Le prix des engrais minéraux, des carburants, et de bien d’autres éléments intervenant dans la constitution de la marge de nos exploitations connaissent une forte inflation. Jean-Pierre Van Puymbrouck, vice-président de la commission «productions végétales» de la FWA, en explique les conséquences très concrètes.

 

La rotation est importante sur nos exploitations de cultures, de même que la fertilisation. Pour un certain nombre de fermes, comme la mienne, il est important d’accéder à des engrais minéraux, car je suis dans une région où la disponibilité en engrais organiques est faible. J’ai peu, voire pas, de possibilité d’en disposer, d’où mon besoin d’engrais minéraux, essentiellement les engrais de fond, phosphore, potasse, que l’on peut assimiler sur toute la rotation, et bien sûr l’azote. Il va de soi que l’explosion des prix a un impact majeur. Le phosphore, par exemple, a doublé de prix, et même si on est sur des plus petites quantités, on a tout de suite une augmentation de 40 à 60 euros à l’hectare. Pour la potasse, on a une hausse de plus de 50% du prix, avec un surcoût de 100 à 130 euros pour la rotation. Ce n’est pas négligeable!

Pour ce qui est de l’azote, c’est l’élément le plus marquant puisque son prix a littéralement triplé! J’estime pour ma part l’augmentation à l’hectare à environ 200 euros. Si on ramène à la tonne de céréales produites, on peut compter sur un surcoût de production de 30 euros la tonne. Alors oui, on peut parler de flambée du marché des céréales, mais si on place la hausse du prix de vente face aux augmentations des intrants, on doit relativiser très vite l’apport positif pour nos trésoreries. D’autant plus qu’à côté de cela, on doit aussi prendre en compte la hausse – qu’on nous promet mineure, mais il faut attendre et voir- des produits de protection des plantes, celle du prix des carburants, des pièces pour la réparation des machines, des salaires… Notre marge brute, au mieux, sera identique aux années précédentes.

Pour ce qui est de la situation en Ukraine aujourd’hui, on sait qu’on dépend beaucoup de cette région du monde tant pour le gaz que pour les engrais, qui sont en partie produits dans cette zone. On peut craindre un impact, même si on ne peut pas encore le mesurer, car même si on produit des engrais en Europe, toute baisse de production mondiale crée une tension sur le prix.

A côté de cela, la taxe anti-dumping vient s’ajouter à la hausse du prix: c’est pour cette raison que la FWA plaide, aux côtés du COPA, pour son abandon, et est intervenue à ce sujet auprès du fédéral.