Visite pour les sages élu·e·s

Mercredi dernier, pour fêter la St-Nicolas, les sages élus des commissions Environnement, Productions Végétales et Bio étaient invités à participer à une journée de visites sur le terrain. Au programme: champ agrivoltaïque et centre de recherches de Gembloux.

Lucie Darms, Conseillère Air-Climat, Energie, Recyclage, Agroécologie et Apiculture (Conseil, Analyse et Politique - CAP)

En cette année 2023, l’agrivoltaïsme est un sujet qui illustre bien l’actualité «énergétique» de nos campagnes. Cette nouvelle spéculation tente de se faire une place en Wallonie, mais à quel prix?

Visite de terrain des Commissions

Nous avons proposé aux commissions Productions Végétales, Bio et Environnement et Structures de voir cela d’un peu plus près lors de la sortie de terrain annuelle, organisée ce mercredi 06 décembre.

La première visite s’est déroulée chez EtherEnergy, jeune société européenne de développement de champs photovoltaïques éco-responsables. Présente en Belgique, en France et au Luxembourg, elle nous a accueilli à Jambes.

Allier la recherche

Après une introduction sur les projets d’EtherEnergy et leur vision à ce jour, nous avons écouté la présentation du projet «Ovivolt» qui a débuté il y a 2 mois sur le site agrivoltaïque de Wierde. L’objet de cette étude est de comparer la fécondité, le comportement et les déplacements des moutons du champ agrivoltaïque, avec un groupe de moutons «témoins» situé sur une parcelle voisine.

Zoom FWA

Pour bien différencier les champs solaires ou les projets agrivoltaïques «alibi», où le mouton est considéré plutôt comme une tondeuse, EtherEnergy a demandé à l’Université de Namur, et plus particulièrement au groupe de recherche OASIS, d’étudier le bien-être et la reproduction des moutons présents sur leur site pour enrichir les références ovines, encore trop pauvres à ce jour.

Seul projet en Wallonie

Pour poursuivre la matinée, nous nous sommes rendus sur la parcelle témoin à Wierde, où 13ha sont remplis de panneaux solaires, avec une couverture de 30%. Dessous, les moutons pâturent, et des ruches sont également présentes à la belle saison. Il s’agit aujourd’hui du seul permis accordé sur zone agricole.

Zoom FWA

 

Suite de la visite

L’après-midi, nous nous sommes rendus au Centre de recherche TERRA de la faculté de Gembloux Agro-Bio Tech.

Visite de "Environment is Life" à Gembloux AgroBio Tech

Nous avons visité le département «Environment Is Life», un des 4 «CARE», complété par «Agriculture Is Life», «Food Is Life» et «Forest Is Life». Là, les recherches s’articulent principalement autour des facteurs environnementaux agissant sur l’agroécosystème. 

«3 degrés en plus en 2094»

Dans les écotrons, ces petites chambres d’expérimentation de culture,

À l'intérieur d'un écotron

on se retrouve dans des conditions de climat futur (luminosité, humidité, température, pluviométrie, etc). Depuis 2019, les expérimentations se succèdent et les cultures aussi. Bientôt, on y étudiera le brocoli.

Résultats d'une expérimentation dans un écotron

Une étude particulièrement intéressante nous montrait la différence entre les rendements de l’année 2015 et de l’année 2094. L’année 2094 est choisie car considérée comme une année classique dans l’intervalle de temps «2070-2100» selon la modélisation faite à partir du scénario RCP8.5 (le «pire» scénario défini par le GIEC).

On observe 3 degrés de plus en 2094. 3 degrés en plus pour une saison culturale, c’est presque 100% de degrés en plus en hiver. On observe alors qu’en sortie d’hiver, l’expérimentation retrouvait 180kg d’azote par hectare. La récolte, quant à elle, s’est faite avec 3 semaines d’avance (la culture a démarré plus tôt).

En 2050, on sera soumis aux conditions météorologiques actuelles de Dijon (N.B: le sol ne sera jamais le même, donc les conditions de culture resteront différentes). «L’hiver, on sera comme à Brest et l’été comme à Vienne» nous dit le Professeur Leemans, notre guide dévoué.

Le chercheur nous a parlé des difficultés de la recherche, tantôt dans la main d’œuvre, tantôt dans la logistique. Quelques freins identifiés sont continuellement améliorés. Par exemple, on peut reconnaitre que ces petites chambres de 2,5m² ne peuvent pas représenter l’hétérogénéité d’une parcelle, avec les variations de levées dues aux aléas divers.

Cette journée s’est donc déroulée sous le signe de la transparence. Nous remercions nos intervenants et bien sûr, nos participants!