Une situation exceptionnelle...

Eleveur à Olne, Francis Baar a perdu trois bovins tués par des attaques en règlemassives de mouches simulies. Une situation exceptionnelle, due à l’éclosion aussi brusque que massive de ces mouchettes endémiques sous le coup de la hausse soudaine des températures du début du mois. En grand nombre, elles Cette variété de mouchette endémique, qui a brusquement proliféré sous le coup de la soudaine hausse de température du début du mois, s’attaquent aux zones sensibles de l’animal pour sucer une goutte de son sang et lui injecter différentes toxines qui peuvent s’avérer mortelles pour leur cible’animal. Dès l’apparition des premières piqûres, il faut rentrer les animaux à l’étable et les badigeonner d’un insecticide, comme l’explique le Docteur vétérinaire Demonty.

Ronald Pirlot

Après avoir gardé son cheptel tout l’hiver à l’étable, Francis Baar se réjouissait de pouvoir le remettre en pâture dès l’arrivée des premiers rayons de soleil.

Les simulies s'attaquent par milliers aux zones non protégées par des poils (© Vet-solutions)

Photo ©Vet-Solutions

C’est ainsi que les 5 et 6 avril, il achemine une partie de son bétail dans plusieurs de ses parcelles autour de son exploitation d’Olne, dans le Pays d’Herve. «Le dimanche matin (Ndlr le 7 avril), on m’a alerté qu’un de mes taureaux était couché sur son flanc dans la prairie. Lorsque je suis arrivé, je n’ai pu que constater sa mort». Une rapide observation permet à l’éleveur de remarquer la présence d’une multitude de piqûres sur l’animal. «Notamment au niveau des bourses, qui avaient triplé de volume».

Il fait aussitôt venir son vétérinaire, le Dr Jean-Philippe Demonty. Le verdict est sans appel : l’animal est mort des suites des nombreuses piqûres que lui ont porté des simulies. «Il s’agit d’une espèce de mouchette endémique, c’est-à-dire présente en Belgique de manière tout à fait naturelle» précise le vétérinaire.

Une génisse et deux taureaux morts

L’éleveur s’enquiert aussitôt de l’état du reste de son bétail. Il se rend sur une seconde parcelle et constate qu’une de ses génisses est également morte, des suites des mêmes causes. La funeste liste se poursuivra le lendemain avec la mort d’une troisième bête, un taureau de 700 à 800kg, sur une troisième parcelle. Sur le conseil du Dr Demonty, ce dernier bovin sera envoyé à l’autopsie dans les laboratoires de l’ARSIA, qui confirmeront la cause du décès.

Pour le vétérinaire, le caractère exceptionnel de ces attaques, qui se sont répétées à d’autres endroits de Wallonie, est lié à la prolifération aussi soudaine que brutale du nombre de mouches sous l’effet de la tout aussi brusque montée des températures, avec plus de 20 degrés enregistrés par endroit. «Des millions d’individus ont éclos en même temps. Et la première chose que font les femelles est de se mettre en quête d’un repas de sang chez un mammifère».

Elle suce le sang et injecte des toxines

Pour ce faire, ces mouches s’attaquent prioritairement aux muqueuses et aux zones dépourvues de poils, à savoir les yeux, le museau, la vulve, les testicules pour les mâles et les pis pour les femelles.

En prélevant une goutte de sang, les simulies injectent un anticoagulant et des toxines (© Vet-solutions)

«Tout en prélevant chacune une goutte de sang (ce qui vu le nombre de piqûres peut représenter un total conséquent), elles injectent un cocktail d’anticoagulant ainsi que différentes toxines qui provoquent de l’inflammation et un afflux de sang à l’endroit des piqûres. Des toxines qui, couplées au volume total de sang prélevé par les 20.000 à 30.000 mouches et à l’éventualité d’un choc anaphylactique chez le bovin s’il s’avère qu’il est allergique à ces toxines, peut causer la mort de l’animal» précise le Dr Demonty.

Photo ©Vet-Solutions

Les larves éclosent quand il fait chaud

La prolifération de cette mouche étant conditionnée aux remontées des températures, le froid de ces derniers jours est de nature à mettre les risques de nouvelles attaques momentanément au frigo. Mais il semble clair que les risques de réitération du phénomène dans les prochaines années, vu les changements climatiques en cours, sont à prendre en considération.

Faut-il pour autant déplorer une situation inéluctable? A défaut de pouvoir influer rapidement sur le climat, il est possible, selon le Dr Demonty, de prévenir l’intensité de ces attaques. «On a pu observer que les larves se développent dans des cours d’eau pollués. En effet, elles s’accommodent bien de la pollution, contrairement à leurs prédateurs. En faisant respecter les normes en matière d’eaux usées et en assainissant les cours d’eau, on arrivera à faire revenir des libellules, des insectes, des tritons, des salamandres, des grenouilles ainsi que certains oiseaux comme le cincle plongeur qui consomment des larves de simulies et qui, aujourd’hui, ont disparu des ruisseaux pollués».

En attendant, la vigilance reste de mise, et pas seulement pour les parcelles le long d’un cours d’eau. «Les nuages de simulies peuvent en effet se déplacer de plusieurs kilomètres pour satisfaire leurs appétits sanguinaires». De fait, les 3 bovins dont Francis Baar doit déplorer le décès se trouvaient chacune dans des parcelles qui n’étaient bordées par aucun point d’eau.

Que faire en cas d’attaque?

Pour le Dr Demonty, dès que l’on voit apparaître les premiers symptômes de piqûres de simulies, «l’idéal est de rentrer le bétail dans les étables et de le traiter avec un insecticide, le Deltaméthrine, qui a un effet direct. De sorte que la simulie, dès qu’elle se pose sur l’animal, va être inhibée et tuée. Cet insecticide s’applique directement sur le dos du bovin. Mais attention, pour qu’il soit pleinement efficace sur l’ensemble du corps de l’animal, il faut un délai de 48h». D’où l’importance de laisser l’animal deux jours à l’étable et de seulement le relâcher après.

Quid des assurances?

Les assurances couvrent-elles les décès d’animaux consécutifs à ce genre d’attaque de mouchettes? Malheureusement, les réponses obtenues convergent vers le non. Il  n’existerait en effet pas, à ce jour, de couverture assurantielle pour ce genre de dommage. Cela pourrait-il changer à l’avenir ? L’éventualité Il semble qu’il existe une possibilité d’élargir le cadre assurantiel à ce genre de décès existerait. La FWA sera bien évidemment attentive pour donner corps à cette possibilité.