Alors que d'autres organisations agricoles wallonnes manifestent ce mardi 8 décembre au matin aux côtés d’ONG environnementales parce qu'elles considèrent  que la PAC n'est pas suffisamment axée sur l'environnement, la FWA a souhaité rappeler sa position sur le sujet par un communiqué. Voici le texte envoyé.

 

Anne Pétré

 

A l’annonce de l’accord intervenu fin octobre entre le Conseil des Ministres de l’Agriculture et le Parlement européen sur la PAC, de nombreuses voix se sont élevées pour commenter son contenu. La FWA veut rappeler brièvement sa position sur le sujet.

La politique agricole européenne détermine la majeure partie du cadre économique et juridique du quotidien des fermes européennes, et a fortiori wallonnes. Qu’on avance dans la détermination des contours de la future PAC est donc une bonne chose pour permettre aux agriculteurs de prendre les décisions adaptées dans les orientations de leurs activités.

A la lecture des critiques virulentes qui ont suivi cet accord, il convient de remettre quelques éléments en perspective.

C’est vrai, le projet est moins «vert» que ce qu’aurait souhaité la Commission, mais prétendre qu’elle passe à côté d’une quelconque ambition environnementale est franchement surprenant!

Ainsi, rappelons que:

  • Le niveau de conditionnalité (exigences de base à respecter pour bénéficier des aides) a été renforcé avec l’inclusion de la majorité des mesures de l’actuel verdissement, sans que des aides y soient spécifiquement consacrées (alors qu’actuellement, c’est 30% du volume des aides directes qui est dédié au verdissement)
  • En sus de cette conditionnalité renforcée, le budget consacré au verdissement, devra être utilisé pour des mesures favorables à l’environnement, ou éco-régimes, qui doivent aller au-delà des exigences environnementales de la conditionnalité déjà plus contraignante que la précédente. C’est ainsi que le Conseil a prévu des éco-régimes obligatoires à hauteur de 20% des moyens budgétaires et que le Parlement lui porte ce montant à 30%.

 

Ce que permet l’accord intervenu, c’est de rendre l’architecture verte de la PAC plus réaliste et plus applicable pour les agriculteurs, mais il n’est en rien une opération de «green washing» comme on peut l’entendre!

 

Au-delà de ces critiques sur la PAC, et indirectement sur notre agriculture, la non-reconnaissance de tous les efforts déjà consentis par nos agriculteurs depuis de nombreuses années est difficile à encaisser!

Pour rappel, 53% des moyens du plan wallon de développement rural actuel sont consacrés à des mesures à effet environnemental, pratiquement la moitié des agriculteurs wallons ont souscrit volontairement à des engagements agri-environnementaux et climatiques, et un agriculteur wallon sur neuf est sous label bio.

Nos exploitations wallonnes ne sont pas «industrielles». Elles sont familiales, liées au sol et comptent 57 hectares en moyenne.

Et de tels efforts devront être maintenus puisque, globalement, 40% de l’ensemble des budgets européens devront être consacrés à des soutiens en faveur de l’environnement et de la lutte contre les changements climatiques.

Ce dont ont besoin les agriculteurs wallons aujourd’hui par contre, c’est d’un cadre cohérent. Ainsi, la FWA critique fermement la coexistence d’une stratégie européenne «de la ferme à la fourchette» avec la signature d’accords commerciaux qui prévoient tout l’inverse!

Les agriculteurs exercent aussi une mission nourricière. Elle ne doit pas être oubliée, et si elle doit de fait viser toujours davantage de durabilité, elle doit permettre aux agriculteurs de tirer un revenu de leur activité et cesser de les mettre en concurrence avec une agriculture mondiale qui ne remplit pas les mêmes exigences de durabilité, si l’on veut maintenir des exploitations familiales sur le territoire européen et protéger notre souveraineté alimentaire.

La PAC a une importance cruciale pour notre agriculture familiale, on l’a dit, mais il est aussi capital d’avancer rapidement dans d’autres dossiers comme le renforcement de la coopération entre agriculteurs, la place de l’agriculture dans la filière ou encore l’application sur notre territoire de la directive sur la lutte contre les pratiques commerciales déloyales.