentrer le soir, et tous mes proches sont sains et saufs…. Quand on voit ce qu’ont vécu beaucoup de familles de notre région, et ce qu’elles traversent encore aujourd’hui, il faut s’estimer chanceux d’être là, et en tirer la motivation pour faire son travail et pouvoir soutenir ceux qui en ont besoin!»

 

Amaury Bielen – Pepinster

«Notre agence a pris l’eau, mais à hauteur de plinthes seulement, donc rien de grave, on a juste dû nettoyer, ce qui est vraiment un moindre mal, au regard de ce que vivent les habitants de notre région. La cave, par contre, où se trouve tous les «techniques» a été intégralement inondée: nous n’avons plus de système informatique, plus de réseau, plus d’électricité… Donc, nous avons mis en place des solutions d’urgence pour pouvoir assurer le service, car au vu de la situation dramatique que vivent beaucoup de nos clients, nous nous devons d’être là!

Heureusement, nous avons une solution de «repli» avec les bureaux situés à Battice, d’où nous travaillons la plupart du temps et vers où nous avons dévié les lignes téléphoniques afin de rester joignables. Nous avons organisé deux demi-journées de permanence aussi à Pepinster, pour être au plus près des clients les plus touchés.

Il y a bien sûr énormément de boulot, beaucoup de dossiers de sinistres nous sont déjà parvenus: plus de 300 jusqu’ici.

Il y a quelques exploitations touchées, des étables inondées, des installations endommagées, des terres noyées, etc.

Avec le retrait des eaux, nos agriculteurs commencent à revenir vers nous pour décrire les situations qu’ils vivent, et notamment des prairies rendues non pâturables, car l’eau a laissé derrière elle des détritus, des cailloux, …  Nous leur conseillons de prendre des photos et de préparer les déclarations qu’ils enverront ultérieurement aux communes. Bien sûr, il ne faudra pas traîner des mois, mais nous encourageons tout de même nos agriculteurs à patienter quelques jours, afin de permettre aux autorités communales de gérer en priorité les urgences majeures, qui sont nombreuses. Bien évidemment, nous sommes disponibles et à leurs côtés pour gérer les impératifs, et nous serons là pour les aider à poursuivre leurs démarches d’indemnisation, et tout ce qui sera nécessaire pour faciliter les choses pour les exploitants.

La commune de Trooz est dévastée, Pepinster aussi… il n’est pas facile de traverser ces communes sans avoir une boule dans la gorge devant les maisons éventrées et les traces bien visibles des drames humains derrière les décombres. Les agriculteurs ont bien perçu, et spontanément compris qu’il est plus important d’assurer d’abord le bien-être de la population avant de gérer les pertes agricoles.

Au-delà de cette compréhension des difficultés de la population, nos agriculteurs ont aussi fait preuve de beaucoup de solidarité et n’ont pas compté leurs heures, au service de la population.

La solidarité qui est née de cette catastrophe, et en particulier de la part de notre secteur, c’est vraiment la belle image à retenir de ce que nous traversons.»