"il est temps de faire le choix de nous respecter les uns les autres"

La Belgique, vous le savez, est un pays divisé par essence. Nos citoyens ont l’habitude des compromis et des dossiers alambiqués, tant au niveau européen, fédéral, que wallon. Avec des objectifs communs, certes, mais avec des convictions et des manières de travailler parfois radicalement différentes. Et ces convictions peuvent  parfois devenir nos plus grandes ennemies et nous faire oublier à quel point le compromis et l’équilibre sont des constituants essentiels de notre identité.

J’en veux pour exemple une situation pour laquelle nous avons été interpellés à Battice. Nous avons appris avec consternation que certains agriculteurs, dans le but de promouvoir la production biologique, ont décidé de proposer une communication particulièrement clivante. Le principe : des denrées alimentaires associés aux  principaux arguments de vente du bio. Ce qui ne serait pas un problème en soi, si le message sous-entendu n’était pas que les autres modes de production ou cahiers des charges, eux, ne se souciaient ni de bien-être animal, ni de réduction d’utilisation de produit de protection des cultures.

Mais comment se permettre d’exiger le respect pour l’agriculture quand les agriculteurs ne se respectent pas eux-mêmes entre eux ?

Pourquoi est-ce aussi important ? Si l’on accepte ce genre de comparaison, quelle sera l’étape suivante ? Les éleveurs Blanc-Bleu vont-ils baser leur communication sur une production de méthane moins importante que les Holstein ? Les cultivateurs de céréales vont-ils demander aux consommateurs de privilégier le pain aux carottes car les céréales occasionnent moins de risques d’érosion ?

A la FWA, cela fait quelques mois maintenant que vous nous entendez revendiquer l’agri-respect. Mais comment se permettre d’exiger le respect pour l’agriculture quand les agriculteurs ne se respectent pas eux-mêmes entre eux ?

Image
agri-respect

Nous aurons beau réclamer, non pas une pause, mais bien des législations réalistes, qui ciblent réellement les problèmes, et réellement efficaces afin de diminuer l’impact de notre secteur, nous aurons beau montrer tous les efforts du secteur pour améliorer constamment ses pratiques, nous aurons beau nous battre pour un accès plus facile aux terres agricoles pour nos jeunes, si nous continuons à nous opposer les uns aux autres, tout cela ne sert strictement à RIEN !

Si nous souhaitons mériter le respect des autres, il est temps de faire le choix de nous respecter les uns les autres, quelles que soient nos pratiques, nos convictions, nos envies. Il est inadmissible aujourd’hui, lorsque l’on voit tout ce qui est développé par chacun des agriculteurs défendus par notre Fédération, d’encore opposer Bio et conventionnel comme s’il s’agissait de frères ennemis !

 

il est temps de faire le choix de nous respecter les uns les autres, quelles que soient nos pratiques, nos convictions,
nos envies

La FWA continuera, encore et toujours, à défendre les valeurs constitutives de son ADN : par et pour les agriculteurs. Et notre travail sera toujours de défendre TOUS les agriculteurs, quels que soient leurs convictions, leurs pratiques, leur nombre d’hectares… Et le regard que leur voisin posera dessus.

La division entre agriculteurs ne servira jamais que les opposants à l’agriculture, et je peux vous assurer que c’est un combat dont tout le monde ressortira perdant. Si l’agriculteur sera le premier à en payer les pots cassés, la seconde victime sera le consommateur, qui devant des messages aussi brouillés et discordants, ne pourra que baisser les bras devant une communication vide de sens et de valeurs.

Nous sommes évidemment convaincus que l’Apaq-W assumera pleinement, comme elle l’a toujours fait, son rôle, celui de promouvoir une agriculture de qualité, et non d’une agriculture divisée. Car ça aussi, c’est de l’agri-respect.

Un édito de Nicolas Nelis, Secrétaire général FWA