Peut-on s’attendre à voir cette tendance baissière des prix des engrais se poursuivre? «Tout ça dépendra de la demande. Si celle-ci est élevée, les prix remonteront» répond Philippe Burny. Or, il semble que la demande soit belle et bien au rendez-vous. Non seulement dans l’Hémisphère nord où les travaux printaniers débutent, mais aussi en Asie.
«Il faut nourrir la hausse de la population mondiale. Or, difficile de se passer des engrais lorsqu’il faut assurer une forte production. Ça se confirme d’ailleurs à travers le record, battu l’an dernier, en matière de production mondiale de céréales. On peut donc s’attendre à ce que la consommation d’engrais continue à monter».
D’où le conseil que Philippe Burny donne aux agriculteurs qui disposent d’espaces de stockage: ne pas hésiter à commander ses engrais à une période de l’année où la demande est moins importante, quand les prix sont au plus bas. Un peu à l’image des ménages belges qui remplissent leurs cuves à mazout de chauffage en été.
Et espérer que les progrès tant techniques (avec l’agriculture de précision) qu’agronomiques puissent permettre de réduire au maximum la dépendance aux engrais à l’avenir. «Il existe déjà des alternatives avec des cultures associées (par exemple froment-pois) qui sont grandes fixatrices d’azote et qui permettent une baisse sensible du recours aux engrais azotés». De quoi entrevoir un avenir moins soumis à d’éventuels nouveaux soubresauts géopolitiques, ce qui reste toujours du domaine du plausible.