A l’instar de tous ses collègues agri-conseillers au service des affiliés de la FWA, Céleste Wéra ne sait plus où donner de la tête tant il remplit les déclarations de superficie depuis quelques semaines. Sésame obligatoire pour l’obtention des aides européennes, cet exercice administratif s’avère d’autant plus difficile et redoutable cette année qu’il impose de composer avec de nouvelles dispositions (comme par exemple les éco-régimes) de la nouvelle PAC2023-2027. Cela complexifie encore d’un cran ce qui n’était déjà pas toujours évident par le passé. «Cette année est sans conteste la plus compliquée qu’il m’ait été donné de faire» précise l’agri-conseiller qui, pour l’occasion, a suivi des formations spécifiques dispensées par le Ministère de l’Agriculture. A quoi s’ajoute l’appui toujours très pertinent de Virginie Debue, conseillère PAC et mobilité au sein de la direction Conseil, Analyse et Politique de la FWA, qui fait office d’agent de référence au sein de la Fédération. «Pas plus tard que la semaine dernière, je lui ai adressé une dizaine de questions auxquelles elle m’a aussitôt répondu».
Qui a dit simplification administrative ?
Pourtant, Céleste Wéra n’est pas un novice en la matière. Cet agri-conseiller qui officie dans les régions d’Andenne et de Waremme sait de quoi il parle, lui qui remplit des déclarations PAC depuis 1994, à raison de 100 à 150 par an. «Après chaque nouvelle échéance électorale, l’on entend les ministres évoquer leur volonté de tendre vers davantage de simplification administrative. Plus ils en parlent et pire c’est!» regrette-t-il.
En l’espèce, la grosse difficulté de la présente déclaration réside dans l’interconnexion que chacune des mesures a avec les autres. Si on touche à l’une, cela a une incidence sur les autres. «C’est simple. Avant, chaque déclaration me prenait près de 40 minutes pour de 20 à 25 parcelles. Désormais, il me faut entre 1h30 et 2h! Et encore, je ne finalise pas la déclaration de suite, au cas où… »
Dernières infos… le 31 mars !
Une sage précaution puisque Céleste a eu la désagréable surprise d’apprendre, le 31 mars, la sortie (enfin !) de la liste des produits phytosanitaires interdits d’utilisation dans le cadre d’un éco-régime spécifique. «J’ai donc dû retéléphoner à tous mes clients pour lesquels j’avais déjà terminé la déclaration PAC, pour vérifier avec eux s’ils n’étaient pas du coup sous la menace de cette liste».
Pour la première fois, l’agri-conseiller mesure pleinement sa chance d’avoir une assurance offerte par la FWA pour le couvrir au cas où, malgré toutes ses précautions, il pourrait arriver qu’il se trompe. Ce qui, précise-t-il, ne lui est arrivé qu’une seule fois en 30 ans de carrière. «Dans le cas présent, l’erreur peut se cacher à chaque parcelle. Et les enjeux peuvent vite s’avérer d’importance pour les agriculteurs concernés. L’on parle d’un manque à gagner qui peut vite grimper à 7, 8, voire 10.000 euros, selon les situations. De tels montants ne sont évidemment pas négligeables».
Pour Céleste, on aurait très bien pu rajouter des normes environnementales sans complexifier à ce point la déclaration. «Ce qui me fait surtout peur, c’est pour tous les agriculteurs qui ont fait le choix de remplir eux-mêmes leur déclaration. Et qui peuvent se retrouver devant une administration qui ne maîtrise pas toujours toutes les subtilités de la matière. Quid dès lors? J’avoue avoir entendu certains agriculteurs en fin de carrière, à ce point perdus qu’ils ont même fait le choix de se passer des aides tant les montages s’avéraient compliqués. Assurément, l’aide apportée par un organisme comme la FWA prend ici, plus que jamais, toute sa dimension».