Le Conseil Economique, Social et Environnemental de Wallonie (CESE Wallonie) organise régulièrement des webséminaires consacrés à divers sujets d’actualité politique ou économique. La semaine dernière, c’était la question de la hausse importante des prix du gaz naturel et de l’électricité qui était au programme. Une augmentation des prix rarement constatée, dont les effets pèsent lourdement tant sur les familles que sur les entreprises, nos fermes et familles agricoles y compris. Pourquoi cette hausse? Quand en verrons-nous le bout? La rédaction a suivi ce webséminaire pour vous.

Anne Pétré

 

Difficile de l’ignorer, les prix de l’énergie flambent. Au point que le passage à la pompe autant que l’ouverture d’une enveloppe marquée du logo de votre fournisseur d’énergie ont de quoi provoquer des angoisses! D’où vient cette violente augmentation?

C’est notamment ce qu’a tenté d’expliquer Benoît Gerkens, Conseiller économique principal à la CREG lors du séminaire du CESE Wallonie.

Un marché gazier…explosif !

Avant toute chose, et comme on s’en doute, le prix du gaz naturel chez le consommateur final chez nous, est très influencé par les prix pratiqués sur le marché à terme. Si le Covid et son cortège de restrictions ont initialement causé un tassement des prix, dès le début de l’été 2020 la hausse a débuté et n’a pour ainsi dire pas connu de répit. Retrouvant ses niveaux d’avant Covid fin février 2021, le prix du gaz n’a ensuite cessé de grimper jusqu’à des sommets rarement atteints en décembre dernier. Plusieurs phénomènes expliquent cette hausse. Tout d’abord, la perte de compétitivité du charbon, qui a dès lors connu un recul net comme source de production d’électricité, au profit du gaz. Il faut aussi savoir que le gaz est transportable soit en pipe-line, soit sous forme liquide. Pour ce qui est du gaz liquéfié, l’Asie a mobilisé une part conséquente des stocks disponibles. Cette hausse de la demande s’est donc très logiquement traduite par une hausse du prix. La baisse intervenue fin 2021 s’explique par une reconstitution des stocks et un retour à un meilleur équilibre offre-demande.

Quant à l’offre limitée du stock «pipe-line» qui est responsable de la tension sur le marché, elle s’explique notamment par les tensions politiques qui opposent la Russie et l’Ukraine. Par ailleurs, le réseau de gazoducs norvégiens a aussi connu une vaste opération de maintenance en 2021, ce qui a également contribué à aggraver la situation.

Enfin, le prix du CO2, avec lequel il faut désormais compter, a lui aussi connu une hausse qui est venue encore renforcer la tendance inflationnaire.

 

L’électricité suit

Cette explication sur les turpitudes des prix du gaz est fort utile pour comprendre comment les tarifs de l’électricité ont suivi une ascension équivalente.  Surtout lorsque l’on sait que, malgré le développement d’alternatives vertes et le maintien du nucléaire, la production de l’électricité reste majoritairement issue des énergies fossiles. Il faut aussi savoir que ce qui détermine le prix du Kw, ce n’est pas la moyenne de prix des Kw produits, mais bien le prix du dernier Kw produit.

A ces éléments, il faut encore ajouter le fait que l’activité économique regagne petit à petit un niveau plus élevé au fil des déconfinements et réouvertures diverses, ce qui augmente la consommation.

La mauvaise nouvelle, c’est qu’on n’attend pas de diminution significative des tarifs avant le second trimestre 2023…

 

Les familles et les entreprises trinquent

Nos lecteurs étant à la fois au courant des réalités de la gestion d’un budget familial autant que de celui d’une entreprise, nul besoin de redire que ces hausses pèsent lourdement sur les ménages comme sur les coûts des productions agricoles!

Les consommateurs privés ou professionnels ayant conclu un contrat à prix fixes peuvent pousser un grand ouf de soulagement car leurs factures ne sont pas impactées.

Pour ce qui est de ceux qui ont préféré un contrat à prix variable, c’est évidemment une tout autre affaire.

Ainsi, pour ces familles, les factures ont augmenté d’un tiers à peu près tant en gaz qu’en électricité.

Pour ce qui est des grosses industries, une troisième voie existe: le concept du «click», qui permet de déterminer un moment T qui fixera le prix. En général, ces choix s’effectuent sur base d’analyse des cotations futures. C’est la voie favorisée par 9 grosses entreprises sur 10.

 

Certains fournisseurs aussi…

Le consommateur privé ou professionnel est frappé de plein fouet, mais pour les fournisseurs cette situation n’est pas sans conséquences non plus.

Le risque d’impayés, déjà, est évidemment très présent. Par ailleurs, les contrats à prix fixes amènent les fournisseurs à devoir facturer à un prix plus modeste une électricité ou un gaz acheté à un tarif beaucoup plus onéreux. Par ailleurs, le risque que les clients fassent leur étude de marché et cherchent le fournisseur proposant les prix les plus compétitifs ou le meilleur contrat est conséquent. Devrait en découler une probable valse des clients d’un opérateur vers un autre, dont on peut imaginer l’impact.

Relevons que certains petits fournisseurs ont d’ores et déjà payé le prix fort de cette crise et ont mis purement et simplement la clef sous le paillasson.

 

Mais que fait l’Etat ?

Face à ces tarifs difficiles à supporter, diverses mesures ont été mises en œuvre par le Gouvernement fédéral. Pour les ménages plus fragiles, les mesures d’octroi du tarif social électricité et gaz naturel ont ainsi été prolongées durant le 1er trimestre 2022 pour les bénéficiaires de l’intervention majorée. Un chèque de 80 euros sera octroyé pour les bénéficiaires du tarif social électricité.

Pour tous, la TVA passe de 21 à 6% sur l’électricité du 1er mars au 30 juin 2022, et chaque ménage bénéficiera d’un chèque de 100 euros (une "prime chauffage"), sous forme de réduction directe sur la facture d'électricité.

 

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