Antoine et Elise Mabille sont éleveurs de moutons à Ohey. Depuis 2019, ils ont établi un partenariat avec 11 cultivateurs. Un partenariat win-win-win, car en effet, tout le monde en sort gagnant: l’éleveur, le cultivateur…et l’environnement.

Anne Pétré

 

Jeunes éleveurs ovins installés à Ohey, Antoine et Elise décrivent leurs moutons avec humour comme des «barres de coupes munies d’un épandeur à l’arrière». C’est cette qualité d’infatigable brouteur, et d’efficace fertilisateur, qui fait du troupeau géré par Antoine et son épouse un redoutable allié de l’environnement, de la biodiversité, du renforcement de la qualité du sol et de la biodiversité.

Depuis 3 ans, Antoine et Elise Mabille ont constitué une collaboration avec 11 cultivateurs, qui accueillent leurs moutons de la mi-août au début du printemps.

L’objectif ? La destruction des regains de cultures et des couverts. Des repousses de colza du milieu de l’été aux couverts implantés après cultures, les moutons tondent tout sur les 200 à 250 hectares sur lesquels ils voyagent par cohorte, de ferme en ferme, au gré des collaborations établies entre leur propriétaire et les cultivateurs qui les accueillent.

Les avantages de cette technique sont évidemment multiples. Pour le cultivateur qui prête ses terres, c’est une destruction des végétaux qui ne consomme ni carburant, ni produits phytosanitaires. Un bon plan tant sur le plan écologique qu’économique.

Gourmand, le mouton mange de tout: regain de colza, d’escourgeon, de pois de conserverie, couverts, le tout agrémenté d’un mélange nutritif qui est semé par le cultivateur pour complémenter l’alimentation du ruminant en fonction de ses besoins.

Comme tout ce qui rentre doit sortir, le mouton, par ses déjections, contribue à engraisser les terres arables, avec encore une fois, une consommation zéro de carburant, et donc un bilan CO2 hyper favorable. Et encore une fois, une belle économie pour le cultivateur, et un sérieux apport en humus, ce qui renforce la qualité du sol et lutte contre l’érosion ! Un gain de temps aussi…c’est le mouton qui travaille !

Au passage, le pâturage, plutôt qu’une destruction chimique ou mécanique classique, a pour effet de renforcer le système racinaire des plantes, ce qui les rend plus efficaces en termes de capture d’azote.

Pour Antoine et Elise, le bénéfice est tout aussi évident: «Nos moutons peuvent rester dehors plus longtemps que si on les gardait uniquement en prairie, dit le jeune éleveur. Ils profitent d’une alimentation diversifiée et équilibrée, que nous ne devons donc pas acheter. On économise aussi de la paille, puisqu’ils passent moins de temps en bergerie. Et puis, on réduit aussi notre consommation en eau pour abreuver le troupeau, puisque les moutons trouvent ce dont ils ont besoin en broutant !».

Réduction de la quantité d’eau consommée, préservation de la qualité des sols et des eaux souterraines, bilan carbone favorable, en plus d’un partenariat économiquement intéressant pour les deux parties: il serait bien difficile de trouver un bémol à ce projet mené par Antoine et Elise, et que l’on voit aussi se mettre en place chez de plus en plus d’éleveurs ovins wallons.