Cultivateur en Hesbaye liégeoise, Amaury Poncelet produit des légumes de plein champ destinés à la surgélation. S’il s’agit de l’une des très rares cultures qui peut nécessiter une irrigation, il est possible de la gérer de façon responsable.

Anne Pétré

 

Epinards, haricots, fèves de marais et carottes, ce sont les légumes qu’Amaury Poncelet cultive dans son exploitation de Berloz, en province de Liège. Proche de l’unité de congélation de Hesbaye Frost, la ferme d’Amaury est l’une des exploitations qui fournit ses légumes à ce fleuron wallon de l’agro-alimentaire, dont les exigences de production et les standards de qualité pointus permettent de fournir une vaste gamme de légumes surgelés qui combine un résultat zéro résidus et une valeur nutritive équivalente au frais.

On le sait, la Wallonie n’est pas une région où l’irrigation est nécessaire, exception faite de la culture de légumes, où l’on ne peut pas se passer d’un complément d’eau quand la météo l’exige.

Aussi paradoxal que cela puisse paraître, il est pourtant possible de cultiver et d’irriguer des légumes de plein champ dans un esprit d’économie d’eau. Ce défi est parfaitement rempli dans le cadre de la collaboration entre Hesbaye Frost et les agriculteurs qui lui livrent leurs légumes. Amaury Poncelet explique: «Depuis déjà près de 30 ans, c’est avec l’eau de nettoyage des légumes que nous irriguons nos parcelles. Les vastes bassins de l’ancienne sucrerie de Hollogne, qui n’étaient plus utilisés, servent aujourd’hui de bassins-tampons, et l’eau traitée qui a servi à nettoyer les légumes y est versée, ce qui assure une source suffisante pour la dizaine de fermes de la région qui utilisent l’irrigation.»

Encore une fois, outre l’économie de consommation, d’autres bénéfices naissent de cette belle collaboration. «Les bassins-tampons sont un lieu de biodiversité très riche! Ils assuraient déjà ce rôle lorsque la sucrerie les utilisait, mais à la fermeture de celle-ci, les bassins se sont asséchés, mettant la biodiversité en péril. La reconversion en bassin d’irrigation leur a pleinement rendu cette mission, qui est accompagnée par une organisation de défense de la faune et de la flore», raconte Amaury.

L’agriculteur précise aussi que le recours à l’irrigation est réfléchi et parcimonieux: «Avec mes collègues agriculteurs, nous partageons un quota d’eau disponible que nous nous répartissons en fonction de nos besoins. De plus, nous sommes accompagnés par le centre-pilote Végémar (Centre Provincial Liégeois de Productions végétales et maraîchères), qui sonde nos sols pour en mesurer les besoins en eau, ce qui nous permet d’irriguer si nécessaire uniquement, pas davantage ni plus souvent qu’il ne le faut.»