Le syndicalisme agricole chevillé au corps

Le syndicalisme agricole chevillé au corps, Lucien Royen était animé d’une telle passion pour son métier que rien ne semblait pouvoir éteindre la flamme. Son décès, au terme d’un combat long et courageux, a fortement ébranlé ses amis et connaissances qu’il avait en grand nombre. Avec lui s’en va tout un pan de l’histoire syndicale des UPA d’abord, de la FWA ensuite, réduisant définitivement au mutisme l’Echo herbager.

Ronald Pirlot

C’était par une grise après-midi de janvier. Lucien Royen nous avait donné rendez-vous chez lui, à Elsaute (Thimister), dans sa maison donnant directement sur cette exploitation familiale à laquelle il avait consacré toute sa vie. Le temps de terminer le repas amoureusement préparé par son épouse, Marie-Jeanne, et le voilà arrivant à la table du salon pour ressasser les souvenirs d’une vie dévouée au syndicalisme agricole. Malgré la maladie, son visage continuait de rayonner d’une grande gentillesse.

La voix parfois fuyante, le verbe n’en demeurait pas moins franc, traduisant une conviction syndicale jamais démentie. Qu’il parle de la ferme, des UPA où il avait débuté ou de la FWA qu’il a accompagnée sur les fonts baptismaux, Lucien devenait intarissable. Les souvenirs jaillissaient immédiatement, accompagnés de ces figures tutélaires et autres compagnons d’armes qui ont jalonné son parcours: Joseph Lahaye, Willy Joost, Paul Colienne, Benoît Charlier, Benoît Dodeigne, aussi Henri Tilmant, Lambert Franc, Jacqueline Diet, Sabine Laruelle, Jean-Pierre Champagne… et encore beaucoup d’autres.

«J’ai l’impression que je n’avais que des amis à la FWA. C’était comme une seconde famille» nous avait-il confié, un brin d’émotion dans la voix, sachant que le fondement d’une vie réussie se marque à la capacité d’avoir pu susciter la sympathie autour de soi. A cet égard, Lucien Royen fut un seigneur.

Mais il était un sujet sur lequel il affichait la plus grande fierté: ses proches. Son épouse, Marie-Jeanne, ses enfants – Christian, Joseph et Luc -, ses belles-filles, petits-enfants et son arrière-petit fils. «Sans le soutien de mes proches, jamais mon engagement syndical n’aurait été possible» nous avait-il dit, la voix étranglée par une émotion teintée d’une immense gratitude. Une famille qui l’a entouré jusqu’au bout de toute son affection et de tout son amour, et à laquelle la FWA et le journal Pleinchamp présentent leurs sincères condoléances.

La voix de l’Echo herbager s’est définitivement tue, mais le souffle de Lucien ne cessera jamais de faire chanter, telle une douce mélopée, les herbes vertes de son cher plateau de Herve.

La sagesse, l'expérience et la bienveillance

Marianne Streel 

«Lucien était déjà là quand je suis arrivé aux UPA. Il a toujours accompagné les jeunes avec une grande gentillesse. Dès le départ, j’ai été très impressionné par ses interventions. Lucien était un vrai syndicaliste, défendant avec acharnement sa région et ses spéculations, toujours orienté vers les intérêts agricoles.

J’ai toujours beaucoup apprécié échanger avec lui car il était source de précieux conseils. Et puis il y avait le plaisir de lire l’écho herbager, qui était une sorte de trait d’union avec la vraie vie. Il y parlait des fêtes…

Lucien, c’était la sagesse paysanne, l’expérience et la bienveillance, avec ce respect de l’autre et cette volonté de s’inscrire dans une démarche constructive. Quelle fierté d’avoir pu œuvrer à ses côtés pour la défense du secteur porcin, même si pour le coup, ce fut sans les résultats escomptés.

J’ai une pensée pour son épouse, avec qui il formait un couple modèle, et pour toute sa famille».  

«Un grand Monsieur!»

Jean-Pierre Champagne 

«Je perds un compagnon de près de 50 ans. Lucien était un vrai militant, fidèle dans tous les domaines. Il était un homme de parole, qui a toujours assuré les tâches qui lui étaient confiées, connaissant parfaitement ses dossiers. Nous avons traversé beaucoup de moments ensemble. Je pense notamment à l’instauration des quotas laitiers.

La sagesse le caractérisait bien. Il ne prenait jamais la parole sans s’être renseigné au préalable sur le sujet qu’il allait aborder. Il savait de quoi il parlait. Et surtout, il prenait le temps d’écouter les autres. Lucien était petit par la taille, mais c’était assurément un grand monsieur! Je pense très fort à sa famille, qu’il aimait plus que tout».