Le 7 décembre dernier, à la demande du COPA et de la coalition European Livestock Voice (qui regroupe un bon nombre d’organisations européennes de la filière de l’élevage et de la viande et ses co-produits), la FWA a largement contribué à organiser la visite du Commissaire européen et vice-président Frans Timmermans dans une ferme familiale wallonne. Au-delà de nos actions vers le Gouvernement wallon sur le dossier PAC, ce type d’évènement participe au travail de fond qu’il est indispensable de mener pour sensibiliser nos responsables politiques de tous niveaux, à nos réalités agricoles. Qui est Frans Timmermans et pourquoi sa visite est-elle importante? On vous explique tout!
Anne Pétré
Frans Timmermans est le numéro 2 de la Commission européenne: il en est le vice-président et est en charge du Pacte vert européen et des stratégies climatiques.
Cette définition des fonctions de Monsieur Timmermans devrait suffire à vous convaincre de l’intérêt de le recevoir, et de lui montrer comment fonctionne une ferme familiale wallonne typique.
C’est ce que nous avons fait ce 7 décembre, en l’accueillant dans l’exploitation de François-Hubert et Stéphane Van Eyck, à Corroy-le-Château, près de Gembloux.
Les deux frères exploitent ensemble une ferme de polyculture-élevage avec un troupeau viandeux et un troupeau laitier. Chez les Van Eyck, on retrouve le modèle typique de nos fermes familiales wallonnes: un élevage lié à la prairie, une alimentation des troupeaux essentiellement produite sur la ferme, des productions végétales soignées, une observance stricte des normes en vigueur, et une ferme volonté d’évoluer vers toujours plus de durabilité…
Un tableau qui pourrait sembler idyllique à un observateur extérieur, si ce n’est que comme bon nombre d’agriculteurs familiaux, les deux frères se posent beaucoup de questions, et s’inquiètent pour l’avenir du secteur.
Le Commissaire Timmermans, en visitant la ferme accompagné des deux frères, a pu découvrir au fil de leur témoignage le vécu très concret de Stéphane et François-Hubert.
Il n’a pu ignorer, en les écoutant, que les questions d’environnement, de bien-être animal et de qualité sont bel et bien au centre de l’attention et des pratiques de l’agriculture de notre région.
Pour compléter cet exposé, la FWA avait invité sur place le professeur Bernard Heinesch, de la Faculté de Gembloux AgroBioTech (ULiège) et Adrien Paquet, agriculteur à Dorinne. Leur intervention était axée sur l’étude menée par Monsieur Heinesch dans la ferme d’Adrien, sur l’impact du pâturage sur le climat. Cette étude montre que la prairie pâturée typique de notre Wallonie joue pleinement son rôle de piège à carbone. Bref, qu’un élevage lié au sol n’est pas, au contraire de ce qu’on entend trop souvent, un ennemi du climat, mais bien un précieux allié.
Notre présidente, Marianne Streel, qui accompagnait les frères Van Eyck dans la visite guidée, n’a pas manqué de mettre en avant les atouts de notre modèle agricole, dont l’économie circulaire sur laquelle il est basé, et l’importance d’un équilibre entre élevage et cultures, comme on le connaît chez nous.
A l’issue de cette visite, le commissaire a été interpelé par les représentants des membres d’European Livestock Voice, qui ont chacun relevé des préoccupations majeures autour des trois thèmes de discussion fixés: le climat, le bien-être animal et les accords commerciaux internationaux.
Lors de ses prises de parole, le commissaire a reconnu qu’il avait trouvé la visite de l’exploitation très instructive. Parmi les points majeurs soulignés, il a notamment reconnu qu’un changement notable est intervenu dans la façon dont sont perçus aujourd’hui les accords commerciaux par l’Europe. S’il reste capital d’être conscients que nous sommes exportateurs en produits agricoles, le Commissaire déclare qu’il est désormais évident qu’il faut à l’avenir, au contraire de ce qui a été fait globalement jusqu’ici, prendre pleinement en compte les aspects non commerciaux des échanges, et la nécessité d’imposer des règles sur les produits alimentaires que nous importons, sur les plans qualitatifs, de bien-être animal et de climat. Il a également relevé qu’il faut clairement écouter le consommateur européen, comprendre ses demandes et y répondre, tout en soulignant que le mode de consommation de nos concitoyens sera amené à évoluer.