en expliquant les différents acronymes liés à la durabilité: ODD (Objectifs de développement durable), critères ESG (environnement social gouvernance), RSE (responsabilité sociétale des entreprises)… Guy Paternoster, CEO de la Raffinerie Tirlemontoise, explique quant à lui les impacts positifs et négatifs qu’a concrètement ce reporting sur son entreprise, ainsi que les défis futurs qui y sont liés.
Willy Borsus, Ministre wallon de l’Agriculture, rebondit sur l’actualité du GT simplification administrative qui a eu lieu le jour avant pour rappeler que ce qui est demandé aux agriculteurs doit à la fois être praticable et coller à la réalité de terrain, et qu’il est nécessaire d’avoir les outils disponibles pour préparer les échéances de ces plans d’actions. Il faut aussi faire attention aux dérives, par exemple que le secteur agricole ne devienne pas un secteur à risque pour les banques.
Benoit Lutgen, eurodéputé, ouvre son allocution sur une évidence pourtant essentielle à rappeler: «L’agriculture wallonne est durable aujourd’hui.» et ce sont des études et statistiques qui le disent. Tout ce qui rentre sur le territoire européen doit avoir cette même durabilité. Une attention particulière doit être apportée à la concurrence déloyale dans l’Union européenne (UE). Il a d’ailleurs fait des propositions dans ce sens notamment par rapport à la loi de la restauration de la nature: fini les 10% de l’exploitation réservé à la protection de la nature, il y aura aussi un financement propre hors PAC, ainsi qu’une clause de sauvegarde de la sécurité alimentaire…
Eric Froidmont, directeur scientifique au CRA-W responsable du projet DECiDE, présente brièvement les objectifs de son logiciel qui permet d’évaluer les impacts environnementaux, les performances socio-économiques et la durabilité globale des exploitations agricoles wallonnes. Dans les prochains mois seront implémentés les modules ovins lait et ovins viande. D’autres modules feront encore leur apparition sous peu.
Lors du deuxième tour de table, Caroline Decoster met en évidence que les exercices de rapportages s’imposeront aux entreprises à un moment, quoi qu’il arrive. Il faut donc anticiper, le défi étant de récolter les données utiles à l’exercice. Il sera important d’être accompagné pour le faire, c’est un travail complexe.
Guy Paternoster a élaboré avec des experts 6 piliers à travailler pour améliorer l’impact environnemental: les bandes fleuries, les analyses de sol, une réduction d’azote minéral, la collecte des données, les fiches parcelles, la score card. Il conseille aussi de faire attention de ne pas vendre les crédits carbones trop rapidement, cela peut sembler intéressant, mais vous en aurez besoin pour la filière de vos produits.
La durabilité va entrainer un surcout, Willy Borsus appuie dès lors l’importance des outils d’aide comme DECiDE, mais aussi d’une approche uniformisée des ESG auprès des interlocuteurs, ainsi que des outils d’accompagnement. Il est important aussi de ne pas ruiner tous les efforts fournis en durabilité en important des produits qui ne respectent pas les mêmes normes, les clauses miroirs sont donc essentielles.
Pour Benoit Lutgen, on avance au niveau des clauses miroirs, mais trop lentement. La taxe carbone existe, mais seulement pour les matières premières, ce qui crée des tensions, des concurrences mondiales. Certaines normes sont aussi contre-productives, voire des non-sens: par exemple, l’agriculture n’aurait jamais dû se retrouver dans la directive IED. Plus les normes sont complexes, plus elles touchent durement les plus petites exploitations, qui ont moins de budget et de ressources à y consacrer.
Arnold Puech-d’Allisac, président de l’Organisation mondiale des agriculteurs, arrive avec un peu de retard: pour lui, aucun agriculteur ne refusera d’aller vers plus de durabilité, mais il lui faut les outils pour y arriver. Les NGT aurait pu aider par exemple, mais on est parti dans une direction trop vite, trop loin, sans solution, il faut le reconnaitre et ce n’est pas gênant de faire marche arrière!
Eric Froidmont conclut cette table ronde sur l’agriculture de demain. Le secteur agricole fait face à des défis sociétaux énormes, mais fait partie de la solution. Elle sera plus résiliente, garante de la sécurité alimentaire et ancrée dans les filières territoriales. La transition est en route, mais elle a/aura un coût. La question est qui le payera? Ce n’est pas aux agriculteurs seuls de le faire, mais aussi aux filières, et la société doit se donner les moyens de ses ambitions. Les produits mis en vente doivent d’ailleurs correspondre à la demande sociétale: si on a des produits avec plein de normes, mais qui n’intéressent pas le consommateur, cela n’a pas de sens.
Arnold Puech-d’Allisac rebondit sur ce point, en disant que le consommateur ne consomme déjà pas les choses qui sont bonnes pour sa santé, il y a donc peu de chance qu’il le fasse pour sauver la planète. C’est plutôt la grande distribution et les restaurateurs qui doivent nous aider, en ne nous mettant pas en concurrence avec des produits qui ne respectent pas nos standards. Benoit Lutgen rajoute qu’en Belgique, on essaie de faire changer les choses au niveau des marchés publics pour qu’il y ait une exception agricole et donc une préférence pour le local.