Monsieur Louis,

Chers amis de la rédaction d’On n’est pas des Pigeons, chers journalistes de la RTBF,

C’est avec une certaine déception et un certain sentiment de lassitude que nous avons découvert, dans votre capsule sur le bilan carbone de nos assiettes, qu’une fois de plus, l’angle choisi pour votre reportage se concentre sur des attaques contre l’agriculture et l’élevage, au lieu de mettre en avant la spécificité de notre modèle agricole wallon et ses nombreux bénéfices.

N’aurait-il pas été aussi simple de faire les calculs en comparant les chiffres et l’impact carbone d’une assiette produite localement et d’une assiette de produits importés ? Notre agriculture nous nourrit, tous autant que nous sommes, elle participe à la vie de notre région et en façonne les paysages. C’est elle qui maintient ces prairies qui servent de puits de carbone, c’est elle qui permet une alimentation locale et de saison. Quand on regarde les chiffres de l’élevage wallon, on remarque vite que le bilan carbone s’équilibre plutôt qu’il n’alourdit trop l’impact des gaz à effet de serre de notre région. Car notre élevage, comme vous l’indiquez de manière fugace, est « loin d’être un mauvais élève de ce point de vue [...] nous avons la chance d’avoir des vaches qui pâturent encore, ce qui limite la production de CO2 ».

N'aurait-il pas été plus juste de montrer que le modèle agricole wallon, une agriculture de fermes familiales et généralement de petites exploitations, est un des plus vertueux d’Europe ? N’aurait-il pas été plus constructif de pousser à consommer local plutôt que de se tourner vers des produits issus d’autres régions du monde ? L’impact carbone du transport dépasse de loin celui de l’agriculture… Et pourtant vous nous expliquez clairement qu’une tomate espagnole a le même bilan carbone qu’une tomate belge ?! Nous avons beau être agriculteurs, nous ne savions pas que les tomates se déplaçaient toutes seules, certainement par magie.

Nous ne pouvons nier que l’agriculture a un impact sur les gaz à effet de serre. Mais permettez nous de rappeler que l’élevage wallon permet les prairies, qui sont de vrais puits de carbone, et que notre agriculture s’améliore sans cesse, dans le respect du vivant. 

Nous aurions aimé vous entendre dire que notre agriculture change et évolue, qu’elle réduit année après année son impact carbone. Nous aurions aimé vous entendre parler d’innovations agricoles ou de recherche agronomique. Nous aurions aimé vous entendre évoquer nos produits locaux et les spécificités de notre élevage.

Pourtant, vu la qualité de votre émission et son audience, nous espérions trouver dans votre reportage un peu plus d’objectivité… Et surtout, comme on ne mélange pas les pommes et les poires, de ne pas mélanger les données internationales aux données wallonnes.

À la FWA, nous avons décidé d’inviter l’ensemble de nos concitoyens dans l’ère de l’agri-respect. Il est temps de quitter l’ère de l’agri-bashing et de replacer l’agriculture où elle devrait être : au sein de la société, pas contre elle. Via cette lettre, nous vous invitons donc à nous rejoindre et à vous ouvrir à la réalité de notre agriculture, celle-là même qui vous nourrit au quotidien.

Nous serions ravis d’échanger avec vous à ce sujet. Pourquoi pas à Libramont ? Vous nous trouverez au stand 34.01. Vous ne pouvez pas nous rater, nous y avons affiché en grand notre message : « Bienvenue dans l’ère de l’agri-respect ».

En vous souhaitant d’excellents steaks-frites-salades… Locaux et de saison !

Nicolas Nelis, Secrétaire Général de la FWA

https://www.rtbf.be/article/comment-notre-steak-frites-salade-contribue-lourdement-au-rechauffement-climatique-11202974