Au cours des derniers jours, l’annonce de la mort de deux bovins suite à l’ingestion de corps étrangers métalliques, en l’occurrence des morceaux de canettes a fait réagir la presse.

Ces événements n’ont, malheureusement, rien d’exceptionnel pour les agriculteurs plus que régulièrement confrontés aux effets très néfastes des incivilités perpétrées par  certains citoyens, au minimum inconscients de  leurs conséquences graves. Il est grand temps de sensibiliser, de mettre en place des mesures…et des sanctions !

 

José Renard

 

Dépôts sauvages, jet de déchets par les fenêtres de voiture… ces gestes inciviques sont hélas très –trop- courants ! Durant le confinement strict du printemps, on s’en souvient, la fermeture des recyparcs a mené à la multiplication des dépôts de déchets dans les champs, et sur leurs abords.

Qu’il soit nécessaire, et la FWA l’a fait, de mettre en place une campagne d’affichage pour rappeler au grand public que la campagne n’est pas un dépotoir à ciel ouvert est en soi stupéfiant et même inquiétant concernant l’évolution de certaines mentalités. Les bâches que nous avons réalisées et que vous avez été nombreux à nous commander, ont été réalisées grâce aux photos envoyées par nos membres : sacs poubelles, déchets plastiques, voire meubles ou sanitaires… les photos récoltées étaient si nombreuses que nous avions malheureusement l’embarras du choix.

Quelques jours à peine après le lancement de cette première campagne, nous avons été contraints d’en faire une seconde, qui rappelait que les champs sont un lieu de production alimentaire et de travail, pas un lieu de promenade à pied ou en quad… Et voilà qu’aujourd’hui, nous lançons une troisième salve d’avertissements au sujet des canettes et des effets dramatiques qu’elles ont potentiellement sur la santé, voire la survie, de notre bétail.

Que d’énergie dépensée par les agriculteurs pour constater et réparer, quand c’est encore possible, les effets des incivilités. Que de temps consacré par nos équipes pour concevoir et mettre en œuvre des campagnes de sensibilisation qui ne font que rappeler quelque chose qui semble pourtant bien évident et devrait constituer une des bases du vivre en société: le respect des champs, des prairies et du bétail c’est la reconnaissance du travail des agriculteurs, le maintien de l’intégrité de leur lieu de travail car c’est de là que nait votre alimentation !

 

En parallèle, des altercations entre citoyens (néo-)ruraux et des agriculteurs nous sont de plus en plus souvent relatées. Trop de poussière ou de bruit en particulier lors de travaux de récoltes nocturnes, des paroles et des gestes d’hostilité lors du passage du pulvérisateur, un charroi qui gêne sur la route ou à l’inverse le passage des véhicules agricoles rendu impossible, des pratiques ancestrales subitement mises en cause, sans compter tous les conflits liés au chant du coq avant le lever du soleil… A quel moment s’est donc produit ce basculement qui fait qu’une partie de notre population, pourtant bien contente de trouver une alimentation variée en quantité suffisante dans les commerces, sans rupture d’approvisionnement pendant la crise Covid-19, a oublié qu’il est nécessaire que certains travaillent pour la produire, que la nourriture ne pousse pas toute seule sur les parkings des supermarchés et qu’au final, l’agriculture constitue la seule catégorie professionnelle dont tous les citoyens ont besoin 3 fois par jour ? Quoi qu’il en soit, pour les agriculteurs, la coupe est pleine !

Au moment où des agriculteurs se voient infliger des amendes administratives par les divers fonctionnaires sanctionnateurs pour non-respect de certaines distances, ils voudraient voir la même sévérité appliquée à toutes ces incivilités aux conséquences quelques fois dramatiques. Cette semaine, plusieurs contacts avec des journalistes nous ont permis d’exprimer ce ras-le-bol grandissant du monde agricole face à ce manque effarant de respect pour notre travail.

Avec plusieurs autres organisations actives dans le monde rural, nous avons signé une « carte blanche » (dans le journal Le Soir du 24 août, et  sur le web https://urlz.fr/dG2U ) dans laquelle nous demandons qu’un système de consignes soit instauré pour motiver le citoyen à ne plus jeter ses canettes dans la nature. Le phénomène n’est pas anecdotique : près de 3000 animaux sont blessés chaque année sur le seul territoire de la Belgique. De nombreux agriculteurs ont mis en place des systèmes pour lutter contre les risques qui y sont liés : barre de coupe aimantée, aimant dans l’estomac de la vache…

Mais sérieusement, si on y réfléchit, est-ce normal de devoir en arriver là pour essayer de réparer les effets de l’inconscience de quelques citoyens irrespectueux ? De plus, ces systèmes sont inopérants sur les canettes en alu, qui ne répondent pas aux aimants.

Le système de consigne pourrait être un incitant : il a produit des effets positifs dans plusieurs pays qui l’ont déjà mis en place et nous prônons donc son extension chez nous rapidement, avec l’espoir qu’il en soit de même.

Mais sincèrement, devoir entreprendre cette action nous consterne. La mission des agriculteurs est essentielle: nourrir la population, quoi de plus noble et de plus fondamental ?

Pourquoi sommes-nous contraints de devoir le répéter sans cesse et de devoir nous battre pour faire entendre cette réalité première que tous devraient avoir à l’esprit ? Sans les agriculteurs, pas d’alimentation.

Nous exerçons ce travail avec, chevillé au cœur, un sens profond de la responsabilité qui en découle.

Mais nous voulons rappeler que si nourrir le monde est notre travail, respecter la campagne, c’est l’affaire de tous !

 

 

Notre campagne "canettes" :

Diffusez-la via les réseaux sociaux, et contactez notre service animation (0477/57.92.84) pour obtenir des bâches à placer en bordure de vos champs.

canette vache

canette champs

 

Nos campagnes précédentes:

campagneLune

campagneMars