PC : En parlant de l’Europe, peut-on encore parler de Politique agricole «commune» dès lors que chaque état ou région pour la Belgique, a mis en place sur base certes de directives communes, sa propre feuille de route à travers les Plans stratégiques? N’y a-t-il pas là source de distorsion de concurrence entre les pays européens eux-mêmes?
APdA : «Il est évident que cela créé de la distorsion. De l’autre côté, les états et les agriculteurs l’ont tellement réclamé…, ne l’oublions pas!
Moi, je suis un peu désolé de voir la surtransposition que vous avez en Wallonie comparativement au reste de l’Union. Et je considère que vous êtes très très mal lotis, à l’instar d’une partie des régions espagnoles. Alors que vous avez par le passé quelques fois été mieux traités, du point de vue d’Outre-Quiévrain, car vous vous défendiez mieux. Tandis que nous, grand pays, on voulait quelques fois montrer l’exemple aux autres, être le phare. Or, le phare, ça ébloui, mais ça ne guide pas forcément (rires)».
PC : Pour conclure, comment voyez-vous l’agriculture dans 10 ans ?
APdA : «J’espère qu’on sera plus fort. Moi, je fais tout pour ça, qu’on garde notre acquis, qu’on soit mieux placé demain. Les choses sont en train de se rééquilibrer. En France, on a créé la construction du prix en marche avant. On part du coût de production dans la négociation avec les industriels, permettant une rémunération de deux fois le salaire minimum mensuel pour l’exploitant moyen. C’est un vrai progrès et ça nous permet de sortir de la contingence «prix mondial» pour une partie de nos productions. Et je pense que ça a de l’avenir, demain, dans les autres pays de l’Union européenne. Parce que ce n’est pas l’équation « prix mondial + des aides toujours à la baisse + des conditionnalités toujours à la hausse» qui nous permettront de gagner notre vie!»