Rester force de proposition

Les éoliennes poussent dans les champs, les panneaux solaires jouent du coude pour s’y faire une place aussi, les lignes à haute tension s’étirent… et tout ceci se déroule sous nos yeux, sans que les agriculteurs soient écoutés. Restons force de proposition pour profiter de la consultation populaire appuyée par le Ministre Borsus, et ce au travers du Groupe de Travail (GT) dédié à l’énergie, réservé aux membres FWA.

Lucie Darms, Conseillère Air-Climat, Energie, Recyclage, Agroécologie et Apiculture 

Ce lundi 15 avril, le Ministre Borsus se tournait vers la population et demandait son avis: «Est-ce que nous sommes prêts à accueillir les 216 éoliennes en projet en Wallonie… et les suivantes?», et surtout «comment les accueillir?». Le Ministre se disait prêt à entendre les propositions de la population, mais aussi à entendre un refus de celle-ci, en quel cas il faudra se tourner vers d’autres sources d’énergie, afin de toujours respecter les directives européennes de production d’énergie renouvelable.

Quelle place pour l’énergie?

Les citoyens ne veulent plus des lignes à haute tension: dans certaines régions, le message est assez clair et nos membres agriculteurs nous le confirment. Alors nous nous tournons vers les sources d’énergie renouvelable. Mais les éoliennes sont déjà trop nombreuses… On irait plutôt vers le photovoltaïque? Dans les champs, non! Sur les toitures et les façades, les friches ou les zones d’activité économique, pourquoi pas. La position de la FWA est claire là-dessus.

Mais nous savons qu’il existe des freins à cela... C’est pourquoi la FWA rencontre actuellement des architectes, des doctorants et des experts en énergie solaire bien décidés à aider le secteur agricole à se protéger, en définissant un cadre strict de ce que l’on veut pour demain.

Une nouvelle circulaire sur l’agrivoltaïsme?

Le 14 mars dernier, le Ministre Borsus a actualisé la circulaire relative aux permis d’urbanisme pour le photovoltaïsme. Quatre nouveaux aspects sont à noter. Tout d’abord, la circulaire promeut «l’installation de panneaux photovoltaïques sur les friches industrielles, dans l’intervalle nécessaire à la réhabilitation du site.» La notion de contiguïté de terrains a également été revue pour faciliter le raccordement. La circulaire précise qu’il est possible «d’utiliser des sites où il est démontré que la qualité agronomique du sol est médiocre

Enfin, la circulaire prévoit «une ouverture à des projets pilotes, comportant un champ photovoltaïque au sol, développés en lien avec le monde de la recherche et l’innovation.» Heureusement, la circulaire porte toujours une attention à «ne pas contribuer au renchérissement du foncier».

Dans cette circulaire, nous apprenons également que le SPW énergie a réalisé une carte dynamique de la Wallonie qui a pour objectif de fournir des informations en temps réel sur la production issue des sources d’énergie renouvelable (photovoltaïque, éolienne terrestre – aussi appelée « onshore » en anglais) pour la Wallonie, couvrant les grands parcs solaires et éoliens industriels, mais aussi les petites installations sur les toits.

Deux acteurs sont intégrés dans cette circulaire. Premièrement, le SPW ARNE – département du Développement, de la Ruralité, des cours d’eau et du bien-être animal - doit être sollicité pour éclairer le raisonnement de l’autorité quant à la non-mise en péril de la zone agricole. Deuxièmement, l’encadrement des projets pilotes se fera via une mission confiée au CRA-W.

La FWA réagit

Dans le groupe de travail externe «agrivoltaïsme» dont elle fait partie, la FWA a soulevé quelques bémols. À commencer par la nécessité de définir plus précisément la «qualité médiocre d’une terre». Ensuite, comment contrôler le fait que les panneaux photovoltaïques ne compromettent pas l’affectation future de la réhabilitation d’une friche? De plus, quel mécanisme serait mis en place pour «ne pas contribuer au renchérissement du foncier»? Car nous parlons d’autoriser des projets qui «n’ont pas d’impact significatif sur le coût du foncier agricole», que veut dire «significatif»?

Enfin, le CRA-W, cité comme partenaire indispensable pour le critère du projet pilote, part d’une feuille blanche et doit encore complètement construire son référentiel et développer son expertise.

Les objectifs du GT énergie

Si on fait le bilan aujourd’hui, nous sommes en phase d’atteindre 700 éoliennes en Wallonie et une dizaine de projets agrivoltaïques sont en cours de demande de permis. Concernant l’éolien, nous connaissons les nombreux dérangements que cela entraine: impact sur le paysage, perte de jouissance du terrain, et dévaluation de celui-ci, artificialisation du sol, réputation et regard des citoyens, effet stroboscopique des pales, impact sur la biodiversité, développement malsain et manque de planification sur le territoire, multiplication des hectares non productifs via le système des compensations biodiversité, problème de raccordement trop peu profond… L’avantage reste unique et individuel: le prix proposé pour l’installation de l’éolienne.

De son côté, l’agrivoltaïsme semble aussi intéressant économiquement pour un agriculteur. Certains de nos membres se sont certainement déjà posé la question… Mais le nerf de la guerre, c’est la pression sur le foncier agricole et l’accaparement des terres. Si l’on propose plus de 2.000€/ha/an, cette nouvelle filière devient plus intéressante que la production alimentaire. Et c’est là que toutes sortes de dérives peuvent menacer notre sécurité alimentaire et le maintien du métier d’agriculteur en Wallonie.

Il faut impérativement qu’un cadre légal soit mis en place pour répondre aux questions: quelle surface maximale de panneaux sera autorisée sur les sols agricoles wallons? De quel type de projet s’agit-il? Quelle distribution des bénéfices entre les différents acteurs? Quel type de contrat couvre l’exploitant? Est-ce qu’un mécanisme de communauté d’énergie pourrait rendre l’agriculteur plus acteur de son projet agrivoltaïque? Quelle perte de rendement cela entrainerait-il? Est-ce acceptable?

La FWA défend strictement que les panneaux solaires doivent se développer en dehors de la zone agricole, là où de l’espace reste disponible. Mais pour préparer l’avenir de l’énergie renouvelable en Wallonie, la FWA accepte de réfléchir à la question, pour proposer un équilibre énergétique en phase avec le monde agricole.

Groupe de travail énergie

Le GT énergie de la FWA a pour objectif de traiter différents sujets liés à l'énergie, plus particulièrement les lignes à haute tension, les éoliennes et l'agrivoltaïsme.  Vous souhaitez vous impliquer dans ce GT? Deux possibilités :

  • complétez ce formulaire : tinyurl.com/yhnavpns. Ces quelques questions nous permettront de connaitre votre intérêt pour ces thématiques ;
  • ou signalez-vous auprès de la FWA via l’adresse mail lucie.darms@fwa.be. Les candidatures seront ensuite examinées en interne.

Au vu de l'actualité, les premières réunions de ce GT seront consacrées plutôt à l'agrivoltaïsme. 

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