Le monde change: nouvelles technologies, réseaux sociaux, internet, mais aussi prise de conscience environnementale et changements de comportements de consommation. Pour écouler ses productions, il est désormais nécessaire de varier les façons de jouer des coudes. Voici un aperçu des possibilités et des techniques à adopter d’urgence !

John Blanckaert, Biowallonie

 

Mise en contexte

En Belgique, une étude datant de fin 2016 révélait que le nombre d’agriculteurs ayant moins de 35 ans atteignait péniblement les 5% du nombre total d’agriculteurs belges. De plus, seulement 16% des agriculteurs ayant plus de 55 ans déclaraient alors avoir un successeur.

L’utilisation de la communication et du marketing est aujourd’hui encore en constante augmentation, à la fois par la grande distribution mais aussi par les petites et grandes entreprises, les indépendants et même, parfois, par les particuliers. Cela passe de plus en plus par les nouvelles technologies, qui servent de support idéal à l’âge de la customisation, c’est-à-dire de la personnalisation.

Il va sans dire que statistiquement, une connexion pourtant cruciale ne se fait pas de manière très répandue: l’utilisation de ces techniques et technologies par les agriculteurs, et plus généralement par les tranches d’âge principales qui les composent, reste très minime. Pour sa part, le consommateur affiche, de manière croissante, une véritable volonté de réorienter sa consommation et ses méthodes; et recherche, également de manière croissante, de l’information par ces nouveaux biais. Il apparaît donc comme évident qu’aujourd’hui, au niveau de la communication, l’offre n’est pas adaptée à la demande.

Pourquoi et comment faire?

Il est estimé aujourd’hui que le budget annuel consacré au lobbying et à la désinformation concernant notamment l’environnement dépasse chaque année les 90.000.000.000€. Nous assistons à une véritable guerre de communication, à une vague de greenwashing et de confusion volontaire du public.

«Mais alors, est-ce que me mettre à la communication ne démontrerait pas tout simplement que je rejoins ce mouvement que je souhaite pourtant combattre?». La question serait pertinente, et la réponse est non. Alors que le consommateur cherche des produits locaux, sains, et lorsque c’est possible, une meilleure rémunération du producteur qu’il voit de plus en plus comme un acteur de cet environnement qui change, et dont les pratiques sont déterminantes; vous avez tous des atouts que les géants du consumérisme n’ont pas, et vous pouvez communiquer à cet égard. Non pas pour intégrer cette vague verte et vous y perdre, mais bien pour vous y opposer plus fermement, avec plus de force et de pertinence.

 

Quels outils?

Le bouche-à-oreille est l’outil le plus puissant pour une communication saine. Il est aujourd’hui largement prolongé par les réseaux sociaux et internet. Si un consommateur recherche un producteur local chez qui s’approvisionner de manière responsable, il convient donc de lui réserver un accueil chaleureux: si vous disposez d’un petit budget (1.000-2.000€), un site web simple peut afficher les informations de base dont vos coordonnées, pour inviter la personne à vous contacter ou à vous rendre visite. Si ce budget est impossible à dégager, une page Facebook suffira: elle est totalement gratuite et vous permettra en une heure de travail de mettre en avant votre ferme, vos productions et vos coordonnées. Vous pouvez vous assurer que vous êtes facilement trouvable et identifiable et en rester là, ou vous pouvez alimenter cette page régulièrement, à la fréquence la plus confortable pour vous, en contenu (images ou vidéo à privilégier).

Le marketing est plus complexe à mettre en place mais peut se faire par étapes. Lors du salon Diversiferm du 30 janvier dernier, Biowallonie a notamment assisté à des ateliers sur le marketing et la communication. Nous y avons appris, par exemple, qu’un panier cadeau n’est pas avantageux car le récipiendaire a peu de chances de se rendre à la ferme et de continuer à acheter chez vous. Un chèque cadeau vous assure, à l’inverse, un contact et une possible fidélisation du client. Le marketing, c’est cet ensemble de petites stratégies qui, mises bout à bout, vous garantissent une meilleure rentabilité.

L’image est cruciale et ce de manière de plus en plus répandue. Un logo, par exemple, semble parfois un investissement futile. Pourtant, s’il est bien réalisé, il peut booster vos ventes pendant des années et s’avérer plus que rentable sur le long terme. Le logo est à considérer comme un outil au même titre qu’une machine: un investissement de départ et un amortissement sur le long terme. Il vaut donc parfois la peine de se pencher dessus et de considérer sérieusement d’y mettre le prix.

Si votre produit nécessite un emballage, alors cet emballage est crucial, lui aussi. 80% des informations concernant le produit se retrouvent sur le packaging. Plus important encore, dans le contexte de communication que nous décrivions plus tôt, un emballage qui dit «je suis écologique» ou «je suis sain» ou encore «je suis bio» ne suffit plus aujourd’hui. Ces aspects sont clairement un atout et méritent d’être mentionnés, mais on ne peut plus se contenter de la communication «encre verte sur papier kraft», désormais éculée. Votre emballage doit vous positionner, donner envie, attirer l’attention. Il mérite lui aussi un traitement particulier.

L’avantage avec ces techniques et technologies est que, comme toute chose, elles se délèguent. Si vous n’êtes pas à l’aise avec elles, si vous comprenez effectivement l’importance de les adopter mais ne vous sentez pas qualifié ou pas disponible pour le faire, il existe de nombreuses possibilités pour vous assister dans votre communication.

Pour aller plus loin

Le numéro 37 d’Itinéraires BIO (novembre-décembre 2017, toujours disponible gratuitement sur www.biowallonie.com/itineraires-bio) contient un dossier sur le sujet, et notamment référence les organisations et entreprises qui peuvent vous assister en la matière. Biowallonie dispose aussi de contacts pouvant réaliser pour vous certaines de ces tâches, et se tient aussi à votre disposition pour éventuellement commencer une réflexion sur votre communication et, dans certains cas, réaliser publicités et logos, par exemple en vue d’une intégration dans un numéro d’Itinéraires BIO!

 

Le 16 mars, un projet Interreg dénommé «Codesign Aliment» a pris fin et nous a présenté son bébé: une boîte à outils permettant à toutes et tous de se lancer dans le Codesign, c’est-à-dire le design empathique, prenant en compte les attentes et besoins de la cible de communication. Ces outils se décomposent en plusieurs catégories vous permettant dans un premier temps de générer des idées, puis de concrétiser l’idée notamment par prototypage et enfin d’évaluer la qualité de votre communication. Tous ces outils ont été pensés pour être accessibles à tous et sont disponibles via www.codesign-aliment.eu. L’avantage, c’est que Biowallonie les a testés pour vous! En cas d’incompréhension, de doute, ou pour une demande concrète, vous pouvez donc contacter John Blanckaert (john.blanckaert@biowallonie.be ou 081/841025) pour un éclaircissement.