L'asperge wallonne

Qu’elles soient blanches, vertes ou violettes, les asperges wallonnes débarquent dans vos assiettes ! Premier légume du printemps, exigeant mais au goût incomparable, l’asperge de notre région est petit à petit en train de se faire une place à la table des plus grands chefs… Et des consommateurs ! Mais attention : avant le printemps, l’asperge n’est pas wallonne… Et après le printemps, l’asperge n’est plus wallonne ! L’occasion de fêter dignement le lancement de la saison en compagnie du groupement de producteurs « Asperges de Wallonie ».

Florian Mélon

Au proverbe « En avril, ne te découvre pas d’un fil », les maraichers wallons préfèrent « Au mois d’avril, les asperges se profilent ! » 3, 2, 1… La saison des asperges est lancée ! Les asperges wallonnes débarquent sur vos étals pour le plus grand plaisir des amateurs de légumes locaux et de saison. Premier légume du printemps, l’asperge sort de terre entre avril et juin. Et pas avant ! En dehors de cette fenêtre saisonnière, l’asperge se consomme avec un accent du nord du pays (pour l’asperge blanche) ou avec le timbre chantant du Pérou (pour l’asperge verte). L’asperge wallonne, locale et de saison, c’est à partir d’avril, point à la ligne.

Groupement Asperges de Wallonie

Et quand elle est wallonne, cela se goûte ! « Le terroir wallon est très limoneux, nous explique Jacinto Palma Dias, coordinateur de l’Interprofession Fruits et Légumes de Wallonie (IFEL-W) à l’occasion du lancement de la saison. Cela fait que les asperges wallonnes se démarquent par leur goût des asperges de sable, comme celles qui viennent de Flandre. Cette terre, c’est un peu la signature des asperges wallonnes ! » Et quand la qualité se goûte, les consommateurs ne s’y trompent pas. « On remarque que de plus en plus de gens nourrissent une passion croissante pour les asperges wallonnes, note le Ministre régional de l’agriculture Willy Borsus. L’asperge et ses producteurs ont donc de beaux jours devant eux comme le montre l’évolution de sa culture. Des 48 hectares cultivés en 2015, la culture a plus que doublé puisqu’on a maintenant pas moins de 100 hectares d’asperges en Wallonie ! »

Et si l’asperge plaît à de plus en plus de producteurs, c’est parce qu’elle s’articule bien avec d’autres types de production, principalement la fraise, qui joue l’étonnant rôle de porte d’entrée vers le monde des asperges pour de nombreux maraîchers. « Leurs récoltes se suivent et se complètent, nous explique Bernard Vandeberg, de Dalhem. Cela permet d’ouvrir le magasin plus longtemps avec davantage de produits de chez nous, c’est intéressant ! » Cette commercialisation directe, locale et en circuit court est, pour la grande majorité des maraîchers, aussi essentielle que logique. « Avec les asperges et les fraises, c’est facile, on vend l’entrée et on vend le dessert au même endroit, ajoute, rieur, Bernard Deconinck, maraicher à Villers-la-Ville.

Made in Wallonia… et bien plus encore !

Et pourtant, malgré une qualité supérieure et une fraicheur incomparable, le Wallon est encore trop peu conscient de « ses » asperges. C’est pourquoi une petite vingtaine de producteurs d’asperges se sont réunis, depuis 2022, dans le groupement « Asperges de Wallonie ». Avec un objectif simple : « Via ce groupement, on veut garantir aux consommateurs un produit local à la fraicheur et à la qualité supérieure tout en assurant un prix rémunérateur aux producteurs puisque nous suivons la charte Prix Juste Producteur, nous explique Claire Olivier, du Centre Interprofessionnel Maraîcher (CIM). Et la Wallonie peut être fière de ses producteurs et de la qualité de ses productions maraîchères ! Il faut que le consommateur suive toujours plus maintenant… »

Asperge

Même son de cloche pour Willy Borsus, pour qui la mise en avant des filières agricoles et horticoles est une priorité : « Il faut continuer de rapprocher ceux qui produisent de ceux qui consomment, il faut faire découvrir et faire déguster notre terroir à ceux qui y vivent. On remarque un regain d’intérêt pour le circuit court de la part des consommateurs wallons, y compris pour les asperges, une filière toujours modeste en Wallonie mais qui, vu sa progression constante, a vocation de devenir un acteur intéressant sur le marché. »

Alors qu’elles soient blanches, vertes ou violettes, crues ou cuites, en entrée ou en dessert (si si !), l’asperge a tout pour plaire… Surtout quand elle est wallonne ! Alors, faites-lui une belle place dans votre assiette : en Belgique, c’est l’asperge qui fait le printemps, pas le soleil !

Pour en savoir plus sur les asperges wallonnes et sur le groupement de producteurs Asperges de Wallonie : www.aspergesdewallonie.be

Pierre-Yves Charlier, Domaine de la Falize (Rhisnes)

« Ça fait 5 ans que je produis des asperges, des blanches, des vertes et des mauves,

Pierre-Yves Charlier

et 10 ans que je fais de la fraise. C’est un chemin classique, une suite logique. On remarque une demande plus forte pour les asperges wallonnes et c’est très chouette, mais on doit pouvoir accompagner le mouvement, pas le saturer, sinon on va tous y perdre. »

Bernard Deconinck, Ferme de Gentissart (Villers-la-Ville)

« L’avantage de la production des asperges et des fraises, c’est de pouvoir les commercialiser dans notre magasin sur la même période.

Bernard Deconinck

C’est avantageux bien que ce soit exigeant en termes de main-d’œuvre. C’est aussi toute une réflexion technique car l’asperge est un légume qui doit être anticipé, on doit pouvoir imaginer la récolte dans 2 ou 3 ans alors que l’asperge est très dépendante du bon vouloir de la météo. 1 degré en plus, c’est 20 kilos d’asperges supplémentaires à récolter dans les 3 jours ! Et si le sol est trop mouillé, les asperges vont finir brunes, ce qui ne plaît pas aux restaurateurs. Un véritable casse-tête, mais c’est passionnant ! »

Bernard Vandeberg, Ferme de Wichampré (Dalhem)

« Mes clients reviennent pour mes asperges !

Bernard Vandeberg

Ils me disent que ce sont les meilleures. C’est grâce à la terre. Et les restaurateurs en sont demandeurs ! Les perspectives pour le secteur sont bonnes même s’il faut grandir petit à petit en même temps que notre commercialisation, les deux sont liés puisqu’on ne travaille pas avec des centrales, on écoule tout nous-mêmes de sorte que le commerce suive la production et vice-versa. »

Florent Gailly, Bio Gailly (Paliseul)

“Je suis le seul producteur d’asperges du Luxembourg, l’irréductible Gaulois de la province !

Florent Gailly

C’est pourquoi je trouve qu’un groupement comme celui des Asperges de Wallonie est important, on y discute de nos productions, on échange sur le secteur, on y côtoie d’autres passionnés et c’est vraiment important, surtout pour moi qui suis entouré d’éleveurs. J’étais un précurseur, un des premiers à planter des asperges. Du coup je me suis beaucoup formé en autodidacte. C’est bien d’être accompagné maintenant, surtout pour moi qui travaille en bio, avec une façon de faire qui va plus loin que les obligations du label. Mais ça marche, les clients reviennent d’une année à l’autre et les perspectives sont bonnes. L’avenir est là »