Effluents et énergie

La micro-méthanisation est une façon d’utiliser ses effluents d’élevage pour produire sa propre énergie. François-Hubert Van Eyck et son frère Stéphane, agriculteurs à Corroy-le-Château, ont opté pour ce type d’installation. La station de leur exploitation est dimensionnée à 22kWh pour un troupeau d’environ 120 vaches laitières. Ils produisent sur l’année 175.000 kWh.

Mathilde Guillaume

François-Hubert Van Eyck

Photo: François-Hubert Van Eyck

Il y a 5 ans, les frères Van Eyck entament une série de travaux dans leur étable: ils passent d’une salle de traite à un robot, d’une aire semi-paillée à des logettes, et installent une citerne extérieure et un robot-aspirateur. Des travaux qui serviront à leur future installation. Les deux agriculteurs sont contactés fin 2020 par Biolectric, entreprise belge, qui leur propose l’installation d’une station de micro-méthanisation dans leur exploitation. Celle-ci a commencé à tourner en octobre 2022.

Un long trajet administratif

Le plus gros du travail ici n’est pas du tout l’installation en elle-même, mais plutôt la lourdeur administrative qui l’entoure.

L'étable des Van Eyck et la station de micro-méthanisation

Il faut estimer entre 12 à 18 mois en Wallonie pour faire toutes les démarches administratives. Pour ce type d’installation, sont requis à la fois un permis de construire (sans enquête publique toutefois), une étude de réseau par Ores pour évaluer ce qui peut être réinjecté sur le réseau, ainsi qu’une étude de faisabilité pour dimensionner correctement l’installation. Il faut aussi s’atteler à remplir les diverses demandes d’aides (voir plus bas), montants qui arriveront cependant bien plus tard. Sur un investissement global de 350.000€, l’exploitation Van Eyck devrait retoucher environ 85.000€. La station en elle-même est arrivée montée et il a fallu à peine 2 jours pour l’installer.

Beaucoup d’avantages

On entre avec la micro-méthanisation dans un circuit court économique et énergétique: ce qui est créé sur l’exploitation en termes d’énergie est autoconsommé et le surplus est revendu sur le réseau. La production est continue. La station Van Eyck par exemple tourne plus ou moins 90% du temps et couvre la presque totalité des besoins de l’exploitation, avec donc une quasi indépendance énergétique. L’autonomie énergétique économique est elle atteinte.

La station de micro-méthanisation vue de près

La gestion de l’installation requiert peu de temps au quotidien. Presque tout est fait automatiquement et une application mobile permet de vérifier que tout est en ordre. Cette automatisation était importante pour François-Hubert, car il ne souhaitait pas consacrer trop de temps à cette gestion.

Un autre avantage est le digestat obtenu, plus fluide et inodore, qui sert ensuite de fertilisant. Chez les Van Eyck, il est même directement acheminé au champ via un système d’irrigation, ce qui leur fait en plus gagner du temps à l’épandage.

Quelques inconvénients

S’il y a moins de production de lisier, il est difficile d’amener autre chose pour combler le manque ou alors avec pas mal de travail supplémentaire. De plus, tout ce qui entre dans le digesteur, du moins chez Biolectric, doit être pompable.

Un autre désavantage est qu’il faut absolument être lié au réseau Ores, on ne peut pas avoir un réseau indépendant. Chez les Van Eyck par exemple, c’est Ores qui a limité l’installation (ils souhaitaient mettre une station 33kWh au départ) car la capacité du réseau était problématique et Ores avait peur de surcharger la ligne. Si le réseau saute, la méthanisation s’arrête. Cela n’est cependant encore jamais arrivé à Corroy.

Bien dimensionner son installation dès le départ est important également, car augmenter la capacité n’est pas rentable: cela demande un investissement presque similaire à celui de base.

Aides disponibles

Plusieurs types d’aides sont disponibles pour soutenir ces projets:

  • Aide UDE

L’aide UDE est une prime à l'investissement en faveur de l'utilisation durable de l'énergie et de la protection de l'environnement. Elle est valable pour une entreprise (personne physique ou morale) qui crée ou possède une unité d’établissement en Wallonie. Tout ce qui est lié à l’installation du projet (équipements liés, charges administratives…) peut entrer dans la demande d’aide. Ce qui est déjà placé au préalable ne pourra cependant pas compter dans le montant. Attention aussi que cette aide est accordée aux entreprises: chez les Van Eyck, le raccordement pour alimenter le circuit du domicile familial n’a pas été accepté dans les montants d’aide car il a été considéré comme réalisé à titre privé. Plus d’informations sur : tinyurl.com/4c4j27z9

  • Certificats Verts

Une autre forme d’aide, récurrente cette fois, sont les certificats verts. Ce mécanisme prévoit l'octroi de certificats verts en fonction de la production électrique et du type de filière développée. Pour la période 2024-2032, une enveloppe est prévue par le Gouvernement wallon pour les entreprises pour une période de 15ans. La seule incertitude actuelle reste sur les montants qui seront octroyés. Ils devraient cependant être définis avant les prochaines élections. Plus d’informations sur: tinyurl.com/ysmkapb8

  • Aides AII

Les Aides à l’Installation et aux Investissements sont disponibles pour une exploitation agricole qui investit dans une installation de max 10 KWc et uniquement en intraconsommation, pour couvrir les besoins en énergie de l’exploitation. Dans ce cas, le montant de l’investissement forfaitaire admissible est de 11.484 € par KWc. Le taux d’aide est alors de 10% de base auquel peuvent s’ajouter des majorations en fonction de divers critères. Pour plus d’informations: agriculture.wallonie.be/aii ou contactez votre conseiller CGTA.

  • Fonds Feader européen

Dans certains cas bien spécifiques, le Fonds Feader européen peut également intervenir. Cela sera à voir avec votre entreprise d’installation.