Encourager plutôt qu'interdire

Simon Beguin est un jeune agriculteur d’Ohey sur qui repose l’avenir de l’exploitation familiale. Plutôt que d’interdire purement et simplement l’usage des pesticides en l’absence d’alternatives crédibles et efficaces, il plaide pour une intervention plus importante des pouvoirs publics dans l’achat d’équipement agricole, comme cela se fait en Flandre et en France. Ce qui lui permettrait d’accéder aux techniques de précision et ainsi réduire significativement l’usage des intrants et des produits phytosanitaires.

Ronald Pirlot

En matière de pulvérisation comme dans d’autres secteurs agricoles, les progrès techniques n’ont cessé d’évoluer, apportant chaque année leur lot d’innovations. «Ils ont ainsi conduit à la fabrication de pulvérisateurs englobant de nouvelles technologies permettant de cibler mieux et plus précisément la plante à traiter» confie Simon Beguin. Ce qui permet de diminuer les quantités de produit utilisé tout en augmentant leur efficacité. Tout profit pour l’environnement ainsi que le portefeuille de l’agriculteur.

Simon Beguin

Il y a par exemple les buses et/ou les plaques permettant de réduire drastiquement la dérive. Ou encore les coupures de section, jet par jet, pour éviter par exemple de redoubler la pulvérisation de zones déjà traitées, notamment lorsque le champ n’est pas totalement rectiligne. Ou encore la pulvérisation ciblée des adventices sur base d’une reconnaissance intelligente.

«Il y a aussi l’électrolyse de l’eau qui consiste à injecter des ions positifs ou négatifs dans l’eau mélangée au produit. Comme la terre est neutre, le produit est directement absorbé par la plante» ajoute Simon.

 

Faibles aides wallonnes

Mais ces innovations ont bien évidemment un coût. Ainsi, Simon s’est renseigné. Pour renouveler son matériel de pulvérisation, il lui faudrait entre 150.000 et 180.000€. Un fameux investissement qui, dans le contexte ambiant d’une règlementation sans cesse mouvante en matière de pesticides, s’avère particulièrement risquée car aléatoire. Car quid des usages autorisés à l’horizon 2030?

Et ce n’est pas l’aide actuelle de la Région wallonne qui est de nature à l’inciter à franchir le pas. «J’ai calculé que j’avais droit à 26% de 52.000€, soit 13.500€. En Flandre, ils reçoivent nettement plus». Idem en France où, dans le cadre du plan de relance qui a suivi l’invasion russe en Ukraine, le Gouvernement a décidé d’octroyer des «aides au renouvellement des agroéquipements nécessaires à la transition agroécologiques». En matière de pulvérisation/épandage, cette aide se chiffrent à 30% du prix d’achat pour tout nouvel équipement. L’objectif étant de réduire l’usage des intrants et des produits phytopharmaceutiques. Un objectif partagé en Wallonie, mais sans visiblement s’en donner les mêmes moyens.